En 2024, les dépenses militaires de l’Allemagne ont été les plus importantes de l’Union européenne – Zone Militaire
Étant donné que le périmètre des budgets militaires peut varier d’un pays à l’autre [certains intègrent, par exemple, le budget de leurs forces de gendarmerie], établir des comparaisons n’est pas un exercice aisé.
Aussi, pour l’étude annuelle qu’il vient de publier, l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm tient compte de toutes les dépenses publiques allouées aux forces armées et aux activités militaires, ce qui engloble les soldes, les avantages sociaux [pensions], la recherche et le développement, les infrastructures, etc.
Ceci ayant été rappelé, le SIPRI a ainsi déterminé que les dépenses militaires mondiales avaient augmenté de 9,4 % en 2024, pour s’établir à 2 718 milliards de dollars [soit 2,5 % du PIB]. Il s’agit de la plus forte hausse depuis dix ans et même depuis la fin de la Guerre froide.
« Plus de 100 pays à travers le monde ont augmenté leurs dépenses militaires en 2024. Alors que les gouvernements accordent de plus en plus la priorité à la sécurité militaire, souvent au détriment d’autres secteurs budgétaires, les compromis qui en découlent pourraient avoir un impact socioéconomique significatif dans les années à venir », commente Xiao Liang, chercheur au programme « Dépenses militaires et production d’armement » du Sipri.
Cette tendance est en grande partie due aux pays membres de l’Union européenne [UE], ceux-ci ayant connu une « hausse sans précédent » de leurs dépenses militaires en 2024.
Parmi les vingt-sept, l’Allemagne arrive en tête, avec une augmentation de 28 % de ses dépenses militaires, lesquelles ont été portées à 88,5 milliards de dollars. Ce qui en fait le 4e pays le plus dépensier du monde. Avec 64,7 milliards de dollars [+ 6,1 %] et une dissuasion nucléaire à entretenir, la France arrive en 9e position.
« Pour la première fois depuis la réunification, l’Allemagne est devenue le premier pays d’Europe occidentale à dépenser le plus pour ses forces armées, grâce au fonds spécial de défense de 100 milliards d’euros annoncé en 2022 », explique Lorenzo Scarazzato, chercheur au programme « Dépenses militaires et production d’armement » du SIPRI.
Et d’ajouter : « Les dernières politiques adoptées en Allemagne et dans
de nombreux autres pays européens augurent de l’entrée de l’Europe dans une période de dépenses militaires élevées et croissantes, qui devrait se poursuivre dans un avenir prévisible ».
Ce qui est par exemple le cas de la Pologne qui, l’an passé, a porté ses dépenses militaires à 38 milliards de dollars [+ 31 %], ce qui représente 4,2 % de son PIB.
Évidemment, cela a un incidence sur l’Otan, qui compte 23 membres de l’UE dans ses rangs.
Le total des dépenses militaires des alliés s’est élevé à 1 506 milliards de dollars, dont 997 milliards pour les seuls États-Unis [soit une part de 66 %] et 81,8 milliards pour le Royaume-Uni, qui est le 6e pays le plus dépensier du monde.
« Une part importante du budget américain est consacrée à la modernisation des capacités militaires et de l’arsenal nucléaire afin de maintenir un avantage stratégique sur la Russie et la Chine », rappelle le SIPRI.
Justement, la Russie n’est pas en reste : son budget militaire a atteint 149 milliards de dollars en 2024, soit une hausse de 38 % par rapport à l’année précédente. Cette somme représente 7,1 % du PIB et 19 % de l’ensemble de ses dépenses publiques. Évidemment, cela s’explique par la nécessité de soutenir son effort de guerre contre l’Ukraine… qui a du mal à suivre.
En effet, le montant du budget militaire ukrainien a été porté à 64,7 milliards de dollars l’an passé, soit 34 % du PIB. « L’Ukraine consacre actuellement la totalité de ses recettes fiscales à son armée. Dans un contexte budgétaire aussi serré, il lui sera difficile de continuer à augmenter ses dépenses militaires », relève le SIPRI.
Quant à la Chine, ses dépenses militaires s’élèvent – officiellement – à environ 230 milliards de dollars. Or, le SIPRI les évalue à 314 milliards de dollars. Elle « représente 50 % de toutes les dépenses militaires en Asie-Océanie, investissant dans la modernisation continue de son armée et dans le renforcement de ses capacités en matière de cyberguerre et d’arsenal nucléaire », explique-t-il.
À noter que, dans la région Indopacifique, le Japon a significativement augmenté son budget militaire [ce qui était d’ailleurs annnoncé…], celui ayant atteint 55,3 milliards de dollars [soit 1,4 % du PIB]. La hausse de 21 % constatée l’an passé est la plus forte depuis 1952. Enfin, l’Inde reste parmi les principaux pays dépensiers au monde, avec 86,1 milliards de dollars.
« Avec plusieurs conflits non résolus et des tensions croissantes, ces investissements risquent d’entraîner la région dans une dangereuse spirale de course aux armements », prévient Nan Tian, directeur du programme « Dépenses militaires et production d’armement » du SIPRI.
Enfin, au Moyen-Orient, la hausse constatée par l’institut suédois est surtout due à Israël [+ 65 %, ce qui lui a permis de porter son budget militaire à 46,5 milliards de dollars] et au Liban [638 millions].
Dans le même temps, et contrairement à ce que l’on aurait pu penser, l’Iran a réduit ses dépenses militaires de 10 %, le total de ces dernières ayant été de 7,9 milliards de dollars en 2024. « L’impact des sanctions a fortement limité sa capacité à augmenter ses dépenses », estime le SIPRI.
Auteur : Laurent Lagneau
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