Vie Militaire & Défense

VL MICA, NASAMS ou IRIS-T SLM ? le Danemark prend les 3 !

Après avoir négligé l’investissement militaire pendant près de vingt ans, avec un effort de défense avoisinant à peine 1,1 % du PIB entre 2015 et 2017, le Danemark s’est aujourd’hui engagée dans une ambitieuse reconstruction de ses capacités militaires. Le Parlement a autorisé, en février dernier, une hausse spectaculaire de l’effort de défense au-delà de 3 % du PIB. Pour ce faire, 50 milliards de couronnes danoises supplémentaires, soit environ 7 milliards d’euros, seront alloués aux budgets des Armées 2025 et 2026.

Les chantiers sont nombreux pour ramener les armées danoises au niveau opérationnel requis. Parmi eux, la reconstruction des capacités antiaériennes fait l’objet d’une attention particulière. Le pays, situé à seulement 250 kilomètres de Kaliningrad et à 500 kilomètres des frontières russo-biélorusses, se trouve clairement dans la zone de portée des missiles de croisière, balistiques, et drones d’attaque russes.

Ce programme de reconstruction a été segmenté en trois phases. La première, consacrée à la très courte portée (SHORAD), s’est traduite par l’acquisition de 16 tourelles Skyranger 30 de Rheinmetall et de 250 missiles Mistral 3 français. C’est désormais la tranche intermédiaire qui vient d’être arbitrée, dans l’attente du volet à longue portée et antibalistique, opposant le SAMP/T NG au Patriot PAC-3 MSE.

Pas moins de dix industriels européens, turcs et israéliens avaient répondu à la demande d’information danoise pour cette composante intermédiaire. L’arbitrage, rendu public le 10 juin, surprend autant par sa portée européenne que par son audace. Le Danemark a en effet retenu non pas un, mais trois systèmes sol-air différents, tous européens.

Trois systèmes antiaériens à courte et moyenne portée pour le Danemark et ses armées, d’ici fin 2026

La décision danoise concernant le renforcement de sa défense antiaérienne à courte et moyenne portée a été dévoilée ce 10 juin. Elle se distingue par une approche inédite, reposant sur la sélection de trois systèmes distincts : l’IRIS-T SLM allemand, le VL MICA franco-européen, et le NASAMS norvégien. Ces systèmes seront livrés et mis en service d’ici à la fin de l’année 2026, dans le cadre d’un plan d’urgence destiné à protéger la population et les infrastructures critiques du pays.

En choisissant ces trois systèmes complémentaires, tous issus de l’industrie européenne de défense, Copenhague opte pour une réponse à la fois rapide et diversifiée à la menace aérienne, dans une conjoncture régionale particulièrement tendue. L’ensemble représente un investissement global de 6 milliards de couronnes danoises, soit environ 800 millions d’euros. Deux des systèmes (IRIS-T SLM et VL MICA) ont été achetés, tandis que le NASAMS a été loué.

Un système IRIS-T SLM de l’allemand Diehl Defence

Le premier système sélectionné par les armées danoises est l’IRIS-T SLM de l’industriel allemand Diehl Defence. Ce système a démontré toute son efficacité en Ukraine depuis deux ans, et a été adopté par plusieurs armées européennes, dont l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, la Slovénie, l’Estonie, la Lettonie ou encore la Suisse. Il s’appuie sur le missile IRIS-T, dérivé du missile air-air éponyme équipant notamment les Eurofighter de la Luftwaffe.

IRIS-T SLM choix danemark
Lancement d’un missile IRIS-T SLM

L’IRIS-T SLM atteint une portée de 40 kilomètres, avec un plafond d’interception de 20 kilomètres. Le missile, d’un poids de 110 kilogrammes, est accéléré par un booster additionnel, et guidé initialement par liaison de données, avant que son autodirecteur infrarouge ne prenne le relais pour la phase terminale. Il emporte une charge explosive de 11,4 kilogrammes, mise à feu par une fusée de proximité.

Le système repose sur un radar AESA TRML-4D de Hensoldt, en bande G, donné pour une portée de détection de 250 kilomètres, avec un plafond de suivi de 30 kilomètres. Chaque lanceur embarque 8 missiles prêts au tir, montés sur des camions tout-terrain 8×8.

L’IRIS-T SLM fait partie des trois piliers de l’Initiative européenne Sky Shield, aux côtés du Patriot américain et du système antibalistique Arrow 3 israélien. Il est par ailleurs interopérable avec le système SHORAD Skyranger 30, dont Copenhague a déjà commandé 16 exemplaires.

Un système VL MICA du franco-européen MBDA

Le second système retenu par les armées danoises est le VL MICA, développé par le missilier franco-européen MBDA. Comme l’IRIS-T SLM, il s’agit d’un système sol-air à courte et moyenne portée, conçu autour d’un missile air-air existant, en l’occurrence le MICA, utilisé notamment par les Rafale et Mirage 2000.

Contrairement à l’IRIS-T SLM, qui emploie un booster spécifique pour répondre aux exigences du tir sol-air, le VL MICA met en œuvre le missile tel qu’il équipe les avions de combat, dans des versions à autodirecteur infrarouge ou radar actif, selon les besoins exprimés. Cette configuration permet une grande modularité d’emploi, sans modification structurelle du missile.

VL MICA Naval
Gros plan dur l’autodirecteur d’un VL MICA en capsule navale de lancement verticual. Qu’il soit naval ou aérien, le système VL MICa a été conçu pour répondre aux attaques saturantes, en permettant le lancement de 6 missiles en 6 secondes, contre 6 cibles différentes.

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Auteur : Fabrice Wolf

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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