TEMOIGNAGE. “Il faut avoir le courage de dire non” : à 103 ans, elle raconte son engagement dans la Résistance
A l’occasion de la commémoration du 8 mai 1945, nous sommes allés à la rencontre de Mélanie Berger-Volle. Elle a aujourd’hui 103 ans. Elle a activement participé à la Résistance pendant la Seconde guerre mondiale.
Mélanie nous reçoit chez elle, à Saint-Etienne. A 103 ans, cette ancienne résistante n’a plus la force de venir témoigner dans les collèges comme elle l’a fait pendant de nombreuses années. Mais à l’heure où les conflits éclatent aux quatre coins du globe, elle a plus que jamais la volonté de transmettre cette flamme. Mélanie Berger-Volle, résistante pendant la Seconde Guerre Mondiale, explique : “Je disais aux élèves, parce qu’ils me demandent la même chose que vous : qu’est-ce qu’on peut faire ? On peut déjà prendre la défense de ceux qu’on attaque. Ensuite, il faut trouver des personnes qui pensent comme vous. Quand on est plusieurs, on peut faire quelque chose. La Résistance a commencé comme ça. Il y avait partout des gens qui ne supportaient pas qu’on n’ait pas le droit de penser différemment, ou même le droit de vivre. Il faut avoir le courage de dire non. Ce n’est pas toujours facile”.
D’origine autrichienne, Mélanie a été très active en France jusqu’à être condamnée en 1942 à 15 ans de travaux forcés. Elle restera finalement incarcérée un peu plus d’un an et parviendra à s’évader grâce à l’aide de ses camarades. Quelques mois après la Libération pourtant, les fantômes du nazisme continuent de la hanter. Mélanie raconte : “On frappe à la porte. J’ai ouvert la porte. Ils me demandent : vous êtes bien Mélanie Berger ? J’ai dit oui. On vous arrête. J’ai demandé pourquoi. Parce vous vous êtes évadée de Marseille. J’ai dit oui. Alors, tout cela est terminé, cette histoire”.
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Mélanie Berger-Volle a activement participé à la Résistance pendant la Seconde guerre mondiale.
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©M. Pitavy / E. Brot-Monnier / O. Bernholc
Elle ne retournera pas en prison et obtiendra la nationalité française avant de passer sa retraite en Haute-Loire en compagnie de « Capitaine Lulu », un des héros de la résistance pour la libération du Puy-en-Velay. Mais aujourd’hui encore, elle vit dans la peur. Pas pour elle, mais pour les générations futures face à la montée des nationalismes. Mélanie poursuit : “Je ne comprends absolument pas. Je suis excessivement triste. Quand je vois que dans presque tous les pays d’Europe, c’est l’extrême droite qui gagne, ces gens n’ont rien compris”.
Mélanie se rappelle du 8 mai 1945 comme d’un grand soulagement, mais aussi d’un nouveau défi pour aider toutes ces personnes internées, incarcérées ou déportées à se reconstruire.
Propos recueillis par Maxime Pitavy / France 3 Auvergne
Auteur : Catherine Lopes
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