Le Royaume-Uni et l’Allemagne vont développer conjointement un missile d’une portée de 2 000 km – Zone Militaire
En octobre dernier, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont renforcé leurs liens militaires en signant l’accord de Trinity House. Outre les questions opérationnelles, ce texte a surtout mis l’accent sur les coopérations industrielles en matière de défense. Parmi les projets évoqués, il était question de développer conjointement un système aérien autonome de surveillance maritime, un drone susceptible d’accompagner les avions de combat et d’une capacité de frappe à longue portée.
S’agissant de cette dernière, le ministère britannique de la Défense [MoD] précisa que l’objectif était de « travailler ensemble pour développer rapidement de nouvelles armes pouvrant frapper plus loin, avec plus de précision que les systèmes actuels, notamment le Storm Shadow ».
Pour rappel, ce missile, également appelé SCALP, a été développé via une coopération franco-britannique. Et, jusqu’à précent, ce doit aussi être le cas pour son successeur, dans le cadre du programme FMAN/FMC [Future Missile AntiNavire – Futur Missile de Croisère].
Cependant, le communiqué publié par l’homologue allemand du MoD n’évoqua pas le développement d’un nouveau missile de croisière air-sol susceptible de remplacer le KEPD-350 Taurus. En revanche, il expliqua que l’Allemagne et le Royaume-Uni allaient « travailler ensemble » sur un « développement rapide de capacités de frappes de précision dans la profondeur [DPS – Deep Precision Strike] » afin de pouvoir « assurer la dissuasion conventionnelle en Europe ».
Et d’ajouter qu’il s’agirait d’élaborer des « exigences communes » pour « promouvoir le développement de systèmes à longue portée, notamment dans le cadre de l’European Long Strike Approach » [ELSA].
Ayant fait l’objet d’une lettre d’intention signée en juillet 2024 par la France, l’Italie, la Pologne et l’Allemagne, puis, plus tard, par le Royaume-Uni et la Suède, le projet ELSA visa à développer un missile sol-sol, éventuellement balistique, pouvant avoir une portée supérieure à 2 000 km.
« Les États-membres de l’initiative sont invités à rejoindre des ‘clusters’ qui correspondent à autant de domaines prioritaires relatifs à la longue portée. La capacité de frappe sol-sol dans la grande profondeur opérative est bien évidemment un élément majeur des discussions », ont expliqué les députés Jean-Louis Thiériot [LR] et Matthieu Bloch [UDR] dans un récent rapport publié à l’issue d’une « mission flash » sur l’avenir de l’artillerie.
« L’initiative ELSA permet aux nations membres de préciser au sein de chaque ‘cluster’ leur besoin opérationnel et d’envisager un cadre doctrinal d’emploi des capacités concernées », ont-ils ajouté, avant de saluer cette « méthodologie de coopération innovante et souple qui ouvre la voie au réarmement européen dans le volet de la frappe de précision dans la profondeur ».
Quoi qu’il en soit, le projet évoqué par l’accord de Trinity House va se concrétiser. En effet, ce 15 mai, le MoD a fait savoir le Royaume-Uni et l’Allemagne « confirmeront pour la première fois qu’ils travailleront ensemble pour développer une nouvelle capacité de frappe d’une portée de plus de 2 000 km ». Et cela, à l’occasion d’une rencontre entre le ministre britannique de la Défense, John Healey, avec son homologue allemand, Boris Pistorius, à Berlin.
Cette « nouvelle capacité de frappe de précision dans la profondeur d’une portée de 2 000 km sera l’un des systèmes les plus avancés jamais conçus par le Royaume-Uni pour protéger la population britanniques et renforcer la dissuasion de l’Otan », fait valoir le MoD, sans donner plus de détails sur les caractéristiques, le coût et le calendrier de ce projet.
Pour le moment, le ministère allemand de la Défense n’a fait aucun commentaire.
« Le Royaume-Uni et l’Allemagne n’ont jamais été aussi proches, et l’accord de Trinity House a déjà un impact positif sur notre sécurité et notre économie. Ce partenariat nous aide à faire de la défense un moteur de la croissance, en créant des emplois, en renforçant les compétences et en stimulant les investissements dans les deux pays », a soutenu M. Healey.
Probablement que ce programme germano-britannique sera évoqué l’occasion de la réunion des ministres de la Défense du Groupe européen des cinq [E5, France, Italie, Pologne, Allemagne, Royaume-Uni] qui doit se tenir à Rome, le 16 mai.
Photo : British Army
Auteur : Laurent Lagneau
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