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L’état de situation en Iran en date du 20 juin 2025 avec le conflit Israël-Iran

Israël a intensifié ses frappes contre l’Iran ciblant prioritairement des installations nucléaires, des infrastructures de missiles et des institutions de sécurité. Par ailleurs, les cyberattaques qui perturbent le système bancaire iranien aggravent l’inquiétude de la population.

Dernières opérations contre des objectifs nucléaires et de missiles

Les Forces de défense israéliennes (FDI) ont frappé le réacteur à eau lourde d’Arak (Khondab) en Iran, dans le cadre d’une nouvelle vague d’attaques contre les infrastructures nucléaires et militaires à travers le pays.

Selon Tsahal, la frappe a visé le « scellement du cœur » du réacteur (qui est éteint), un composant essentiel à la production de plutonium, et a endommagé l’usine d’eau lourde adjacente.

Outre Arak, Tsahal annoncé avoir ciblé une installation d’armements près de Natanz qui serait utilisée pour développer des armes nucléaires.

Des images satellite ont également montré la destruction d’une autre installation à Sanjarian.

Par ailleurs, un responsable militaire israélien a déclaré à Reuters que Tsahal estime avoir frappé les deux tiers des lanceurs de missiles balistiques iraniens, bien qu’il en resterait plus d’une centaine.

Le 19 juin, le porte-parole de Tsahal, le général de brigade Effie Defri a confirmé qu’Israël avait frappé le quartier général des forces spéciales des Forces de sécurité intérieure du régime précisant : « nos frappes visent toutes les composantes de l’appareil militaire iranien, qui constituent toutes une menace pour l’État d’Israël.»

Le 18 juin, l’armée de l’air israélienne a bombardé le quartier général de la police de Téhéran.

Le même jour, des cyberunités israéliennes ont piraté les réseaux de la Radiodiffusion de la République islamique d’Iran (IRIB) et diffusé un message appelant les Iraniens à se soulever contre le régime.

La ministre israélienne de l’Innovation, des Sciences et de la Technologie, Gila Gamliel, a également publié une vidéo exprimant le soutien de Jérusalem aux dissidents iraniens.

Interrogé sur les perspectives de changement de régime en Iran, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré que, même s’il ne s’agissait pas d’un objectif, cela pourrait néanmoins être une issue : « la question du changement de régime ou de sa chute est avant tout l’affaire du peuple iranien. »

Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a intensifié ses menaces contre Khamenei le 19 juin, avertissant qu’il « ne pouvait plus exister. »

Le Conseil de coordination des banques iraniennes a annoncé le 19 juin que seulement 30 % des agences bancaires de Téhéran seraient opérationnelles du 20 au 25 juin, avec des horaires d’ouverture limités.

Le 18 juin, des Iraniens ont envoyé des vidéos aux médias de la diaspora, affirmant que plusieurs banques de villes comme Téhéran et Chiraz refusaient à leurs clients de retirer de l’argent de leurs comptes.

Axios avait rapporté le 17 juin que le groupe de pirates informatiques « Predatory Sparrow », lié à Israël, avait revendiqué la paralysie d’une banque iranienne.

Le même jour, plusieurs banques iraniennes, dont Bank Sepah et Bank Melli, auraient été mises hors ligne suite à ce qui semble être une cyberattaque coordonnée.

Des citoyens ont signalé que l’accès aux services bancaires en ligne avait été désactivé et que les cartes bancaires émises par Bank Sepah, Ansar Bank et Kosar Bank avaient cessé de fonctionner, ce qui témoigne d’une perturbation importante de la la structure financière iranienne.

Nomination de nouveaux responsables du CGRI

Suite à la neutralisation de nombreux hauts responsables iraniens par des frappes ciblées(1), l’Ayatollah Ali Khamenei a nommé de nouveaux commandants.

Il a fait appel au major-général Abdolrahim Mousavi (à gauche sur la photo ci-avant), le commandant en chef de l’armée iranienne, pour devenir le nouveau chef d’état-major des forces armées. Ce major-général de 65 ans est ainsi devenu le premier commandant de l’armée régulière à assumer cette fonction généralement réservée à un pasdaran (depuis la révolution de 1979, les mollahs ont toujours montré une grande défiance vis-à-vis de l’armée classique même s’ils ont liquidé tous ses cadres supérieurs.) La colonne vertébrale du régime repose sur les pasdaran (CGRI).

Moussavi a terminé sa formation militaire et ses études à l’Université supérieure de la défense nationale au lendemain de la révolution islamique iranienne de 1979 puis il a participé à la guerre contre l’Irak.

Pour diriger le CGRI, Khamenei a choisi le brigadier-général Mohammad Pakpour (à droite sur la photo ci-avant), un vétéran qui a fait sa carrière au sein de la garde prétorienne du régime. Il a dirigé les unités blindées du CGRI, puis une division de combat pendant la guerre avec l’Irak dans les années 1980.

