M. Macron a annoncé le lancement du projet d’avion spatial VORTEX pour la défense – Zone Militaire
L’actualisation de la Revue nationale stratégique, dont le contenu devrait être dévoilé en juillet, fera la part belle aux enjeux liés à l’espace. C’est en effet ce qu’a laissé entendre le président Macron, ce 20 juin, et ce que suggèrent les projets que le ministère des Armées vient de lancer, à l’occasion du salon international de l’aéronautique et de l’espace du Bourget.
En effet, la Direction générale de l’armement [DGA] a notifié à la société Eutelsat un accord-cadre en vue du lancement du programme NEXUS [Neo-Espace pour de multiples Usages Sécurisés], lequel vise à compléter, par des moyens placés sur une orbite basse, les capacités offertes par les satellites militaires de télécommunications géostationnaires Syracuse 4A et 4B.
Un second contrat a été notifié à l’entreprise Greenerwaves afin de doter les forces françaises d’antennes satellitaires « particulièrement performantes et accessibles ». Il s’agit de la concrétisation d’un projet lancé par l’Agence de l’innovation de défense [AID] en 2019. À l’époque, l’objectif était de mettre au point de nouveaux terminaux SATCOM compacts en s’appuyant sur les propriétés des « métasurfaces reconfigurables », qui permettent de contrôler les ondes électromagnétiques grâce à des algorithmes.
En matière de surveillance spatiale, la DGA a attribué, pour le compte du Commandement de l’Espace [CdE], le marché RIVESALT [Reconnaissance et Identification pour la Vigilance de l’Environnement Spatial à toutes les ALTitudes] à la société Aldoria. Aucun détail supplémentaire n’a été donné sur ce programme.
Autre projet annoncé : l’optimisation du développement de nanosatellites, au travers d’une note d’orientation industrielle contenant « plusieurs mesures concrètes » élaborées par la DGA.
Enfin, défendu depuis longtemps par Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation et souhaité par l’armée de l’Air & de l’Espace, le projet d’avion spatial VORTEX a officiellement été lancé. C’est en effet ce qu’a annoncé [et justifié] M. Macron, à l’occasion de sa visite au salon du Bourget.
« Notre Europe doit décider de redevenir une puissance spatiale, la France en étant au cœur. Et d’abord [sur le plan] militaire. Ce qui implique de nous doter, en Européens, de capacités de surveillance de l’espace, de commandement des opérations, de réactivité, de découragement de l’ennemi, avec une plus grande résilience de nos capacités souveraines. Et là-dessus, on en parlait encore hier avec le ministre [Sébastien Lecornu], le Délégué général pour l’armement et le chef d’état-major des armées, on doit aller encore plus vite et plus fort », a d’abord affirmé le locataire de l’Élysée.
Après avoir évoqué la « revisite » de la Loi de programmation militaire [dont il donnera le détail le 13 juillet] et rappelé qu’il considérait la Russie comme une « menace existentielle » pour les Européens, M. Macron a soutenu la nécessité de « monter l’investissement dans le spatial » de défense.
« Là aussi, nous attendons de l’innovation et c’est tout le sens du projet d’avion spatial porté par Dassault [Aviation], baptisé VORTEX [Véhicule Orbital Réutilisable de Transport et d’EXploration]. Il porte des possibilités d’avant-garde pour notre défense. Ce qui a été signé pendant ce salon est fondamental et c’est, pour moi, une avancée importante », a déclaré le chef de l’État, sans plus de précisions.
Le projet VORTEX avait été succinctement évoqué par M. Trappier, dans les pages du quotidien Le Figaro, le 17 juin. « Il s’agit à terme d’un ‘avion spatial’, un véhicule habité, capable de manœuvrer dans l’espace et de revenir sur Terre, une sorte de navette spatiale. […] Nous y allons par étapes, avec un démonstrateur que nous testerons en suborbital, puis en orbital, puis avec un équipage. Nous aurons besoin d’un petit lanceur très flexible pour le lancer », avait-il expliqué, après avoir évoqué des travaux menés avec la DGA et le Centre national d’ études spatiales [CNES].
Pour le moment, le ministère des Armées n’a pas encore donné de détails [calendrier, coûts, attentes] sur ce projet… qui, s’il se concrétise, dotera la France d’une capacité identique à celles mises en œuvre par les États-Unis [avec le drone spatial X-37B] et la Chine [avec le CSSHQ].
Pour l’armée de l’Air & de l’Espace, un tel engin permettrait de placer des charges utiles en orbite à moindre coûts, de récupérer des objets, voire manœuvrer autour de satellites potentiellement hostiles.
Pour ce projet, Dassault Aviation entend suivre un « processus d’innovation incrémental visant à initier, adapter et accélérer le développement des capacités des avions spatiaux ». Quatre étapes sont prévues : VORTEX D [démonstrateur à l’échelle 1/3], VORTEX S [« Smart Free Flyer » à l’échelle 2/3], VORTEX C [cargo] et VORTEX M [vol habité].
La phase VORTEX D visera à lever les risques « liés à la configuration de l’avion spatial dans les phases critiques d’une rentrée hypersonique », valider les principes de contrôle de vol et à tester plusieurs systèmes et nouvelles technologies clés.
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Auteur : Laurent Lagneau
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