« Nous, Français de volonté, nous avons réagi » : comment Achille Muller, 100 ans aujourd’hui, a répondu à l’appel du 18 juin
À Saint-Jean-de-Luz, au Pays basque, le colonel Achille Muller aujourd’hui centenaire est l’un des neuf derniers survivants des Forces françaises libres. Il a commémoré le 85e anniversaire de l’appel du 18 juin et l’opération Ariel qui a permis l’évacuation de 190 000 personnes vers l’Angleterre.
L’Histoire avec un grand H s’est donné rendez-vous sur les quais de Saint-Jean-de-Luz. Face à la mer qui fut, il y a 85 ans, le dernier espoir de liberté pour des milliers de personnes fuyant l’occupation allemande, le colonel Achille Muller se tient droit malgré son âge vénérable.
Achille Muller est venu assister aux commémorations du 85e anniversaire de l’appel du 18 juin 1940 à Saint-Jean-de-Luz.
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© France 3 Euskal Herri Pays basque
Le colonel Achille Muller n’est pas un commémorant comme les autres. À 100 ans tout juste célébrés, il fait partie des neuf derniers membres encore vivants des Forces françaises libres. Sa mémoire, intacte, ravive le souvenir de ces jours où tout a basculé. « Nous avons vu fleurir à tous les coins de rue une banderole disant « vous aurez l’honneur de servir dans l’armée allemande ». Alors inutile de vous dire que nous Français de volonté, de foi, nous avons réagi », se souvient-il.
De nombreuses évacuations de jeunes combattants se sont faites depuis le port de Saint-Jean-de-Luz grâce à l’aide des pêcheurs basques.
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C’est cette réaction, cette indignation face à l’occupation, qui a poussé des milliers de Français à rejoindre le général de Gaulle en Angleterre, après son appel du 18 juin. Saint-Jean-de-Luz, dernier port libre de la côte atlantique en juin 1940, est devenu le théâtre d’une opération d’évacuation massive, nommée Ariel, aujourd’hui commémorée.
« De la Résistance à la Victoire » : cette plaque sur les quais de Saint-Jean-de-Luz rappelle le rôle du port basque dans l’Opération Ariel.
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Du 15 au 25 juin 1940, alors que les troupes allemandes progressaient inexorablement vers le sud de la France, les pêcheurs de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure ont accompli un acte de résistance remarquable. Jour et nuit, ils ont transporté militaires et civils depuis la côte jusqu’aux navires transatlantiques ancrés au large, trop imposants pour entrer dans le port.
Mon père était un soldat polonais qui a pu s’échapper grâce à ces pêcheurs courageux.
Janina StrukFille de soldat ayant été évacué
« J’ai découvert cette histoire après sa mort. J’ai retrouvé des cartes postales qu’il avait gardées de chaque étape de son périple. La dernière est ici à Saint-Jean-de-Luz datée du 24 juin 1940″, témoigne Janina Struk, venue spécialement pour la commémoration.
Janina Struck, fille d’un soldat polonais, a fait le voyage sur les traces de son père.
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Ce port basque était véritablement la dernière porte de sortie pour ceux qui souhaitaient continuer le combat aux côtés des Alliés. Parmi les réfugiés, des soldats de diverses nationalités, mais aussi de jeunes Français, parfois à peine sortis de l’adolescence.
De nombreux ports de la façade atlantique ont permis l’évacuation des forces alliées face à l’avancée des troupes allemandes.
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Michel Vaslin se souvient avec émotion de son frère qui, à l’époque, venait tout juste de passer son baccalauréat. « Il a entendu l’appel du général de Gaulle. Il y a eu une dizaine d’élèves de sa classe qui ont décidé de répondre à l’appel, relate-t-il. Il est venu du lycée en disant à mon père : « je m’en vais, il y a des bateaux qui partent en Angleterre » et il a fait cinq ans de guerre.«
Michel Vaslin est venu lui aussi se souvenir du courage de son frère aîné qui est parti combattre avec les FFL.
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Ces jeunes lycéens, qui n’avaient même pas attendu les résultats de leurs examens, ont tout abandonné pour répondre à l’appel du 18 juin. Un sacrifice que le colonel Muller est venu honorer, lui qui a fait le même choix il y a 85 ans.
Près de 190.000 personnes ont évacué la France occupée grâce à l’Opération Ariel.
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L’opération Ariel, souvent éclipsée dans les livres d’histoire par l’évacuation de Dunkerque, a pourtant permis le sauvetage de plus de 190 000 personnes depuis plusieurs ports de la façade atlantique française. À Saint-Jean-de-Luz, la mémoire de ces jours cruciaux reste vive, entretenue par les descendants de ceux qui ont choisi l’exil pour continuer le combat.
Auteur : Sabrina Corrieri
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