L’Ukraine craint que la guerre entre Israël et l’Iran ne la relègue au second plan
Ces affrontements ont en outre fait grimper les cours de l’or noir, dont les revenus que la Russie tire de son exploitation constituent une manne financière essentielle dans son budget, notamment militaire. « Pour l’Ukraine, le défi réside dans les prix du pétrole car s’ils restent élevés pendant longtemps, les Russes en tireront davantage », a expliqué un dirigeant ukrainien qui a requis l’anonymat.
L’analyste militaire et blogueur ukrainien Sergiy Sternenko a été l’un des premiers à adresser une mise en garde à ce sujet, écrivant : « Ne vous emballez pas trop vite à propos des frappes contre l’Iran. Bien sûr, l’Iran est notre ennemi (…). Mais les combats au Moyen-Orient entraîneront inévitablement une hausse des prix du pétrole ».
L’Ukraine sur la touche ?
Dans le même temps, Kiev a salué les attaques d’Israël contre un État qui a directement aidé la Russie, lui fournissant en particulier des armes pour frapper le territoire ukrainien.
Les bombardements israéliens ont en effet coûté la vie à plusieurs hauts responsables et officiers de premier plan iraniens et ont exercé une pression sur les capacités militaires de l’Iran, ce qui risque de limiter l’appui concret qu’il peut apporter à l’armée russe.
« Le régime iranien est un allié de la Russie, donc plus il perd, mieux c’est », a résumé la source ukrainienne.
La possibilité d’un soutien et d’une attention moindres à son égard de la part de Washington inquiète cependant l’Ukraine.
Les États-Unis, les plus proches alliés d’Israël, ont clairement fait savoir sous Donald Trump que leurs priorités en matière de sécurité étaient le Moyen-Orient et l’Asie, au détriment de l’Europe.
Personne ne prétend entretenir des relations plus importantes que l’Amérique et Israël mais nous aimerions que l’aide à l’Ukraine ne soit pas réduite pour cette raison.
Cela pourrait signifier que de nouvelles avancées russes sur le champ de bataille ou des attaques aériennes meurtrières susciteraient une réaction plus modérée de la part d’une Maison Blanche qui considère déjà le conflit ukrainien comme étant principalement un problème européen.
Risque d’une aide réduite à Kiev
Les démarches de Kiev en vue d’obtenir une aide accrue de Washington ont, en outre, été compliquées par les relations tendues entre le président américain et son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky.
Ce dernier a récemment déclaré redouter que la contribution américaine à la défense d’Israël ne finisse par affaiblir le soutien à l’Ukraine.
« Personne ne prétend entretenir des relations plus importantes que l’Amérique et Israël mais nous aimerions que l’aide à l’Ukraine ne soit pas réduite pour cette raison », a martelé le dirigeant ukrainien.
Il a mentionné, pour illustrer ses propos, la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée après l’attaque précédent du 7 octobre 2023 en Israël par le Hamas palestinien. « C’est un facteur qui a ralenti l’aide à l’Ukraine », a noté le président ukrainien.
Dans un entretien avec des médias américains au début du mois, il s’était inquiété du fait que Washington pourrait envoyer au Moyen-Orient « 20 000 » missiles nécessaires à l’Ukraine pour abattre des drones russes.
De hauts responsables du gouvernement de Volodymyr Zelensky ont dit que le conflit dans la bande de Gaza avait incité l’Ukraine à se concentrer sur le développement de sa propre industrie d’armement.
Depuis le début, en février 2022, de sa vaste offensive sur le sol ukrainien, la Russie y a déversé des milliers de drones et de missiles, dont certains de fabrication et de conception iraniennes, ce que Téhéran nie.
La Russie obtient presque à coup sûr un avantage dans ce conflit car il détourne l’attention internationale de la guerre contre l’Ukraine.
Un « avantage » pour la Russie
Israël a affirmé avoir attaqué des sites de fabrication d’armements en Iran, qui a également tiré des nuées de projectiles sur Israël, lesquels ne peuvent désormais plus être fournis à la Russie pour attaquer l’Ukraine.
« Espérons que la production ou le transfert (d’armes) correspondant vers les Russes diminuera. Cela aidera l’Ukraine », a commenté Volodymyr Zelensky.
Le ministère britannique de la Défense a confirmé que les livraisons iraniennes d’armes à la Russie pourraient diminuer en raison de la guerre avec Israël. Il a toutefois relevé que l’attention mondiale portée au Moyen-Orient pourrait globalement profiter à Moscou.
« La Russie obtient presque à coup sûr un avantage dans ce conflit car il détourne l’attention internationale de la guerre contre l’Ukraine », a-t-il estimé sur les réseaux sociaux.
D’autant plus que les Russes produisent également leurs propres drones et des missiles et ont reçu des munitions de la Corée du Nord.
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