Pour la force aérienne indienne, le Rafale a pleinement tenu ses promesses lors de l’opération Sindoor – Zone Militaire
Faut-il « bien faire et le faire savoir » ou « faire bien et laisser dire » ? Manifestement, à l’issue de l’opération Sindoor, menée en réponse à une attaque terroriste meurtrière perpétrée à Pahalgam [Jammu-et-Cachemire], les autorités indiennes ont adopté la seconde attitude, ce qui a laissé le champ libre à une campagne de désinformation massive orchestrée par le Pakistan et dont la Chine a tenté de tirer parti.
Pour rappel, dès le 7 mai, Islamabad a affirmé, sans le prouver de manière irréfutable, que ses forces aériennes avaient abattu six avions de combat indiens, dont trois Rafale. Et de louer l’efficacité du chasseur Chengdu J-10 et du missile air-air à longue portée PL-15, fournis par la Chine.
Le chef d’état-major indien, le général Anil Chauhan, aura mis trois semaines pour réfuter le bilan avancé par Islamabad, tout en reconnaissant, toutefois, que l’Indian Air Force avait subi des pertes lors de cette opération. Officieusement, il est question de trois appareils, à savoir un Rafale, un MiG-29 et un S-30MKI.
Cependant, alors qu’elles se poursuivent plus d’un mois après [il suffit de lire une partie des 18 000 commentaires postés à la suite d’un récent message du président Macron vantant le Rafale auprès des Européens…], les attaques informationnelles pakistanaises ont occulté l’essentiel : à savoir que l’opération Sindoor a été succès militaire pour l’Inde. D’autant plus que cette dernière avait averti le Pakistan de ses intentions, à savoir frapper les camps terroristes soupçonnés d’être derrière l’attentat de Pahalgam.
European friends, you have a call. pic.twitter.com/VY7gmqPUKZ
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 20, 2025
Aussi, parer des frappes quand on sait où et quand elles auront lieu facilite les choses… d’autant plus, comme le relève une note du RUSI [Royal United Services Institute], un centre de réflexion britannique, les pilotes indiens ont agi « selon des règles d’engagement strictes interdisant de lancer des attaques contre des avions pakistanais ou de neutraliser préventivement les systèmes de défense aérienne ». Aussi, « accepter un risque opérationnel accru afin de limiter le conflit limiter le conflit aux infrastructures liées au terrorisme est révélateur de la retenue dont on a fait preuve l’IAF » dans cette affaire.
Quoi qu’il en soit, pour le RUSI, les forces indiennes ont démontré leur « capacité à identifier et détruire ce que New Delhi qualifiait d’infrastructures terroristes sur le territoire pakistanais en utilisant des armes de longue portée ». Et de souligner qu’elles ont également réussi à « déjouer la défense aérienne pakistanaise, fournie par la Chine, afin de cibler certaines bases aériennes pour la première fois depuis la guerre de 1971 ».
« Au-delà des pertes, l’opération indienne doit être évaluée à l’aune de son ampleur et de sa complexité […] Le simple fait que l’IAF ait pu frapper des cibles malgré la défense aérienne pakistanaise et mener des attaques ultérieures démontre sa capacité à mener des opérations coercitives de précision », a conclu le RUSI.
Quant au Rafale et au missile de croisière SCALP EG, les autorités indiennes s’en disent très satisfaites, contrairement aux rumeurs malveillantes qui circulent encore.
Le 25 juin, le site spécialisé Indian Defence Research Wing [IDRW] a rapporté que l’IAF avait exprimé son entière satisfaction quant aux performances des avions de combat Rafale et des missiles SCALP » et que l’attaché militaire indien en poste à Paris avait « officiellement exprimé » la gratitude de son pays pour le « rôle essentiel » qu’ils ont tenu durant l’opération Sindoor.
Ce qu’a confirmé le PDG de Dassault Aviation, Éric Trappier, lors d’une audition au Sénat. « On n’a pas les retours exacts de ce qu’il s’est passé, simplement la satisfaction des Indiens sur la réalité des missions qu’ils ont faites », a-t-il dit, avant toutefois de rappeler une évidence, à savoir que les pertes matérielles sont inhérentes aux conflits.
Quant aux attaques informationnelles, a poursuivi M. Trappier, elles « ne gênent pas ceux qui ont des Rafale » car « ils savent qu’elles sont fausses ». Cependant, a-t-il admis, « ça peut nous gêner dans certaines campagnes de prospection. Mais la problématique est avant tout politique ».
Reste que pour le PDG de Dassault Aviation, c’est, dans le fond, un « faux sujet » car « comme on est dans le temps long, les agitations de quelques jours de cette guerre informationnelle n’a pas du tout pris ni sur les utilisateurs du Rafale aujourd’hui, ni sur les futurs utilisateurs »… même si, a-t-il concédé, « il y a eu un moment d’inquiétude ».
La « réponse que je fais, c’est que le Rafale est évolutif et que, évidemment, on ne peut pas dire que le Rafale tel qu’il était hier est bon pour contrer les menaces d’aujourd’hui. On a évolué. On va encore évoluer avec le standard F5 », grâce aux retours d’expériences, dont celui de l’IAF, a conclu M. Trappier.
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Auteur : Laurent Lagneau
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