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Washington approuve la vente de missiles de croisière Tomahawk aux Pays-Bas pour 1,9 milliard d’euros – Zone Militaire

En avril 2023, le ministère néerlandais de la Défense fit savoir que l’une des priorités pour les années à venir consisterait à se réapproprier des capacités de frappe à longue portée, celles-ci ayant été abandonnées au début des années 2000, avec la cession de ses lance-roquettes multiples M270 MLRS à la Finlande. Il s’agit de « renforcer encore la puissance de combat et la dissuasion communes de l’Otan » et de montrer « que les Pays-Bas prennent leurs responsabilités en y apportant une forte contribution », avait-il justifié.

D’où son intention d’acquérir plus de vingt exemplaires du système PULS [Precise and Universal Launch System], développé par le groupe israélien Elbit Systems. Et cela aux dépens du M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] que les Pays-Bas avaient été pourtant autorisés à commander auprès du groupe Lockheed-Martin par la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains via le dispositif FMS [Foreign Military Sales].

Outre l’achat de systèmes PULS, il était aussi question de commander des missiles de croisière AGM-158 JASSM ER [pour « Extended Range »], dont la portée est supérieure à 800 km, pour armer les chasseurs-bombardiers F-35A de la Force aérienne royale néerlandaise [Koninklijke Luchtmacht, KLu]. En février 2024, la DSCA donna son feu vert à la vente de 120 exemplaires aux Pays-Bas pour un montant alors évalué à 908 millions de dollars.

La Marine royale néerlandaise [Koninklijke Marine] ne devait pas être en reste étant donné qu’une commande de missiles de croisière Tomahawk auprès des États-Unis était alors également envisagée. L’achat du MdCN [Missile de Croisière Naval] français avait été écarté car sa portée [environ 1 000 km] fut jugée insuffisante.

Cela étant, il fallait encore s’assurer que les quatre frégates appartenant à la classe De Zeven Provinciën pourraient mettre en œuvre le Tomahawk, grâce à leurs systèmes de lancement vertical [VLS] Mark 41.

C’est ainsi que, en mars, la frégate Zr.Ms. De Ruyter effectua le premier tir d’un missile de croisière de la Koninklijke Marine, sous la supervision de l’US Navy, au large de Norfolk [États-Unis].

« L’objectif principal de cet essai était de collecter des informations pour éventuellement intégrer ce système d’arme [le Tomahawk] sur les navires existants et futurs de la Koninklijke Marine », expliqua alors l’agence néerlandaise du matériel de défense [DMO -Defensie Materieel Organisatie].

La réussite de ce tir a donc ouvert la voie à une demande d’autorisation auprès des autorités américaines pour l’achat de missiles Tomahawk. Celle-ci vient d’être accordée.

En effet, le 25 avril, la DSCA a publié un avis pour recommander au Congrès des États-Unis d’accepter la vente de 175 missiles Tomahawk [163 au standard Block V et 12 au standard Block IV] pour un montant estimé à 2,19 milliards de dollars [soit 1,9 milliard d’euros au cours actuel].

Le Block IV, également appelé « Tomahawk tactique », peut être reprogrammé en vol grâce à une liaison satellitaire et reconnaître une zone avant d’atteindre la cible qui lui aura été désignée. Quant au Block V, sa portée est supérieure [au moins 1 600 km, ndlr] et il bénéficie d’améliorations au niveau des systèmes de navigation et de communication.

« Cette vente éventuelle améliorera la capacité des Pays-Bas à faire face aux menaces actuelles et futures grâce à l’utilisation de missiles conventionnels à longue portée, […] capables de neutraliser les menaces croissantes. Les Pays-Bas n’auront aucune difficulté à intégrer ces articles et services au sein de leurs forces armées », a justifié la DSCA.

À noter que la Koninklijke Marine prévoit d’armer également avec des missiles Tomahawk ses quatre futurs sous-marins « Black Sword Barracuda » [ou classe Orka], qu’elle a commandés auprès du français Naval Group.

Pour le ministère néerlandais de la Défense, le Tomahawk permettra « d’éliminer des cibles stratégiques situées au plus profond des terres depuis la mer » et « confèrera à la marine une puissance de combat supplémentaire » ce qui « contribuera à dissuader les adversaires potentiels ».

Photo : Ministère néerlandais de la Défense



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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