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Les allemands Diehl Defence et Polaris vont développer un drone spatial armé de missiles air-air IRIS-T – Zone Militaire

En 2021, créée à l’ombre du Centre pour l’aéronautique et l’astronautique [Deutsches Zentrum für Luft- und Raumfahrt, ou DLR], l’entreprise Polaris Raumflugzeug fut chargée par le ministère allemand de la Défense d’évaluer le potentiel d’un « avion spatial » en matière de renseignement, via un contrat de 250 000 euros, attribué dans le cadre du programme RDRS [Rapid Deployable Reconnaissance System].

À l’époque, Polaris Raumflugzeug était en train de développer le concept de l’avion spatial à propulseur Aerospike « Aurora », afin de proposer un accès régulier et à faible coût à l’espace. Plus précisément, cet appareil devait être en mesure d’être mis en œuvre depuis des « pistes conventionnelles », avec la capacité d’emporter une charge utile – comme des satellites – de 800 à 1 000 kg.

Doté de quatre moteurs « classiques et du propulseur Aerospike linéaire AS-1 LOX, Aurora vise à offrir des « des capacités uniques pour répondre à divers scénarios de missions suborbitales / hypersoniques, que ce soit pour des activités commerciale ou la défense », avait expliqué l’entreprise.

En octobre dernier, après un premier échec, l’essai d’un démonstrateur de l’Aurora, appelé Mira II, donna satisfaction, avec le premier allumage en vol du moteur-fusée Aerospike, ce dernier ayant fonctionné pendant trois secondes au-dessus de la mer Baltique.

Ce qui fut suffisant pour convaincre le ministère allemand de la Défense, via le BAAINBw [Office fédéral des équipements, des technologies de l’information et du soutien en service de la Bundeswehr], de notifier un nouveau contrat à Polaris Raumflugzeug pour concevoir un « véhicule de recherche hypersonique à deux étages réutilisable ».

Alors que l’Aurora n’est pas encore au point, Polaris Raumflugzeug et le groupe Diehl Defence ont signé, la semaine passée, un accord de coopération « exclusif » avec l’ambition de développer un « système aéroporté de lancement et d’attaque » [AirLAS – Airborne Launching and Attack System], susceptible d’être intégré au Système de combat aérien du futur [SCAF].

Concrètement, il s’agit de doter un véhicule spatial réutilisable développé par Polaris Raumflugzeug de missiles air-air IRIS-T, d’une portée de 25 km.

« Les premiers essais en vol sont déjà prévus pour cette année. AirLAS, avec son fort potentiel pour des applications futures, y compris pour une utilisation possible dans des systèmes hypersoniques à longue portée, constituera la base des solutions innovantes de Diehl Defence et de Polaris », ont expliqué les deux entreprises, via un communiqué.

Notre « objectif principal est de développer des avions spatiaux révolutionnaires pour l’accès à l’espace et le vol hypersonique. Cependant, nous exploitons également notre technologie d’avion spatial pour renforcer les capacités de défense du monde démocratique avec des solutions innovantes et uniques », a ajouté Polaris Raumflugzeug.

De son côté, Diehl Defence a soutenu que l’association d’un « système porteur réutilisable » avec les « capacités exceptionnelles » de l’IRIS-T allait permettre de proposer une « solution économique et opérationnelle multidomaines qui répond aux défis actuels de la défense aérienne terrestre grâce à un concept innovant ».

Effectivement, l’AirLAS pourrait, par exemple, intercepter des objets [missiles, aérostats, etc.] dans la Très Haute Altitude [THA] ou offrir une capacité de frappe dans les milieux contestés. Mais encore faut-il passer de la théorie à la pratique… Et, à vrai dire, l’idée de fixer un missile IRIS-T sur l’intrados, comme le suggèrent les images, diffusées par Polaris Raumflugzeug via les réseaux sociaux, a de quoi rendre sceptique.



Auteur : Laurent Lagneau

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