Macron va-t-en-guerre – L’Humanité
Louis-Albert Serrut
Essayiste et syndicaliste
Alors que sa dissolution intempestive de l’Assemblée nationale a réduit sa prééminence, Macron a imposé successivement à la majorité de gauche deux gouvernements de droite, le second (Bayrou) doté de ministres de droite extrême supplétifs du RN qui correspondent à son orientation politique réelle. Écarté du centre du pouvoir par les élections législatives qu’il a perdues après avoir été désavoué aux européennes, le Parlement retrouvant son rôle, voilà que Macron se saisit de la politique internationale et de la guerre pour revenir au-devant de la scène.
Il enchaîne les voyages, les rencontres, les rendez-vous. Et organise des sommets à deux, à cinq, à son goût, dont les principaux intéressés sont écartés, oubliés même. Il persévère dans son habitude de décider pour les autres, les citoyens, leurs organisations, les populations, les peuples, peu considérés, négligés.
Avec une légèreté coupable tout autant qu’irresponsable, ignorant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, seul et sans débat, Macron a remis le feu à la Nouvelle-Calédonie et méprisé les Sahraouis dans leur lutte pour l’autodétermination en les vendant au Maroc. Pour de magnifiques contrats commerciaux, il a bradé le sort d’un peuple et la dignité de la France.
Après s’être acharné depuis dix ans à briser les syndicats de salariés et restreindre leurs capacités à agir, il les convoque aujourd’hui à participer au mouvement pour la guerre. Avec sa tentative de retour à l’union sacrée d’un autre temps, il manifeste son ignorance du passé autant que son incapacité à penser le présent qui lui échappe.
Macron décrète l’économie de guerre pour justifier les futures restrictions économiques et sociales, les règles austéritaires qu’il promet. L’argent qui manque aux services publics, à l’éducation, la santé, la justice ou la jeunesse, il le trouve en centaines de milliards, par un tour de passe-passe, embarquant dans son délire guerrier le capital qui se réjouit de l’aubaine.
Que Macron n’ait pas su depuis dix ans anticiper les risques de conflits, cela ne le gêne pas. Il était trop préoccupé à distribuer des prébendes aux entreprises pour s’interroger au-delà. Et soudain, il va et vient, s’agite, est diplomate à la place des diplomates, général à la place des généraux, il dramatise, se pose en meneur, vibrionne comme la mouche du coche sans autre résultat qu’occuper la scène.
La paix n’est jamais évoquée, elle est sans doute pour lui trop complexe à envisager. La paix ne rapporte rien que des difficultés, quand la guerre profite aux profiteurs qui sont de son camp, celui du capital prêt à tout accepter, les trahisons et les reniements, l’extrême droite et la destruction guerrière.
Macron va-t-en-guerre, thème inespéré pour tenter de redonner quelque crédit à son personnage définitivement haï par tous. Il va-t-en-guerre, ce qui le rend tout aussi imprévisible que dangereux.
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Auteur : Louis-Albert Serrut
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