Le manque de pilotes opérationnels « freine » la remontée en puissance de l’armée de l’Air, selon un rapport – Zone Militaire
En 2023, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] a recruté cinquante élèves officiers du personnel navigant [EOPN] ayant au minimum le niveau « baccalauréat », dont quatre télépilotes, douze navigateurs officiers systèmes d’armes [NOSA], dix pilotes d’hélicoptères et vingt-quatre pilotes [chasse et transport]. Mais cette filière n’est pas la seule : chaque année une cinquantaine d’élèves sont admis au sein du corps des officiers de l’air, après avoir réussi le concours d’entrée à l’École de l’Air & de l’Espace.
Ce flux de recrutement est-il suffisant ? En tout cas, dans le rapport intitulé « Masse et haute technologie : quels équilibres pour les équipements militaires français ? » qu’ils viennent de publier, les députés Thomas Gassilloud et Damien Girard ont relevé que « l’enjeu de formation et de maintien des compétences des opérateurs » était « particulièrement vif pour les pilotes de l’AAE ».
« Si le Rafale présente un temps de formation similaire à celui du Mirage 2000 [autour de 200 heures de vol pour maîtriser l’ensemble des missions], la réduction du nombre de plateformes a pesé sur les capacités d’entraînement, un problème également rencontré sur l’aviation de transport et les hélicoptères », ont d’abord rappelé les deux rapporteurs. Or, ont-ils ajouté , « aujourd’hui « c’est inversement le nombre de pilotes opérationnels qui freine la remontée en puissance de l’AAE pour d’éventuels engagements de haute intensité ».
Au passage, le format de l’aviation de chasse n’a pas augmenté. Au 31 décembre 2023, l’AAE comptait 196 avions de combat [à savoir 97 Rafale, 64 Mirage 2000D, 28 Mirage 2000-5F et 7 Mirage 2000D]… Et selon les orientations données par la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, elle disposera de 180 appareils [137 Rafale et 50 Mirage 2000D RMV] à l’horizon 2030.
En attendant, selon MM. Gassilloud et Girard, l’AAE a trouvé une solution en renforçant « l’abonnement aérien », lequel « avait été réduit depuis la Guerre Froide ». Ce dispositif vise « à entretenir les compétences des pilotes de chasse ayant évolué vers des emplois de cadres, avec un entraînement maintenu de 40 heures de vol par an », expliquent-ils.
Ainsi, « dans l’aviation de chasse, des patrouilles mixtes permettent d’assurer l’entraînement des jeunes pilotes par des pilotes expérimentés relevant de l’ ‘abonnement aérien’. Des réflexions sont conduites pour l’extension de ce type de dispositif aux pilotes d’avions de transport et d’hélicoptères », ont conclu les deux députés.
Photo : AAE
Auteur : Laurent Lagneau
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