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L’italien Fincantieri et l’allemand TKMS s’allient pour proposer des sous-marins U212 NFS aux Philippines – Zone Militaire

Cela fait une trentaine d’années que les Philippines tentent de se doter d’une flotte de sous-marins, une telle capacité étant jugée cruciale pour lui permettre d’assurer la défense de ses possessions, dont certaines sont convoitées par Pékin, en particulier en mer de Chine méridionale. Mais, pour des raisons tant politiques que financières, sa marine est la seule de la région à en être dépourvue.

« Posséder au moins deux sous-marins est un rêve pour nous. Nous sommes un archipel. Nous devons donc disposer de ce type de capacité, car il est très difficile de défendre l’archipel tout entier sans sous-marins », a encore affirmé le général Romeo Saturnino Brawner Jr, le chef d’état-major des forces armées philippines, en février dernier.

Pourtant, l’achat de deux sous-marins à propulsion diesel-électrique fut mis en haut de la pile des dossiers prioritaires au cours de la dernière décennie. En 2018, Delfin Lorenzana, alors ministre de la Défense, avait dit « examiner la possibilité de s’en procurer auprès de la Corée du Sud, de la Russie et d’autres pays ».

À l’époque, Moscou avait proposé à Manille deux sous-marins appartenant à la classe Kilo, avec des facilités de paiement et un prêt à taux réduit. Il était même question de livrer le premier exemplaire à la marine philippine avant 2023. L’offre avait séduit le président Rodrigo Duterte d’autant plus que ce dernier voulait prendre ses distances avec les États-Unis. Mais aucun accord ne fut signé, probablement en raison des pressions américaines.

Par la suite, la piste d’un achat de sous-marins Scorpène auprès de Naval Group prit de la consistance. « La marine [des Philippines] considère que la France doit être le fournisseur de nos sous-marins. Et les Français sont aussi bons pour fabriquer aussi des avions », avait lâché M. Lorenzana, en janvier 2020.

Puis, en octobre de la même année, la Philippines News Agency [PNA] révéla que le Scorpène « figurait en tête de liste des plateformes sous-marines envisagées par les responsables de la marine » des Philippines. Le mois suivant, Naval Group inaugura un bureau à Manille.

Seulement, hormis la commande d’un système de défense anti-torpilles basé sur la solution de contre-mesures CANTO/CONTRALTO pour les deux frégates de la classe Jose Rizal de la marine philippine et malgré la volonté de Paris de nouer une « intimité stratégique » avec Manille ainsi que la formation de sous-mariniers philippins à Brest, Naval Group n’a toujours pas conclu d’accord concernant les sous-marins Scorpène…

Et pour cause. D’autres industriels se sont mis sur les rangs, dont le sud-coréen Hanwha Ocean et l’espagnol Navantia. Le premier a soumis la candidature Dosan An Chang-ho [ou KSS-III] tandis que le second a proposé à Manille deux S-80 [classe « Isaac Peral »] pour environ 1,5 millard d’euros avec, en prime, la formation de leurs équipages et de leur personnel de maintenance ainsi qu’un transfert de technologies pour assurer leur maintien en condition opérationnel [MCO] sur place.

Cela étant, d’autres prétendants viennent de se déclarer. En effet, le 16 avril, l’italien Fincantieri et l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems, par ailleurs concurrents pour l’appel d’offres polonais « Orka », ont signé un accord de coopération industrielle « dans le cadre d’un partenariat stratégique plus large visant à fournir à la marine philippine des solutions avancées de capacités sous-marines ». En l’occurrence, l’objectif est de proposer à Manille deux sous-marins U212 NFS. Soit le même modèle que celui destiné à la Marina Militare.

D’ailleurs, les deux industriels en font un argument commercial. « L’un des atouts de l’offre ‘U212 NFS’ réside dans le soutien opérationnel apporté par la marine italienne, garantissant ainsi à la marine philippine un niveau inégalé de formation, de doctrine et de logistique », avancent-ils.

Et d’ajouter : « L’offre comprend également une formation industrielle et opérationnelle spécialisée, permettant à la marine philippine de constituer rapidement un équipage de sous-mariniers structuré et hautement qualifié ».

Selon le PDG de TKMS, Oliver Burkhard, cet accord de coopération industrielle « constitue une excellente base pour d’autres projets conjoints dans le domaine des sous-marins ». En clair, il n’est pas question de s’arrêter à l’offre faite aux Philippines.

Pour rappel, Fincantieri est aussi lié à Naval Group, après avoir signé un accord de coopération industriel dans le cadre du projet Poseidon, qui ne concerne que les navires de surface. Les deux industriels possèdent, à parts égales, une coentreprise. Appelée Naviris, celle-ci a son siège social à Gènes tandis que son bureau d’études est implanté à Ollioules [Var].



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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