Safran a lancé le développement du M88 T-REX, le futur moteur du Rafale F5 – Zone Militaire
Étant donné qu’il sera doté de nombreuses nouvelles fonctionnalités, qu’il aura une puissance de calcul sans commune mesure avec celle dont il dispose actuellement et qu’il devra emporter une charge utile plus lourde [avec, notamment, le missile à capacité nucléaire hypervéloce ASN4G], le Rafale porté au standard F5 aura besoin de nouveaux moteurs, les actuels M-88 étant susceptibles d’être insuffisants. D’où le programme T-REX, porté par Safran Electronics & Defense.
Seulement, ce dernier n’a pas été pris en compte par la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, celle-ci ayant plutôt mis l’accent sur le développement du Système de combat aérien du futur [SCAF], dont l’avenir n’est pas totalement assuré. Lors d’une audition parlementaire, en novembre dernier, le PDG de Safran Electronics & Defense, Franck Saudo, s’en était inquiété.
« L’impératif à la fois pour Safran et le pays est de maintenir la compétence de motoriste complet. C’est un enjeu majeur de souveraineté. […] À cet égard, le fait que le programme SCAF soit retardé crée une distance qui met en danger le maintien de nos compétences. Et donc, il est absolument impératif, sans attendre le SCAF, de faire du muscle, au sens métier du terme, sur de telles technologies », avait expliqué M. Saudo, avant de plaider pour un lancement rapide du programme T-REX.
En réalité, la question d’une nouvelle motorisation du Rafale est sur la table depuis les années 2010. À l’époque, prédécesseur de M. Saudo, Philippe Petitcolin avait en effet évoqué une nouvelle version du M-88 ayant entre 80 et 90 kN de poussée. Mais elle n’avait pas été retenue par le ministère des Armées, Safran ayant été sollicité pour mener l’étude Turenne, dont l’enjeu était d’élaborer un concept « innovant » de turbine à hautes pressions, avec des matériaux plus performants.
Depuis, la donne a donc évolué. Le programme « Rafale F5 » ayant été lancé, il restait donc à trouver les financements pour développer le T-REX [soit au moins 600 millions d’euros]. Le ministère des Armées a-t-il trouvé une solution ? Faute de communication officielle, on ne peut que le supposer.
En effet, le 17 juin, Safran a dit avoir lancé des études de levée de risques préalables au développement d’une « évolution du moteur M88 » qui, « baptisée M88 T-REX, […] capitalisera sur la fiabilité et les performances éprouvées du M88 tout en repoussant ses limites avec une poussée augmentée à 9 tonnes avec post-combustion ».
Pour cela, Safran a expliqué que des « améliorations significatives localisées » seront apportées à l’actuel M88. Ainsi, « l’évolution du compresseur basse pression permettra l’admission d’un débit d’air supérieur [ce qui exigera sans doute de redessiner les entrées d’air du Rafale], la turbine haute pression intégrera de nouveaux matériaux et des circuits de refroidissement de nouvelle génération et la tuyère bénéficiera d’une aérodynamique optimisée ».
Ces apports permettront de gagner 20 % de poussée supplémentaire. « Le M88 T-REX conservera les mêmes atouts que le M88 actuel en termes de dimensions, de modularité, de consommation et de coût de possession », a précisé Safran.
« Nous sommes fiers de lancer ce projet de développement d’un moteur qui repoussera les limites du M88 pour répondre aux besoins d’évolution de nos clients forces armées dans un contexte géopolitique instable », a commenté Christophe Bruneau, Directeur de la Division « Moteurs Militaires » de Safran Aircraft Engines. « Le développement du M88 T-REX va également nous permettre de compléter notre portefeuille technologique au bénéfice de l’ensemble de notre gamme de produits et du renforcement de notre souveraineté », a-t-il ajouté.
Selon Safran, la qualification du M88 T-REX devrait être alignée sur le calendrier d’entrée en service du Rafale F5.
Auteur : Laurent Lagneau
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