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Les pilotes néerlandais de F-35A se plaignent de douleurs aux cervicales – Zone Militaire

Les cervicalgies, c’est-à-dire les douleurs au niveau du cou qui, généralement, disparaissent au bout de quelques jours ou semaines, affectent particulièrement les pilotes de chasse. Le vol sous facteur de charge, lors d’un combat aérien ou de manœuvres dites « check-six », et le port d’équipements supplémentaires, comme celui de jumelles de vision nocturne, en sont les principales raisons.

Selon une étude réalisée en 2016 pour les besoins d’une thèse de médecine [.pdf], environ 50 % des 311 pilotes de chasse et navigateurs officiers systèmes d’armes [NOSA] de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] interrogés confièrent avoir souffert de cervicalgies durant leur carrière. À peine un tiers d’entre eux ont dirent avoir « consulté leur médecin PN [personnel navigant] référent », la majorité se dirigeant « vers des thérapies manuelles [ostéopathes ou kinésithérapeutes] » et 40,8 % déclarèrent « ne pas pratiquer de renforcement musculaire spécifique du cou ».

Cela étant, une récente étude réalisée par le Centre pour l’homme et l’aviation [CML – Centrum voor Mens en Luchtvaart] de la force aérienne royale néerlandaise [KLu – Koninklijke Luchtmacht] a déterminé que neuf pilotes de F-35A sur dix se plaignent régulièrement de douleurs au cou et au dos. Ce qui n’est évidemment pas normal.

Pour son enquête, le CML a interrogé 61 pilotes de la KLu, âgés en moyenne de 36 ans et totalisant environ 1 900 heures de vol. Dans le détail, 83 % d’entre eux estiment que ces douleurs pouvaient avoir un « impact négatif sur les performances en vol » et 38 % disent que la sécurité des vols peut en être affectée. En outre, ceux qui souffrent de ces maux n’osent pas s’en plaindre ouvertement, par crainte de perdre leur aptitude.

De tels taux n’avaient pas été observés quand le F-16 était encore en service au sein de la KLu. Et l’origine de ce phénomène est à chercher du côté du F-35A.

Outre la force centrifuge, « une mauvaise position constitue également un problème. Cela est principalement dû à l’angle du siège éjectable du F-35, moins incliné que celui du F-16. Le poids des équipements, notamment celui du casque [le Gen III F-35 Helmet Mounted Display System, qui coûte 300 000 dollars pièce, ndlr], y contribue également », avance le CML. Qui plus est, le fait que les pilotes néerlandais « soient plus grands que la moyenne n’aide pas non plus », poursuit-il.

Aussi, au regard du prix d’un F-35 [environ 85 millions d’euros], le CML fait valoir qu’ « investir dans la santé des pilotes est essentiel » pour éviter les drames et garantir la préparation opérationnelle de la KLu.

Ce n’est pas la première fois que l’ergonomie du F-35 est mise en cause. En 2015, lors de tests d’éjection à basse vitesse réalisés avec le siège éjectable US16E fourni par Martin Baker, il était apparu que le cou des mannequins portant le casque Gen III F-35 Helmet Mounted Display System s’était brisé. Par la suite, il avait été décidé de ne pas faire voler des pilotes pesant moins de 61,5 kg à bord du F-35 tant que ce problème ne serait pas réglé.



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

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