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Pour la première fois, deux porte-avions chinois effectuent des manœuvres aux abords du Japon – Zone Militaire

Fin mai, le ministère japonaise de la Défense a fait savoir qu’un groupe aéronaval chinois formé autour du porte-avions CNS Liaoning venait d’effectuer des manœuvres aéronavales inédites aux abords des îles Senkaku, dont la possession est revendiquée par Pékin alors qu’elles sont administrées par Tokyo.

Puis, poursuivant ses opérations aériennes [140 mouvement d’aéronefs ont été observés par les forces d’autodéfense japonaise durant trois jours], le CNS Liaoning, accompagné notamment par deux « destroyers » de type Luyang III et deux frégates de type Jiangkai II, a mis le cap vers le détroit de Miyako pour rejoindre la mer des Philippines.

Le 9 juin, selon l’état-major japonais, ce porte-avions chinois a été repéré, pour la première fois, près de l’île d’Iwo Jima, située en mer des Philippines à environ 1 046 km au sud de Tokyo, c’est-à-dire au-delà de la « deuxième chaîne d’îles », située entre l’archipel nippon éloigné d’Ogasawara et l’île de Guam, où les États-Unis disposent d’une importante base militaire.

Et cela avec un groupe aéronaval plus étoffé, deux puissants croiseurs de type 055D, à savoir les CNS Nanchang et CNS Wuxi, l’ayant rejoint avec au moins un pétrolier ravitailleur [le CNS Kekexilihu].

À noter que les croiseurs de type 055D disposent d’une capacité de frappe significative, avec 112 tubes de lancement vertical [48 à l’avant et 64 à l’arrière] pouvant tirer des missiles anti-aérien HHQ-9 et HHQ-16, des missiles anti-navire YJ-18A et des missiles de croisière CJ-10. Il sont aussi dotés d’un système antiaérien de courte portée, de roquettes anti-sous-marines CY-5, de tubes lance-torpilles de 324 mm ainsi que d’un puissant radar AESA [à antenne active] multi-fonctions type 346B et d’un radar de tir AESA X-Band.

« Les activités des navires militaires chinois dans les eaux concernées sont pleinement conformes au droit international et aux pratiques internationales. La Chine mène une politique de défense nationale de nature défensive. Nous espérons que le Japon considérera ces activités avec objectivité et rationalité », a fait valoir Lin Jian, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Seulement, les forces d’autodéfense japonaise n’ont plus un mais deux porte-avions chinois à surveiller. En effet, et c’est encore inédit, le CNS Shandong et son escorte [un « destroyer », deux frégates et un navire de soutien] ont été repérés dans les eaux entourant l’archipel d’Ogasawara, en mer des Philippines.

Cette formation a poursuivi sa route vers l’atoll nippon d’Okinaotori, situé à mi-chemin entre Taïwan et Guam. Il y a quelques jours, un navire de recherche chinois, identifié comme étant le Tan Kah Kee, y avait été vu en train de déployer un « câble ».

« C’est la première fois que deux porte-avions chinois sont aperçus en opération simultanément dans le Pacifique », a relevé un porte-parole du ministère japonais de la Défense. « Nous pensons que l’objectif de l’armée chinoise est d’améliorer sa capacité opérationnelle et son aptitude à effectuer des opérations dans des zones éloignées », a-t-il ajouté.

Selon le ministre nippon de la Défense, Gen Nakatani, Tokyo a « exprimé » par la voie diplomatique « sa position selon laquelle les activités de la Chine ne devraient pas menacer sa sécurité ». Un porte-parole de la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL] a répondu que les deux groupes aéronavals effectuaient des « exercices de routine » afin d’améliorer « continuellement leurs capacités à accomplir leurs missions » et que cela ne visait « aucun pays » en particulier.

Sollicité par l’AFP, Daisuke Kawai, spécialiste des affaires de sécurité à l’Université de Tokyo, n’a pas la même lecture de ces activités. « Les incursions navales chinoises dans la zone économique exclusive japonaise sont incontestablement provocatrices, stratégiquement conçues pour tester les seuils de réaction du Japon sans franchir la ligne et entrer en situation d’illégalité pure et simple au regard du droit international », a-t-il estimé.



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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