Mémoire, Histoire & Culture Militaire

Seconde Guerre mondiale. Le 11 mai 1940, les Alliés tombent dans le piège tendu par Hitler : « la guerre commence mal »

Le 11 mai 1940, le piège tendu par Hitler et ses généraux se referme sur les Alliés. Ces derniers envoient des troupes pour contrer l’offensive allemande qui se poursuit en Belgique et aux Pays-Bas. Bientôt, le Nord de la France sombrera dans la guerre.

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Après les parachutistes, c’est au tour des divisions de chars et d’infanterie allemandes de s’avancer.  Ces forces passent le canal Albert, un long cours d’eau artificiel qui va de Liège à Anvers et que les Belges espèrent utiliser comme rempart contre l’offensive.

La garnison du fort belge d’Eben-Emael se rend. La forteresse devait tenir 5 jours, elle tombe en 36 heures. Coup dur pour les Alliés.

Le canal Albert, à la frontière belgo-néerlandaise, aujourd’hui.

© GONZAGUE VANDAMME / FRANCE 3

Il faut dire que les Allemands avaient eu tout le temps de s’entraîner sur ce type de fortification en Tchécoslovaquie depuis 1938. Les Français avaient conseillé les Tchécoslovaques pour fortifier leur frontière face au Reich. Mais en 1938, Hitler a annexé ces régions frontalières. Les troupes allemandes ont pu s’exercer sur cette « ligne Maginot tchèque ».

L’infanterie allemande, juste avant le franchissement du canal Albert.

© picture-alliance / Judaica-Samml/MaxPPP

C’est ainsi que les sapeurs du génie allemand développèrent des explosifs spéciaux efficaces contre certaines défenses, les « charges creuses ». Ils découvrent également qu’il est inutile de bombarder ou de tirer au canon classique sur ces forts. En revanche, après plusieurs essais, les pièces d’artillerie anti-aérienne ou anti-char sont très efficaces sur les cloches en métal des fortifications.

Effets des tirs de l’artillerie allemande sur la cloche blindée de Kerfent, sur la ligne Maginot, en Lorraine.

© SEBASTIEN GURAK / FRANCE 3

Lorsque les experts allemands arrivent pour prendre d’assaut les forts belges et français, ils savent exactement comment procéder.

Plus à l’ouest, comme prévu, l’état-major allié envoie ses meilleures troupes françaises et britanniques au secours des Belges et Néerlandais.

Marc Bloch et l’état-major s’avancent jusqu’à Mons, conformément au plan de l’armée française.

André Boutoille est mitrailleur dans l’armée française. Originaire de Calais, il a 22 ans et termine son service militaire dans le 103e régiment d’artillerie. Son travail est de protéger le ravitaillement des pièces d’artillerie françaises. Il reçoit aussi l’ordre avec son régiment de s’engager en Belgique. Objectif :  la Meuse, à Namur, pour y installer des batteries d’artillerie et soutenir l’infanterie alliée face aux Allemands.

« C’était nous qui étions les plus exposés, c’était nous que les avions (allemands) cherchaient », se souvient-il. « On ne pouvait pas rouler avec les phares. Les phares étaient recouverts avec un petit liseré pour se repérer.« 

Jacques Duquesne voit le port de Dunkerque se vider. Les navires de guerre français partent en direction de l’embouchure de l’Escaut et le sud des Pays-Bas. Des torpilleurs, chasseurs de sous-marins et mouilleurs de mines vont prêter main-forte aux Néerlandais.

Les Allemands s’attaquent durement aux Pays-Bas. D’importants combats ont lieu dans le centre du pays, mais des parachutistes allemands tiennent déjà les principaux ponts et nœuds de communication.

Des soldats du génie allemand démontant un bunker pendant l’offensive de la Wehrmacht aux Pays-Bas en mai 1940.

© Berliner Verlag/Archiv/picture alliance / ZB/MaxPPP

Quand l’armée française, ses troupes les plus mobiles et modernes, arrivent à Breda dans le sud de la Hollande, la situation est déjà trop compromise pour espérer pouvoir sauver l’armée néerlandaise.

Ces soldats feront un aller-retour pour rien et leur matériel flambant neuf sera souvent inutilement perdu au cours de ce périple.

Grand jour pour le colonel Charles de Gaulle : le général Georges lui confie le commandement de la 4e division blindée française en lui disant : « Allez de Gaulle ! Pour vous qui aviez depuis longtemps les conceptions que l’ennemi applique, voilà l’occasion d’agir !« 

Le colonel de Gaulle (à droite) s’entretenant avec le président de la République Albert Lebrun en octobre 1939.

© STF / AFP

Le général Georges veut parler de l’utilisation massive des chars que de Gaulle a tenté depuis de nombreuses années d’imposer sans succès auprès de l’état-major français.

Au spectacle de ce peuple éperdu et de cette déroute militaire, au récit de cette insolence méprisante de l’adversaire, je me sens soulevé d’une fureur sans fond.

Face à la charge des blindés allemands, de Gaulle pourra enfin appliquer ses théories, mais il est déjà trop tard, comme il le constate lui-même dans ses mémoires : « Sur toutes les routes venant du Nord, affluent de lamentables convois de réfugiés. J’y vois, aussi, nombre de militaires désarmés. Ils appartiennent aux troupes que l’offensive des Panzers a mises en débandade au cours des jours précédents. Rattrapés dans leur fuite par les détachements mécaniques de l’ennemi, ils ont reçu l’ordre de jeter leurs fusils et de filer vers le sud pour ne pas encombrer les routes. »

« Nous n’avons pas le temps de vous faire prisonniers !« , leur a-t-on crié. Alors au spectacle de ce peuple éperdu et de cette déroute militaire, au récit de cette insolence méprisante de l’adversaire, je me sens soulevé d’une fureur sans fond. Ah ! C’est trop bête ! La guerre commence infiniment mal... »

(Article déjà publié le 11 mai 2020)

► La suite de notre série demain avec la journée du 12 mai 1940.



Auteur : Amandine Caniard

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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