Le système de vision déportée de l’avion ravitailleur KC-46A souffre encore de deux déficiences majeures – Zone Militaire
Suspendues en février après la découverte de fissures sur deux appareils qui venait de sortir des lignes d’assemblage de Boeing, les livraisons d’avions ravitailleurs KC-46A « Pegasus » devraient reprendre dans quelques jours, selon Darlene Costello, la responsable des acquisitions, de la technologie et de la logistique de l’US Air Force, lors d’une audition parlementaire, le 7 mai.
Pour autant, les soucis du KC-46A sont encore loin d’être terminés. En effet, la nouvelle version de son système de vision déportée [Remote Vision System – RVS 2.0], lequel est censé permettre à l’opérateur de ravitaillement en vol de contrôler le transfert de carburant vers un aéronef à ravitailler, aurait dû être certifié en 2024. Or, il n’en a rien été… Et il ne le sera pas avant 2027.
Le première version du RVS, développée par Collins Aerospace, avait été abandonnée car elle produisait des images déformées, ce qui était susceptible d’entraîner une collision ou d’endommager l’avion à ravitailler. D’où la décision de mettre au point le RVS 2.0 afin de corriger ces défauts, avec une batterie de nouveaux capteurs, d’écrans et de caméras ultra-haute définition 4K.
Seulement, lors d’une audition devant une sous-commission de la Chambre des représentants, le 6 mai, le chef d’état-major de l’US Air Force, le général David Allvin, a expliqué que le RVS 2.0 « fonctionne mais pas comme nous l’espérions ». Et d’ajouter qu’il faudrait au moins dix-huit mois de travail supplémentaires pour y remédier.
Selon le général Allvin, le KC-46 présente encore cinq déficiences de niveau 1, c’est-à-dire susceptibles de provoquer la perte de l’avion. Et deux concernent le RVS 2.0, a-t-il indiqué, sans donner plus détails.
Toutefois, a assuré Mme Costello, les « KC-46 sont d’excellents ravitailleurs, et lorsqu’ils seront équipés du RVS 2.0 complet, il n’y aura rien de comparable ». Ce qui reste à voir…
Par ailleurs, la responsable a indiqué que sur les 89 KC-46A livrés à l’US Air Force, 21 présentaient des fissures… « Tous, sauf trois, ont été réparés », a-t-elle dit.
Quoi qu’il en soit, comme l’a souligné le Directeur des tests opérationnels et des évaluations du Pentagone [DOT&E] dans son dernier rapport, le programme KC-46A « continue de souffrir de délais de réparation et de maintenance encore trop longs, en raison de problèmes d’approvisionnement en pièces nécessaires ». Ce qui n’est évidemment sans conséquences sur le taux de disponibilité des appareils déjà livrés.
D’où l’éventualité de prolonger les actuels KC-135 « Stratotanker », récemment évoquée par le général John D. Lamontagne, le « patron » l’Air Mobility Command [AMC].
« La recapitalisation de la flotte de ravitailleurs est absolument une priorité » mais « il faudra beaucoup de temps » pour acquérir les avions qui remplaceront les KC-135 les plus récents, qui ont « tous plus de 60 ans », avait confié le général Lamontagne au site spécialisé Defense One, en mars. »
Et d’ajouter : « Si nous recapitalisons le KC-135 à raison d’un escadron par an – ce qui est généralement notre méthode d’acquisition de plateformes -, nous pourrons faire voler le KC-135 jusque dans les années 2050. … Je pense que c’est vers cela que nous nous dirigeons ».
Auteur : Laurent Lagneau
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