Les F-35B britanniques auront une capacité de frappe air-sol limitée jusqu’en 2030 – Zone Militaire
Actuellement, la capacité air-sol des chasseurs-bombardiers F-35B mis en œuvre par la Royal Air Force et la Fleet Air Arm repose uniquement sur des bombes guidées de la gamme « Paveway », le ministère britannique de la Défense [MoD] ayant écarté l’idée de leur donner la possibilité d’emporter des missiles Brimstone.
En effet, dans le cadre de son initiative « Portfolio Management Agreement » [PMA], mise en œuvre à partir de 2010 afin de favoriser la production de munitions « complexes » souveraines, ce dernier confia à MBDA UK le soin de développer le missile de croisière SPEAR 3 [Selective Precision Effects At Range Capability].
Affichant une masse inférieure à 100 kg pour une longueur de 1,8 m, le SPEAR 3 est censé pouvoir atteindre des cibles fixes ou en mouvement à plus de 100 km de distance, grâce à un guidage inertiel et GPS, associé à une liaison de données, ainsi qu’à un turboréacteur Pratt & Whitney TJ-150.
Initialement, il était question de mettre en service le SPEAR 3 en 2025. Or, son premier tir d’essai n’a pu être effectué qu’en novembre dernier, avec le concours d’un Eurofighter Typhoon.
Que le développement de ce missile ait pris du retard n’est pas étonnant : rares sont les programmes d’armements qui tiennent les délais. Cependant, comme l’a rapporté le quotidien The Telegraph, la semaine passée, les F-35B britanniques ne sont pas près d’emporter des SPEAR 3.
En effet, répondant à une question écrite d’un député, le MoD a indiqué que « le programme SPEAR 3 était en cours de redéfinition » et que « la date estimée pour sa mise en service a été reportée au début des années 2030 ».
Par ailleurs, l’intégration du SPEAR 3 a été affectée par les difficultés de Lockheed-Martin à mettre au point la configuration TR-3 [Technology Refresh-3] du F-35, laquelle est censée ouvrir la voie à la version Block 4 de cet appareil. Pour rappel, celle-ci vise à ajouter 66 fonctionnalités inscrites dans son cahier des charges…
« Cela remet en cause la pertinence même du F-35 », estime The Telegraph. Et d’ajouter : « Il s’agit du dernier revers en date dans les efforts déployés depuis des années par le ministère de la Défense pour doter les avions F-35B d’un plus large éventail d’armements. De telles modifications doivent être approuvées par Washington ».
Le MoD n’a pas donné plus de détails sur cette affaire. Cependant, pour le député James Cartlidge, spécialiste des affaires militaires au sein du Parti conservateur [opposition], il est nécessaire d’adopter une nouvelle approche pour « accélérer la mise en service de nouvelles capacités » en acceptant une certaine prise de risque.
« Face aux menaces russes auxquelles nous sommes confrontés, il est essentiel que la Royal Air Force dispose rapidement des armes les plus modernes intégrées à tous ses avions de combat. […] L’Ukraine a pu intégrer rapidement le missile Storm Shadow sur ses avions Su-24 car elle s’est concentrée entièrement sur la mise en service de cette munition, même si cela supposait de se passer de longs essais et de certifications », a-t-il fait valoir dans les pages du journal britannique.
Auteur : Laurent Lagneau
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