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Un rapport défend l’idée d’acquérir des avions légers américains AT-802 pour l’armée de l’Air et l’ALAT – Zone Militaire

Dans le rapport intitulé « Masse et haute technologie : quels équilibres pour les équipements militaires français » qu’ils viennent de publier, les députés Thomas Gassilloud et Damien Girard plaide en faveur d’un retour au concept de « différenciation des forces », lequel avait mis en avant dans le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale [LBDSN] publié en 2013.

S’agissant de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], cette différenciation pourrait passer, estiment-ils, par l’acquisition de « plateformes nouvelles » pour l’aviation de combat, en complément des Rafale et autres Mirage 2000. Le remplacement des Alphajet, qui arriveront en fin de vie en 2030/35, pourrait, selon eux, « constituer une opportunité de générer de la masse sur le segment des avions de chasse d’entraînement, de démonstration et d’attaque au sol ».

Plusieurs solutions existent, comme le M346 du groupe italien Leonardo, le F/A-50 Golden Eagle du sud-coréen KAI ou encore l’Aeralis britannique [qui n’existe que sur le papier pour le moment]. L’option d’armer les Pilatus PC-21, utilisé par l’École de l’aviation de chasse [EAC] pourrait également être envisagée… mais elle ne permettrait pas de pallier totalement le retrait des Alphajet.

Cela étant, les deux rapporteurs ont avancé une autre piste : l’achat d’avions Air Tractor AT-802. Celle-ci « pourrait s’avérer pertinente pour des missions en milieu complètement permissif », estiment-ils.

Pour rappel, l’AT-802 a été sélectionné par l’US Special Operation Command [USSOCOM] dans le cadre du programme OA-X. Désormais appelé OA-1K Skyraider II, il a été commandé à soixante-quinze exemplaires en août 2022.

Doté d’un turbopropulseur Pratt & Whitney PT6A-67F, l’AT-802 est un avion robuste, capable d’emporter jusqu’à 4 tonnes de charge utile. D’une endurance d’environ 8 heures, il peut voler à la vitesse de croisière de 180 nœuds [333 km/h], à une altitude de 10 000 pieds. Il peut être mis en œuvre depuis une piste sommaire et courte [moins de 370 mètres].

Selon le rapport de MM. Gassilloud et Girard, l’AT-802 « offre une solution d’attaque au sol particulièrement rentable, avec un coût d’acquisition compétitif d’environ 1 million d’euros à vide, qui peut atteindre 9 millions d’euros une fois équipé et armé ».

En outre, le panel des missions que cet appareil permettrait d’effectuer est large. Et le rapport de citer la « formation et entraînement des pilotes, missions de police de l’air en milieu permissif, logistique ciblée et transport de passagers, évacuations sanitaires en zone peu contestée, mais également lutte contre les feux de forêt qui constitue une mission duale d’intérêt national ».

Par ailleurs, il peut également être utilisé pour des missions ISR [renseignement, surveillance et reconnaissance] « grâce à l’emport de capteurs adaptés, ainsi qu’à l’engagement au sol par bombes guidées (GBU) dans des environnements où la menace antiaérienne reste limitée ». Enfin, font valoir les députés, il ouvrirait la voie « à des partenariats stratégiques avec des pays ne disposant pas de capacité d’aviation de chasse ».

L’AAE pourrait ne pas être la seule à utiliser un tel appareil. En effet, les rapporteurs font aussi valoir que l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT], qui « dispose de plusieurs dizaines de pilotes formés », pourrait aussi faire de la « différenciation en fonction de la mission et des menaces ».

Plus généralement, soulignent-ils, « des missions de bombardement ou de patrouille aérienne, dans un environnement peu contesté, des missions de lutte contre des drones type Shahed-136 pourraient être réalisées par ces avions et ainsi préserver la flotte de Rafale pour des missions qui relèvent davantage du haut du spectre ».



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

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