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Le Japon dénonce l’attitude de chasseurs embarqués chinois J-15 à l’égard de l’un de ses avions de patrouille maritime – Zone Militaire

Le 10 juin, le Japon a indiqué qu’il avait déployé des moyens aériens et navals pour surveiller les activités – inédites – de deux groupes aéronavals chinois présents dans sa zone économique exclusive [ZEE], plus précisément entre l’archipel d’Ogasawara et l’île de Guam.

« C’est la première fois que deux porte-avions chinois [les CNS Liaoning et CNS Shandong] sont aperçus en opération simultanément dans le Pacifique », a ainsi souligné un porte-parole du ministère japonais de la Défense. « Nous pensons que l’objectif de l’armée chinoise est d’améliorer sa capacité opérationnelle et son aptitude à effectuer des opérations dans des zones éloignées », a-t-il ajouté.

Le groupe aéronaval du CNS Liaoning est particulièrement étoffé étant donné qu’il se compose de deux « destroyers » de type Luyang III, de deux frégates de type Jiangkai II, de deux puissants croiseurs de type 055D [le CNS Nanchang et le CNS Wuxi] ainsi que d’au moins un pétrolier ravitailleur. La présence d’un sous-marin n’est pas exclue.

Comme elle ne l’est pas non plus au sein de l’escorte du CNS Shandong, celle-ci étant formée par un « destroyer », deux frégates et un navire de soutien.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a balayé les préoccupations japonaises au sujet de la présence de ces deux groupes aéronavales dans sa ZEE. Leurs activités « dans les eaux concernées sont pleinement conformes au droit international et aux pratiques internationales. La Chine mène une politique de défense nationale de nature défensive. Nous espérons que le Japon considérera ces activités avec objectivité et rationalité », a fait valoir Lin Jian, son porte-parole.

Seulement, la composante navale de l’Armée populaire de libération [APL] n’apprécie pas que l’on puisse surveiller l’activité de ses groupes aéronavals. Et elle l’a fait comprendre, d’une manière musclée, aux forces d’autodéfense japonaises.

En effet, selon Tokyo, le 7 juin, l’un de ses avions de patrouille maritime P3C Orion a été approché par un chasseur J-15, armé de missiles et appartenant au groupe aérien embarqué [GAé] du porte-avions CNS Shandong. La séquence a duré quarante minutes.

Selon le ministère japonais de la Défense, le J-15 s’est « approché à 45 mètres parallèlement à l’avion de patrouille maritime, soit à une distance suffisamment courte pour risquer une collision ».

Un scénario quasiment identique s’est joué le lendemain. Un P-3C Orion a été suivi pendant quatre-vingts minutes par au moins un J-15. Puis, ce dernier a coupé la trajectoire de l’avion japonais à 900 mètres de distance. Distance « qui peut être parcourue en quelques secondes, a souligné le ministère.

« Nous ne pensons pas que ces approches aient été faites par erreur. Étant donné qu’elles se sont produites pendant 40 et 80 minutes, pendant deux jours consécutifs, nous comprenons que cela a été fait intentionnellement », a commenté le général Yoshihide Yoshida, le chef d’état-major des forces d’autodéfense japonaises.

Pour le ministère japonais de la Défense, « de telles approches inhabituelles de la part d’avions militaires chinois pourraient conduire à une collision accidentelle ». Ce qui a justifié l’envoi d’une note de protestation à la Chine par le voie diplomatique.

Comme on pouvait s’y attendre, Pékin a rejeté la responsabilité de ces incidents sur le Japon.

 » La cause profonde du risque pour la sécurité maritime et aérienne était la reconnaissance rapprochée des activités militaires normales de la Chine par un avion de guerre japonais. […] La partie chinoise exhorte la partie japonaise à mettre fin à ce genre de comportement dangereux », a répondu le ministère chinois des Affaires étrangères.

Ce n’est cependant pas le premier incident de ce type entre les forces japonaises et chinoises. En mai 2014, des Su-27 « Flanker » de l’APL s’étaient approchés à 50 mètres d’un P-3C Orion et à moins de 30 mètres d’un avion de renseignement électronique YS-11B. À l’époque, les deux appareils japonais surveillaient l’exercice naval sino-russe « Union maritime 2014 », organisé non loin des eaux territoriales de l’archipel.

Depuis, les forces aériennes canadiennes et australiennes ont également fait état d’incidents du même genre, survenus lors de missions conduites dans le cadre de l’UNSC ECC [United Nations Security Council Enforcement Coordination Cell], c’est-à-dire la structure des Nations unies chargée de documenter les violations des sanctions infligées à la Corée du Nord.

En octobre 2023, le Pentagone avait fait état de « plus de 180 incidents » entre des aéronefs américains et chinois depuis l’automne 2021, soit « plus qu’au cours de la décennie écoulée ». Et en tenant compte ceux ayant concerné les « forces partenaires », le bilan total était alors de « près de 300 » incidents



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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