Un « acte symbolique » de soutien à Gaza : qu’est-ce que la caravane Soumoud qui pourrait être bloquée en Egypte à la demande d’Israël ?
Par
Le Nouvel Obs avec AFP
Publié le
Des membres du convoi dans un bus au départ de la caravane Soumoud à Tunis, le 9 juin 2025. CHEDLY BEN IBRAHIM / NURPHOTO VIA AFP
Un convoi parti de Tunis, composé de milliers de personnes, est en route vers la bande de Gaza. Ce mercredi, Israël a demandé à l’Egypte de bloquer l’accès au point de passage de Rafah aux membres de la caravane Soumoud.
Sur la place des Martyrs, à Tripoli, les milliers de personnes qui composent la caravane Soumoud – « résistance » en arabe – sont accueillies par une foule en liesse. « Les larmes du peuple libyen s’unissent à celles de la caravane », témoigne un Libyen auprès de l’AFP. Deux jours plus tôt, des Tunisiens, Algériens, Marocains et Mauritaniens ont quitté Tunis pour entamer un long périple vers Rafah en Egypte, à la frontière avec la bande de Gaza. Leur objectif : participer à une marche internationale organisée le 19 juin par des militants de 44 pays à la frontière israélo-égyptienne.
A lire aussi
Reportage
Manifestation de soutien à la Palestine : « C’est ça la France que j’aime ! »
Lire plus tard
Mais ce convoi est dans le viseur israélien à mesure qu’il s’approche de la frontière égyptienne. Ce mercredi 11 juin, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz a pressé les autorités égyptiennes de bloquer « les provocations » propalestiniennes à proximité de la bande de Gaza. « J’attends des autorités égyptiennes qu’elles empêchent l’arrivée de manifestants djihadistes à la frontière israélo-égyptienne », a-t-il écrit dans un communiqué.
Dans la foulée, le ministère égyptien des Affaires étrangères a réaffirmé dans un communiqué « l’importance des pressions sur Israël » tout en rappelant que toute action pro-palestinienne prévue par des délégations étrangères sur son territoire devait obtenir une « autorisation préalable ».
Un « acte symbolique » de soutien à Gaza
Lundi matin, un peu moins de 20 bus et des centaines de voitures ont quitté la capitale de la Tunisie depuis l’avenue Mohamed V, raconte le journal tunisien « Kapitalis ». Contrairement à la flottille Madleen interceptée par Israël, le convoi parti de Tunis ne transporte pas d’aide humanitaire. Il est composé de médecins, d’avocats, de journalistes, de militants mais également de civils, détaille « Kapitalis ».
La caravane Soumoud se veut être un « acte symbolique » de soutien à Gaza, décrit par les Nations unies comme « l’endroit le plus affamé au monde », a expliqué Jawaher Channa, porte-parole de la coalition tunisienne organisatrice. « Cette caravane est un symbole de solidarité mondiale, et nous espérons que notre action contribuera à faire entendre la voix des peuples solidaires du monde entier », a indiqué un second porte-parole de la coalition, Wael Nawar, au journal tunisien « La Presse ».
A lire aussi
Chronique
Gaza : pourquoi l’UNRWA est dans le collimateur du gouvernement israélien
Lire plus tard
Le convoi espère parcourir l’est de la Libye, contrôlé par les forces du puissant maréchal Khalifa Haftar rival du gouvernement basé à Tripoli, avant d’entrer en Egypte dont les autorités n’ont pas encore délivré de laissez-passer. Selon Ghassen Henchiri, un porte-parole du convoi, des négociations sont en cours avec Le Caire pour obtenir des autorisations d’entrée (les Tunisiens nécessitant par exemple un visa). « Mais pour le moment nous n’avons pas reçu de réponse officielle », a-t-il déclaré.
« Mes amies ont été interceptées sans explication »
En Egypte, plusieurs Français venus participer en Egypte à la marche internationale ont été interpellés dans leur hôtel ou à leur arrivée à l’aéroport du Caire, a déclaré à l’AFP Catherine Le Scolan-Quéré, porte-parole de la délégation française.
Une dizaine de militants se trouvent actuellement retenus dans un local à l’aéroport du Caire, selon Coralie Laghouati, une infirmière de 39 ans, arrivée mercredi midi au Caire avec deux amies, l’une de 65 ans, l’autre de 58 ans, pour participer à la marche. « Mes amies ont été interceptées sans explication » , a-t-elle dit à l’AFP.
« Là, on est enfermés, on nous dit de ne pas sortir, on ne nous dit pas ce qui se passe, nos passeports sont confisqués », dit l’une d’elles dans une vidéo transmise à l’AFP par l’infirmière. Selon Catherine Le Scolan-Queré, « une dizaine de Français auraient été expulsés ».
A lire aussi
Décryptage
« Aucune garantie que le matériel vendu à Israël ne soit pas utilisé à Gaza » : malgré les massacres, la France livre toujours du matériel militaire à Israël
Lire plus tard
La porte-parole espère cependant que les autorisations seront « rapidement » délivrées par l’ambassade égyptienne à Paris et l’ambassade de France au Caire.
Quelque 4 000 militants de 44 pays ont réservé des vols pour Le Caire afin de participer à cette action, selon Seif Abu Kishk, un des organisateurs. L’objectif est de partir du Caire en bus pour rallier la ville d’Arish (nord du Sinaï, à 344 km au nord-ouest du Caire), puis de rallier Rafah à pied, du côté égyptien de la frontière, soit « 50 km de marche en trois jours ».
Auteur :
Aller à la source