Ukraine: le Kremlin dément faire traîner les pourparlers en vue d’une fin du conflit
Le Kremlin a démenti mercredi faire traîner les pourparlers sur le règlement du conflit en Ukraine, alors que Moscou et Kyïv doivent présenter leurs conditions en vue d’un hypothétique cessez-le-feu, sur fond d’efforts diplomatiques sous l’égide de Washington.
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La veille, le président russe Vladimir Poutine s’est rendu lors d’une visite surprise dans la région frontalière de Koursk, reprise en avril aux forces ukrainiennes après neuf mois de combats sur le sol russe.
Ce déplacement, annoncé uniquement mercredi par le Kremlin, intervenait au lendemain de l’appel entre M. Poutine et son homologue américain Donald Trump, qui n’a pas abouti à une trêve en Ukraine.
Le président russe, dont l’armée est à l’avantage sur le front, avait toutefois affirmé que Moscou allait «proposer» à Kyïv de travailler sur un «mémorandum», étape préalable, selon ses explications, à «un éventuel futur traité de paix».
En retour, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de chercher à «gagner du temps afin de poursuivre sa guerre et son occupation», après plus de trois ans de son offensive à grande échelle qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, civils et militaires confondus, dans les deux camps.
Mercredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a défendu la position russe face à ces critiques: «Personne n’a intérêt à faire traîner le processus», a-t-il dit, assurant que «tout le monde travaille de manière dynamique».
Moscou privilégie un travail «discret» en coulisses, et «une liste de conditions pour un cessez-le-feu sera établie séparément», a-t-il dit, comme «convenu à Istanbul» le 16 mai, lors des premiers pourparlers russo-ukrainiens depuis 2022.
À l’issue de son appel avec Vladimir Poutine, Donald Trump, qui avait promis lors de sa campagne électorale de mettre fin au conflit en «24 heures», a assuré que Moscou et Kiev allaient «démarrer immédiatement des négociations en vue» d’une trêve.
Mais en l’état, aucun calendrier n’a été annoncé et M. Zelensky a dit lundi soir «ne rien savoir» sur cette idée nouvelle de «mémorandum».
Poutine à Koursk
Malgré l’effervescence diplomatique, c’est donc le statu quo qui prédomine à ce stade, chaque partie poussant ses conditions, inacceptables pour le camp adverse.
Chose sûre, Vladimir Poutine avait dit ne pas souhaiter entrer dans un processus de paix tant qu’une partie du territoire russe était occupé par les forces ukrainiennes, comme dans la région de Koursk.
Mais à la faveur d’intenses combats et avec l’aide d’un contingent de soldats nord-coréens, l’armée russe a entièrement repris le contrôle de la région en avril, après neuf mois d’affrontements.
Mardi, le président russe s’y est rendu pour la première fois depuis sa reprise complète, un déplacement surprise, alors même que, de son propre aveu, des troupes ukrainiennes continuent «tous les jours» de «tenter de franchir la frontière».
Ces assauts ukrainiens font partie d’une stratégie de harcèlement des soldats russes dont le but est de pousser Moscou à mieux sécuriser sa frontière et retirer des troupes du front, où l’armée russe est à l’avantage, plus nombreuse et mieux équipée.
L’armée ukrainienne envoie également, en réponse aux bombardements quotidiens russes sur son territoire depuis février 2022, des drones pour frapper des cibles sur le sol russe. 159 ont été interceptés dans la nuit, selon l’armée de Moscou.
Les forces russes en ont, pour leur part, lancé 76, dont 63 ont été «neutralisés», selon l’armée de l’air ukrainienne.
Des «restrictions» de vol ont été mises en place mercredi midi dans plusieurs aéroports moscovites, après que le maire, Sergueï Sobianine, eut annoncé que la défense antiaérienne avait intercepté «trois drones qui volaient» en direction de la capitale russe.
Frappe sur un terrain d’entraînement
Sur le terrain, les forces russes, qui contrôlent près de 20% du territoire ukrainien, ont revendiqué ces derniers jours une poussée dans la région de Donetsk (est), épicentre des combats, face à une armée ukrainienne sur le recul.
Mardi, une attaque de missile russe a tué six soldats ukrainiens et blessé plus de dix autres sur un terrain d’entraînement dans la région de Soumy (nord-est), selon la garde nationale ukrainienne mercredi.
Le ministère russe de la Défense a affirmé avoir touché le site avec une frappe de missile balistique Iskander.
De son côté, l’état-major ukrainien a revendiqué une frappe ayant touché dans la nuit de mardi à mercredi une usine de semi-conducteurs dans la région russe d’Orel, une information confirmée par le gouverneur régional.
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