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Poutine et Zelensky avaient chacun un message à faire passer

Malgré le succès inattendu de l’Ukraine à l’encontre de l’aviation russe, le cours de la guerre reste incertain, et une période trouble s’annonce cet été.Image: Imago / EPA MAXAR TECHNOLOGIES

Moscou a prouvé que sa flotte de bombardiers restait opérationnelle grâce à de nouvelles frappes aériennes ce week-end. L’attaque ukrainienne contre les bases russes ne change pas le cours de la guerre. Mais elle envoie un message important.

11.06.2025, 05:3511.06.2025, 05:35

Kurt Pelda / ch media

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Dans la nuit de lundi à mardi, la Russie a attaqué l’Ukraine avec des missiles et des drones. Cette frappe a fait moins de dégâts que prévu, ce qui soulève une question: les réserves russes en missiles guidés suffisent-elles encore à mener des attaques d’envergure? Selon les autorités ukrainiennes, la Russie a tiré au total 7 missiles balistiques et de croisière, auxquels se sont ajoutés plus de 315 drones.

Un message à faire passer

Depuis la semaine passée, la Russie bombarde l’Ukraine en représailles à l’attaque spectaculaire contre ses bases aériennes, menées par Kiev il y a 10 jours. Rien qu’au cours du week-end, le Kremlin a envoyé plus d’un millier de drones et plusieurs dizaines de missiles. Mais ces chiffres doivent être relativisés au regard de la taille du territoire ukrainien: environ 490 000 kilomètres carrés sont toujours sous contrôle de Kiev, soit près de douze fois la surface de la Suisse.

A titre de comparaison: vers la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Troisième Reich a lancé plus de 12 000 missiles sur le sud de l’Angleterre, un territoire bien plus petit, et sans que cela change l’issue de la guerre. Cette fois encore, les missiles, malgré leur coût élevé, ont peu d’effet sur le cours du conflit. Avec ces attaques, Vladimir Poutine voulait surtout montrer que sa flotte de bombardiers est encore capable de frapper les villes ukrainiennes.

Image satellite des bombardiers détruits sur l'aérodrome de Belaïa en Russie.

Image satellite des bombardiers détruits sur l’aérodrome de Belaïa en Russie.Image: Maxar Technologies Handout/EPA MAXAR TECHNOLOGIES

Le succès de l’opération ukrainienne questionne

On ignore encore combien de bombardiers et d’avions-radars russes ont été détruits il y a dix jours par les petits drones quadricoptères ukrainiens. Les sources officielles ukrainiennes parlent de 41 avions touchés, mais l’analyse de vidéos et d’images satellites indique plutôt un chiffre inférieur à 20.

Il s’agit dans tous les cas d’un chiffre important, sachant que l’armée de l’air russe disposait probablement de moins de 100 bombardiers fonctionnels, avant cette attaque. Le recours des Russes à de vieux pneus pour protéger les appareils restants est un autre signe du manque de ressources du Kremlin. De plus, ce coup porté par les Ukrainiens montre au président américain Donald Trump ainsi qu’à de nombreux observateurs occidentaux qu’ils ont sous-estimés l’Ukraine.

La Russie poursuit son offensive

Pour Kiev, frapper les bases d’où décollent les bombardiers russes est la meilleure stratégie possible au vu de la situation actuelle. En effet, il est devenu plus compliqué pour l’Ukraine d’abattre les projectiles en plein vol, notamment à cause du manque de systèmes antiaériens Patriot. Les réserves ukrainiennes de ces armes téléguidées sont limitées et Donald Trump semble peu pressé de combler le manque.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en conférence de presse à Kiev après les négociations d'Istanbul.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, en conférence de presse à Kiev après les négociations d’Istanbul.Image: Imago

Contrer les attaques de drones grâce à des canons guidés ou à des drones de défense bon marché pourrait s’avérer plus facile. Cependant, vu les larges capacités de production de la Russie en matière de drones Shahed, le nombre d’attaques pourrait quand même augmenter.

Sur le terrain, l’offensive d’été de la Russie se poursuit, et le territoire gagné grandit. Dans le nord-est notamment, près de la ville de Soumy, l’avancée russe semble inquiétante. Toutefois, Moscou a déjà enregistré par le passé des conquêtes sans parvenir à des percées décisives. Les Ukrainiens ont par ailleurs eu le temps de construire des lignes de défense, y compris en profondeur.

Une période décisive en vue

Voici donc un scénario probable pour l’été: des gains russes d’environ 2 000 kilomètres carrés, tandis que les Ukrainiens se replient progressivement d’une ligne de défense à l’autre. Une fois encore, le tribut russe pourrait s’élever à plusieurs dizaines de milliers de morts et de blessés.

La grande question reste la suivante: combien de temps la Russie, dont l’économie est de taille comparable à celle de l’Italie, pourra-t-elle encore se permettre cette guerre, alors que les prix du pétrole sont en baisse et qu’une crise bancaire se profile?

Traduit et adapté de l’allemand par Tanja Maeder

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Un bâtiment en flammes après un bombardement russe, Kiev.

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Auteur : Kurt Pelda / ch media

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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