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Le Qatar envisage d’acquérir des avions ravitailleurs KC-46A auprès des États-Unis – Zone Militaire

Le 13 mai, alors que le président Trump effectuait une visite officielle à Riyad dans le cadre d’une tournée diplomatique au Moyen-Orient, la Maison Blanche a annoncé que l’Arabie saoudite s’était engagée à acquérir des équipements militaires américains pour un montant record de 142 milliards de dollars.

Cependant, aucun détail sur la nature des équipements en question n’a été donné, l’exécutif américain s’étant contenté d’indiquer qu’ils se répartissaient « en cinq grandes catégories », à savoir le développement des forces aériennes et des capacités spatiales, la défense aérienne et antimissile, la sécurité maritime et côtière, la sécurité des frontières et la modernisation des forces terrestres ainsi que la mise à niveau des systèmes d’information et de communication ».

Toutefois, quarante-huit heures plus tard, poursuivant sa tournée à Doha, M. Trump a donné plus de précisions sur les contrats d’armement que le Qatar envisageait de notifier aux industriels américains.

Ainsi, depuis la base d’al-Udeid, la plus importante emprise militaire occupée par les États-Unis au Moyen-Orient et qui, à ce titre, à tenu un rôle central dans leurs opérations menées en Afghanistan et en Irak, M. Trump a annoncé que le Qatar avait signé des contrats d’armement pour un montant total de 42 milliards de dollars.

« Hier [14/05], nous avons signé un accord pour l’achat par le Qatar d’équipements militaires américains de pointe pour une valeur de 42 milliards de dollars », a dit M. Trump. Et d’ajouter que des systèmes de défense aérienne THAAD [Terminal High Altitude Area Defense], des avions ravitailleurs KC-46A Pegasus, des véhicules blindés et des drones MALE [Moyenne Altitude Longue Endurance] MQ-9B SkyGuardian faisaient partie du lot.

En outre, M. Trump a indiqué que le Qatar allait investir « 10 milliards de dollars » pour moderniser la base d’al-Udeid « dans les années à venir ». Pour rappel, en janvier 2024, les forces américaines ont été autorisées à utiliser cette emprise pour dix ans de plus. À l’époque, les autorités qatariennes avaient déjà pris l’engagement de « fournir des ressources significatives pour accroître » ses capacités.

Quoi qu’il en soit, l’annonce sur l’achat de systèmes THAAD n’est pas une surprise : cela fait des années que le Qatar souhaite en acquérir.

En 2012, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains, avait recommandé au Congrès d’autoriser la vente potentielle au Qatar de deux batteries THAAD, de douze lanceurs, de 150 missiles intercepteurs, de deux radars AN/TPY et d’un radar d’alerte avancée pour un montant alors estimé à 6,5 milliards de dollars. Mais cet avis resta lettre morte.

« Nous nous réjouissons de la poursuite de la collaboration et des consultations avec les responsables qatariens et le gouvernement américain pour apporter au Qatar une capacité de défense aérienne et antimissile intégrée de niveau supérieur éprouvée au combat », a commenté Lockheed Martin, selon le site spécialisé Breaking Defense.

La commande de drones MQ-9B SkyGuardian n’est pas non plus un surprise. En mars, la DSCA a en effet autorisé le Qatar à s’en procurer huit exemplaires pour 1,96 milliard de dollars, la livraison de cent dix missiles air-sol Hellfire et de trois cents bombes BLU-111 étant comprise dans le devis.

En revanche, l’annonce sur l’achat d’avions ravitailleurs KC-46A Pegasus par le Qatar est surprenante. Même si la superficie de l’émirat ne justifie pas une telle capacité [sauf si la force aérienne de l’émir du Qatar veut pouvoir se « projeter »], Doha avait envisagé d’acquérir deux A330 MRTT « Phénix » en 2014. Du moins, c’est ce qu’avaient avancé les autorités françaises à l’époque. Seulement, aucune commande ne s’est concrétisée par la suite.

En outre, le KC-46A n’est pas encore pleinement opérationnel, Boeing ayant accumulé les déboires lors de son développement. Actuellement, cet appareil présente encore cinq déficiences de niveau 1, c’est-à-dire qu’elles peuvent entraîner sa perte. Et deux concernent son système de vision déportée [RVS 2.0 – Remote Vision System] qui ne sera pas fonctionnel avant 2027.



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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