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TÉMOIGNAGE. « J’étais un farceur et j’ai continué les farces sur l’ennemi » : André Gierens, 98 ans et ancien résistant, reçoit la Légion d’honneur

Publié le

Écrit par Léa Houël

À 98 ans, André Gierens a reçu la Légion d’honneur à Boulogne-sur-Mer, lors des commémorations du 8 mai 1945. Cet ancien Résistant, engagé dès l’âge de 16 ans, revient avec émotion sur son parcours, ses missions de sabotage et son message de paix pour les générations futures.

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« Un résistant de la Seconde guerre mondiale, ayant participé, les armes à la main, à la libération de notre pays ». C’est par ces mots que le Colonel François Fallouey a décrit André Gierens.

Cet ancien résistant, aujourd’hui âgé de 98 ans, a participé aux commémorations du 8 mai 1945 à Boulogne-sur-Mer avant de se voir décoré de la croix de chevalier de la Légion d’honneur, « la plus haute, la plus prestigieuse des distinctions pouvant être aujourd’hui accordée par la République Française à l’un de ses citoyens« .

André Gierens, ancien résistant, décoré de la Légion d’honneur à Boulogne-sur-Mer le 8 mai 2025.

© Jean-Marc Vasco / France Télévisions

« Lors d’une de vos missions, le hasard a fait qu’au lendemain du D-Day vous participez au sein des forces françaises de l’intérieur, à la Libération de la Normandie et du territoire national« , poursuit le Colonel Fallouey, évoquant le décoré du jour. Un discours qui ne manque pas d’émouvoir celui qu’il décrit comme un « humble héros« .

Fièrement décoré, André Gierens monte à son tour au pupitre, déclamant son message pour les générations futures. « En se remémorant ces situations, nous devons faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Et pourtant, actuellement, nous vivons une étape inexplicable. Quelle que soit notre génération, nous nous posons des questions sur l’avenir.« 

À l’occasion des commémorations du 8 mai, ce Boulonnais d’adoption a accepté de revenir sur son passé de résistant au micro de France 3 Hauts-de-France.

Vous souvenez-vous du jour de la Libération ?

André Gierens : « Ça a été un peu brutal, on était dans notre cache de résistants, et on nous a fait partir dans la ville où il y avait encore des troupes Allemandes. À l’instant où ils n’avaient plus de munitions, ils se sont rendus.

On ne savait pas que c’était la Libération. Quand ils se sont rendus, ça a été un immense soulagement et un cri de joie pour toute la population. Ils étaient tous enfermés dans leur domicile et tout de suite la population s’est répandue dans la rue dans un cri de joie général. Énormément de monde est venu nous féliciter, tout le monde nous embrassait.« 

La croix de chevalier de la Légion d’honneur.

© Jean-Marc Vasco / France Télévisions

Pourquoi vous êtes-vous engagé dans la Résistance ?

André Gierens : « C’est un peu un truc de gamin. J’ai seize ans et demi, c’est vraiment très jeune. Un abbé me dit : « toi, tu es un petit garnement, tu seras capable de faire des sabotages ». C’est parti comme ça.

Je faisais pas mal de farces aux anciens du village. J’étais un farceur et j’ai continué les farces sur l’ennemi. J’ai fait des actes de sabotage sur le matériel allemand.« 

Quelles étaient vos missions dans la Résistance ?

André Gierens : « Du sabotage, attaquer des convois, mélanger les pancartes de signalisation… l’ennemi avec des pancartes à l’envers se trompait souvent de route. Des distributions de clous pour crever les camions.

Je me sens fier d’avoir été Résistant, je veux le crier !

André Gierens

Ancien Résistant

Je souhaite qu’on ne se retrouve plus dans les mêmes conditions, parce que c’est vraiment terrible. Je souhaite que tout le monde fasse la paix dans le monde entier. Je repense à des camarades disparus, martyrisés et tués. Le souvenir le plus grave pour moi, ce sont ces deux copains disparus. Ils ont été trahis par un ancien résistant qui a succombé à l’appât de l’argent, baratiné par un officier de Police de Rouen. »

Avant de conclure l’entretien, André Gierens souhaitait rajouter un dernier mot : « Je me sens fier d’avoir été résistant, je veux le crier !« 

Avec Valentine Meyer et Jean-Mard Vasco



Auteur : Léa Houël

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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