L’ONERA va coordonner des projets européens sur l’automatisation du combat aérien et la furtivité – Zone Militaire
Lors d’une récente audition parlementaire, Bertrand Rondepierre, le directeur de l’Agence ministérielle de l’intelligence artificielle de défense [AMIAD], avait insisté sur les obstacles qu’il fallait surmonter pour expérimenter des algorithmes censés permettre à un aéronef sans équipage de livrer un combat aérien.
« Il y a des acteurs qui proposent de faire des démonstrations. J’ai voulu savoir si l’on pouvait faire voler quelque chose. […] Là, on tombe dans le ‘oui mais c’est compliqué’ parce qu’il faut faire voler un avion et il y a des questions de sécurité », avait expliqué M. Rondepierre. « S’il y a deux ou trois questions qui se posent, je pense que ce n’est pas une excuse. Ce n’est pas ça qui doit nous ralentir. Mais on se heurte à des pratiques qu’on doit traiter en tant que telle », avait-il déploré.
Cependant, il faudra bien avancer sur cette question si l’on veut faire voler des drones de combat collaboratifs [CCA, Combat Collaborative Aircraft], comme le prévoit le projet de Système de combat aérien du futur [SCAF].
En attendant, l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] aura à se pencher sur cette question. En effet, le 12 mai, il a fait savoir qu’il venait d’être désigné par la Commission européenne pour coordonner le projet GARUDA [reconfiGurable Autonomous collaboRative UnmanneD Aircraft], lequel est financé par le Fonds européen de défense [FEDef] à hauteur de 9,5 millions d’euros.
Ce projet porte en effet sur « l’automatisation du combat aérien ». Il vise ainsi à « définir l’architecture des systèmes d’aéronefs de combat collaboratifs sans pilote [U-CCA] capables d’évoluer en fonction des besoins opérationnels ». Outre l’ONERA, il implique des entités de sept autres pays [République tchèque, Allemagne, Estonie, Belgique, Autriche, Pologne et Suède].
Par ailleurs, un second projet a été confié à l’ONERA. Appelé METASTEALTH et financé à hauteur de 4 millions d’euros par le FEDef, il doit permettre de mener des recherches sur la furtivité des aéronefs, notamment en améliorant leur discrétion électromagnétique en « exploitant le concept innovant de matasurfaces numériques ».
📊 Résultat global : plus de 11 M€ de financement pour l’ONERA afin de soutenir les travaux de recherche au service de la défense européenne.
📰 Communiqué officiel de la Commission👉 https://t.co/8XupoZX2TP
— ONERA (@onera_fr) May 12, 2025
Comme l’explique l’Agence de l’innovation de défense, les métasurfaces sont des « structures artificielles, composées de motifs géométriques disposés de manière spécifique » et « conçus pour interagir avec les ondes électromagnétiques, comme la lumière visible ou les ondes radio, de manière unique ».
Ainsi, en modifiant ces motifs géométriques il est « possible de faire en sorte que la métasurface réfléchisse les ondes électromagnétiques dans une direction précise ou les absorbe tel un filtre ». D’où l’intérêt de ce concept pour des revêtements censés rendre furtif un aéronef…
Le projet METASTEALTH intéresse la France, l’Espagne, la Grèce, la Lituanie, l’Allemagne et Chypre. À noter que l’Université Paris Nanterre y participera également.
Ces deux thèmes de recherche « bénéficieront » de nos « compétences en traitement de l’information et systèmes, électromagnétisme et radar, et aérodynamique », a précisé l’ONERA, qui est engagé dans trois autres projets européens, à savoir SCEPTER [guerre électronique], ENGRT2 [technologies liées aux hélicoptères] et MARTINA [analyse de l’imagerie satellitaire basée sur l’intelligence artificielle].
Photo : Métasurface – Agence de l’innovation de défense
Auteur : Laurent Lagneau
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