Mémoire, Histoire & Culture Militaire

« Sauver 500 enfants juifs c’était leur devoir » : l’acte héroïque de Bouli et Shatta Simon raconté par leur fils lors du 8 mai

Grâce à la détermination exceptionnelle de Shatta et Bouli Simon, 500 enfants venus de tous les coins d’Europe ont échappé à la barbarie nazie. Leur fils Jean-Claude participait aux commémorations du 8 mai 1945. L’occasion de perpétuer l’acte héroïque de ses parents.

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Ils s’appellent Sarolta Hirsch et Edouard Simon. Ils ont à peine trente ans. Durant la seconde guerre mondiale, ils ont sauvé 500 enfants juifs dans une maison à Moissac située au 18 quai du port.

Arrivés dans le Tarn-et-Garonne pour fuir le régime nazi, ils ont créé la Maison de Moissac, dans laquelle quelque 500 enfants se sont succédé entre 1940 et 1943, puis après la Libération, de 1944 à 1951. Le maire de l’époque est Roger Delthil, sénateur maire radical et grand humaniste incitant ses administrés à accueillir des réfugiés. L’audace et le charisme de Shatta, la rigueur et l’organisation de Bouli rendront presque normale la présence de ces enfants.

Ouverte en décembre 1939, c’est une maison des Eclaireurs Israëlites de France. Le couple Simon dirige ce lieu. Ils participent à un plan de sauvetage des enfants juifs menacés qui arrivent très vite de l’étranger puis de la France. En ville, les enfants ne se cachent pas. La place devant la maison devient leur terrain de jeu.

Faux papiers, falsifications en tous genres, tout le monde savait, personne dénonçait. Entre 1939 et 1943, Shatta et Bouli Simon ont caché 500 enfants juifs. Leur fils Jean-Claude avait à peine 3 ans. Il se souvient. « J’ai des souvenirs de bonheur. Je n’ai pas d’angoisse même quand par exemple, la mairie signalait à mes parents qu’il allait y avoir des rafles et des contrôles. On allait dans ce qu’on appelle un « camp volant ». On prenait des tentes, on allait dehors et la maison était vide. Ce n’était pas une angoisse. C’était chouette : on allait camper dehors. »

C’est la première fois qu’il assiste aux commémorations du 8 mai au camp de Septfonds (82). Le camp de Jude après avoir servi à parquer les réfugiés espagnols qui fuyaient la répression franquiste à la fin de la guerre civile, a été un lieu de transfert pour de nombreux juifs. Véritable camp de concentration provisoire, c’est ici qu’en 1942, des enfants juifs oint été rassemblés pour être envoyés à Auschwitz. Certains ont échappé à l’enfer des camps et recueillis dans la maison des enfants de Moissac tenue par les parents de Jean-Claude. La ville de Moissac à reçu la médaille des justes car aucune dénonciation n’a été faite et les 500 enfants ont survécu.

À 88 ans, Jean-Claude Simon entretien la mémoire de ses parents. Pour leurs actes de sauvetages d’enfants juifs, ils ont reçu la reconnaissance de l’Etat d’Israël. « Ce qu’ils ont fait est admirable. Pas grand monde pourrait se vanter de ce qu’ils ont fait. Sauver 500 enfants, avec un culot. C’était leur devoir. »

Tous les témoignages des enfants présents à l’époque disent la même chose : c’était un havre de paix  où ils jouaient et chantaient, oubliant presque la barbarie nazie. En 1951, la maison est transférée de Moissac à Laversine (Oise), où le couple poursuit sa mission d’aide à l’enfance en difficulté jusqu’en 1993 à la mort de Bouli.

Bouli (à gauche) et Shatta (à droite) Simon, le couple qui a sauvé 500 enfants à Moisac (832)

© Site Moissac ville de Justes oubliée

Ce miracle mettra du temps à être connu. Shatta estimait que sauver des enfants était un geste normal et qu’il n’y avait pas lieu de s’en glorifier ou d’en être honoré. Elle et Bouli ont pourtant aujourd’hui leur portrait en grand sur un mur du Mémorial de la Shoah à Paris.

En 2003, Shatta décède. Elle et son mari reposent désormais au cimetière du Mont des Oliviers à Jérusalem.

Ecrit avec les reportages de Julie Valin et Delphine Gérard de France 3. 



Auteur : Benoît Roux

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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