Il a dirigé la composante terrestre du CGRI pendant 16 ans avant d’être nommé commandant en chef.

Le dirigeant suprême de l’Iran a également promu Amir Hatami au grade de major-général, le nommant comme commandant de l’armée.

Ce militaire de carrière de 59 ans a gravi les échelons durant la guerre déclenchée par l’Iraq, en particulier après l’ « opération Mersad » en juillet 1988. À savoir que les Moudjahidines du peuple (MEK), une formation politico-religieuse qui avait participé à la révolution pour renverser le Shah avant de passer dans l’opposition au nouveau régime puis ensuite rejoindre l’armée irakienne avaient connu une défaite retentissante.

Les États-Unis qui soutiennent depuis des décennies cette organisation – opposée au fils du Shah -, mettent beaucoup d’espoir dans cette formation. À noter qu’elle est rejetée par une majorité de la population iranienne qui la considère comme « traître à la Patrie » car elle est passée à l’ennemi lors de la « guerre sacrée ».

Le brigadier-général Majid Mousavi est le nouveau chef de la composante aérienne du CGRI. Il a eu un rôle important dans le développement des missiles balistiques et de drones en Iran. Il a travaillé en étroite collaboration avec Hassan Tehrani Moghaddam surnommé le « père du programme de missiles iraniens » est mort dans l’explosion d’un dépôt de missiles en 2011 jugé par Téhéran comme « accidentel » mais de nombreux analystes soupçonnent le Mossad d’être derrière cette opération à la fois « homo » et « arma ».

Khamenei, a aussi nommé le brigadier-général Mohammad Karami comme commandant de la composante terrestre du CGRI.

Cet officier général commandait auparavant le quartier général de Qods dans le sud-est de l’Iran, où il était responsable des opérations au Sistan-Baloutchistan avant d’être nommé gouverneur de la province.

La composante terrestre du CGRI a dix quartiers généraux régionaux : Qods (sud-est), Nabi Akram (ouest), Karbala (sud-ouest), Achoura (nord-ouest), Imam Hossein (centre), Seyyed al Shohada (région de Téhéran), Sarallah (commandement central/Téhéran), Imam Ali (nord), Amir al Momenin (centre-ouest) et Beit al Moqaddas (provinces occidentales).

Chaque quartier général supervise les opérations militaires et de sécurité intérieures dans sa zone de compétences.

Le brigadier-général Majid Khademi a été nommé à la tête de l’Organisation du renseignement du CGRI. Avant cette nomination, Khademi dirigeait l’Organisation de protection du contre-espionnage du CGRI.

Trois entités distinctes et indépendantes de renseignement et de sécurité opèrent au sein du CGRI :

1. l’organisation du renseignement du CGRI : créée au lendemain de l’élection présidentielle de 2009, elle est directement rattachée à Khamenei. Elle joue un rôle central dans le renseignement intérieur et la répression politique.

2. L’organisation de protection du CGRI : celle gère les tâches de sécurité et de protection plutôt que la collecte de renseignements. Parfois appelée simplement « Corps de protection », elle est chargée de la protection des hauts fonctionnaires, des sites sensibles et de la sécurité des voyages aériens civils.

3. L’organisation de protection du contre-espionnage du CGRI : contrairement à l’organisation du renseignement du CGRI ou à son prédécesseur, la Direction du renseignement du CGRI (avant octobre 2009), cette entité n’opère généralement pas en dehors du CGRI. Il s’agit plutôt d’une structure de renseignement interne axée sur le contre-espionnage et la prévention de l’infiltration.

Tous les commandants nouvellement promus ont proclamé leur engagement en faveur des représailles contre l’État hébreu avec comme slogan : « vous avez commencé la guerre, nous la terminerons. »

Les menaces du CGRI persistent

Tasnim News, affilié au CGRI, a publié le 19 juin une infographie intitulée : « liste des bases militaires américaines dans la région à portée de missiles iraniens. »

La carte désigne des bases américaines en Turquie, en Irak, à Bahreïn, en Jordanie, au Koweït, aux Émirats arabes unis, en Arabie saoudite, au Qatar, à Oman et en Syrie.

Le même jour, la Maison Blanche a annoncé que le président Trump déciderait d’ici début juillet si les États-Unis participeraient ou non à la campagne aérienne israélienne contre les installations nucléaires iraniennes, en attendant l’issue des négociations avec Téhéran.

Cette déclaration reflète un changement de position de Trump, après une semaine où il a alterné entre soutien à la diplomatie et menaces d’assassinat contre le guide suprême iranien.

Tout le monde est dans l’attente voulue, des décisions de la Maison-Blanche…

(1) Voir « IRAN ISRAËL : vers la chute du régime iranien ? » du 16 juin 2025.

Auteur : S.Henry

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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