L’OTAN en route vers un effort de défense à 5% PIB lors du sommet de La Haye
C’est un Mark Rutte, le secrétaire général de l’OTAN, tout sourire, qui s’est exprimé devant la presse après la réunion des ministres de la Défense de l’Alliance, le 5 juin, à Bruxelles. En effet, il a obtenu de ces ministres un accord unanime concernant la feuille de route capacitaire de l’Alliance pour les années à venir, et la remontée en puissance des armées européennes qu’elle suppose, afin de faire face à l’évolution du potentiel militaire russe.
Cet accord pave, en effet, la voie pour que le sommet de La Haye, du 24 au 26 juin, devienne le sommet de la refondation et du renouveau, avec le très ambitieux objectif d’atteindre un effort de défense plancher, pour l’ensemble des membres, de 5 % du PIB, dont 3,5 % pour les seules armées, dans les quelques années à venir.
Cependant, au-delà de la confiance du secrétaire général de l’OTAN, il apparaît que l’accord demeure encore loin d’être concrétisé, même s’il semble inéluctable maintenant que les ministres ont validé cette montée en puissance capacitaire, alors que les tensions transparaissent déjà dans le discours, ou l’absence de discours, de certains de ses membres.
Sur quels aspects les ministres de la Défense de l’Alliance Atlantique se sont-ils entendus, ce 5 juin ? À quoi correspond cet objectif d’effort de défense de 5 % du PIB, d’abord réclamé par Donald Trump, puis repris par Mark Rutte ? Quelles sont les conséquences pouvant être anticipées sur la sécurité collective, une fois qu’il sera atteint ? Et comment des pays très exposés politiquement ou budgétairement, comme la Belgique, l’Italie, l’Espagne et la France, pourront-ils y parvenir ?
Sommaire
Les ministres de la Défense de l’OTAN se sont entendus sur la feuille de route capacitaire de l’alliance dans les années à venir pour contenir la menace Russe
Ces dernières semaines, de nombreuses déclarations, plus ou moins officielles, avaient tracé les contours des décisions qui seront prises à l’occasion du sommet de l’OTAN de La Haye, du 24 au 26 juin, aux Pays-Bas.
On en sait à présent beaucoup plus à ce sujet, à l’issue de la réunion ayant rassemblé, le 5 juin, les ministres de la Défense de l’Alliance atlantique, à Bruxelles. Lors de la conférence de presse donnée à l’issue de cette rencontre, le secrétaire général de l’OTAN, le Néerlandais Mark Rutte, a effectivement annoncé que l’ensemble des ministres avait avalisé le plan de reconstruction capacitaire resserré qui sera appliqué lors des quelques années à venir, et spécialement conçu pour contenir l’évolution de la menace russe.
Au sommet de La Haye, Mark Rutte proposera d’amener l’effort de défense exigé par l’OTAN à 5% PIB, dont 3,5 % pour les armées.
Cet accord ouvre la voie à un second accord, qui devrait être entériné à l’occasion du sommet de La Haye, lequel promet d’être un sommet historique. En effet, à cette occasion, les chefs d’État devraient s’entendre pour s’engager à augmenter leurs dépenses de défense, sur un calendrier resserré, à hauteur de 5 % de leur produit intérieur brut, dont 3,5 % pour la mission défense (“core defense” dans le texte), et 1,5 % pour les investissements de soutien, comme les pensions, les infrastructures et l’évolution de l’industrie de défense.
Selon Mark Rutte, les contours exacts de cet accord, notamment son calendrier et les périmètres de chacune des tranches, font encore l’objet de négociations, certains pays souhaitant notamment intégrer les actions en faveur du climat dans cette enveloppe, ou viser une échéance à 2035, et non 2032.
Pour autant, selon le secrétaire général, la trajectoire capacitaire étant d’ores et déjà fixée et validée, il ne doute pas qu’un accord final soit acquis lors du sommet. Il précise, par ailleurs, que les erreurs faites lors du sommet de 2014, ayant donné toute latitude aux États membres quant au calendrier des hausses budgétaires pour atteindre le seuil des 2 % du PIB à échéance 2025, ne seront pas reproduites, et que chaque pays devra respecter une trajectoire établie avec des échéances annuelles, pour contenir toute dérive.
Les négociations demeurent tendues pour définir les périmètres et le calendrier de ces objectifs qui bénéficient du très puissant soutien américain
Cependant, si beaucoup de ministres, à la sortie de cette réunion, affichaient une mine satisfaite lors de la traditionnelle photo de famille, certains d’entre eux affichaient davantage un visage fermé.
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Auteur : Fabrice Wolf
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