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Voilà ce qui «empêche de dormir» le secrétaire général de l’Otan

Face à la Russie de Poutine, les pays membres de l’Otan se tiennent prêts à faire face à une éventuelle attaque.Image: Imago / Shutterstock, montage watson

Avec la menace russe qui se fait de plus en plus pressante, les pays membres de l’Otan sont poussés à adopter une stratégie de défense du continent, laquelle comprend des dépenses se chiffrant en centaines de milliards.

18.06.2025, 05:3318.06.2025, 05:33

Olivier BAUBE, Bruxelles / AFP

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Sous pression de Donald Trump et face à la menace russe, les dirigeants des pays de l’Otan devraient s’accorder fin juin à La Haye sur une hausse sans précédent de leurs dépenses militaires.

Le temps presse devant la menace russe

Mais les Européens ont-ils les capacités suffisantes et les structures en place pour dépenser efficacement cette manne, afin de protéger le continent contre toute éventuelle attaque?

Pour le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte, la question est, comme il l’a expliqué jeudi, cruciale:

«C’est ce qui m’empêche vraiment de dormir: il faut non seulement augmenter les dépenses, mais aussi augmenter la production industrielle en matière de défense»

De son côté, la Russie, en pleine économie de guerre, produit quatre fois plus de munitions que l’Europe et les Etats-Unis réunis. Plus grave, elle sera capable d’ici 2030 de «lancer une attaque victorieuse» contre l’Otan, a-t-il encore averti.

secrétaire général de l'OTAN Mark Rutte

Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte.Image: Imago

Un budget de centaines de milliards d’euros

Les 32 pays de l’Alliance vont s’efforcer les 24 et 25 juin aux Pays-Bas de se mettre d’accord pour consacrer au moins 5% de leur Produit intérieur brut (PIB) à leur sécurité au cours des prochaines années.

Un engagement qui représente des centaines de milliards d’euros, dont une grande partie bénéficiera à l’industrie de l’armement, à la traîne après des années de coupes budgétaires. L’industrie européenne assure qu’elle a déjà beaucoup investi, depuis l’invasion russe de l’Ukraine en février 2022.

Quelles capacités de production pour l’Europe?

En ce qui concerne les munitions, «nous produisons quatre fois plus qu’en 2022», a assuré Micael Johansson, patron du groupe suédois Saab, l’une des principales firmes d’armement en Europe, dans un entretien, avant d’ajouter avec assurance:

«Bien sûr, nous pouvons faire plus et, heureusement, beaucoup d’entre nous ont pris des risques pour investir et augmenter les capacités»

Mais, a-t-il aussi ajouté, les commandes sont encore trop souvent limitées à cinq ans, pour une industrie qui a besoin de visibilité à plus long terme, et qui a aussi des problèmes de recrutement. En Allemagne, le fabricant de munitions Rheinmetall a des centaines d’offres d’emplois qualifiés à pourvoir.

Cinq ans pour un permis et un problème d’inflation

Pour accélérer l’ouverture de nouvelles unités de production, l’Union européenne, va proposer la semaine prochaine une simplification des procédures.

Andrius Kubilius, commissaire européen chargé de la défense, a déclaré cette semaine:

«Il n’est pas possible que l’industrie de la défense doive attendre cinq ans pour obtenir un permis de construire d’une nouvelle usine»

Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense et à l'Espace.

Andrius Kubilius, commissaire européen à la Défense et à l’Espace.Image: Imago

Autre écueil à éviter: l’inflation. Des centaines de milliards à investir, mais sans les capacités correspondantes, risquent simplement de faire monter les prix, met en garde Guntram Wolff, économiste de la défense auprès du Bruegel Institute.

L’ambassadeur américain à l’Otan, Matthew Whitaker, a également averti cette semaine à Bruxelles:

«ll y a un risque réel que nous en ayons moins pour notre argent à cause de l’inflation»

L’industrie de défense affiche des prix élevés, dans un environnement souvent national et peu compétitif. Guntram Wolff résume:

«Si vous commandez 10, 20 ou 30 armes par an à votre producteur national, il est évident que le prix sera élevé»

Guntram Wolff, ancien directeur de Bruegel.

Guntram Wolff, ancien directeur de Bruegel.Image: Imago

La solution passe par «plus d’Europe», préconise-t-il, et le Bruegel Institute, dans un rapport remis aux 27 pays membres, suggère de son côté de mettre sur pieds une agence européenne des marchés publics, dans le domaine de la défense, pour multiplier les projets en commun, à moindre coût.

Le financement commun comme solution

C’est l’idée en germination dans les dernières propositions faites par la Commission européenne: des prêts allant jusqu’à 150 milliards d’euros pour financer en commun des achats ou des investissements dans le domaine de la défense.

François Arbault, l’un des principaux responsables des industries de défense au sein de la Commission européenne, a assuré cette semaine:

«Il s’agira d’un signal fort envoyé à l’industrie pour qu’elle sache que les commandes vont venir, ce qui incitera les Etats membres à investir et l’industrie à anticiper ces investissements»

Les premiers financements devraient intervenir avant la fin de cette année, a affirmé un autre haut fonctionnaire de la Commission européenne. Guntram Wolff le rappelle:

«Le but est d’être prêt pour la guerre d’ici 2030»

«Mais si nous continuons à dépenser trop pour des produits surévalués, et que nous le faisons de manière fragmentée, pays par pays, nous risquons vraiment d’échouer.»

(ysc/ob/jca/ial)

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Auteur : Olivier BAUBE, Bruxelles / AFP

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Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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