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L’armée norvégienne a dirigé vers une cible des bombes planantes larguées par des F-15E américains – Zone Militaire

En schématisant, le combat collaboratif consiste à établir une situation tactique en fonction des informations collectées par des capteurs mis en œuvre par plusieurs plateformes [navire, blindé ou aéronef] afin d’être ensuite en mesure de « traiter » une menace par l’unité la mieux placée pour le faire.

La Marine nationale a démontré une telle capacité, dénommée « veille coopérative navale » [VCN], avec la destruction d’une cible représentative d’un missile antinavire par un missile surface-air Aster 30 tiré par une frégate multimissions grâce aux données transmises par le radar S1850M de l’une de ses deux frégates de défense aérienne [FDA].

Le combat collaboratif fait partie de ce que l’on appelle les opérations « M2MC » [multi milieux et multi champs].

Ainsi, lors de l’exercice Ramstein Flag 2025, organisé en avril, un chasseur-bombardier F-35A de la force aérienne royale néerlandaise [Koninklijke Luchtmacht, KLu] a transmis les coordonnées d’une cible qu’il venait de détecter et d’identifier à un lance-roquettes multiple PULS. Et cela grâce au système Keystone qui, développé par Lockheed Martin, permet des échanges rapides et sécurisés de données entre différentes plateformes.

« De la recherche de la cible à sa destruction par le système PULS, ce processus n’a pris que quelques minutes », a précisé le ministère néerlandais de la Défense. « C’est la première fois qu’une telle opération est réalisée en Europe avec des avions F-35 », a-t-il souligné, après s’être félicité d’avoir « franchi une étape importante dans les opérations multi domaines ».

Lors d’une récente expérimentation appelée « Jotun Strike » et menée avec le concours de l’US Air Force pour éprouver son concept « d’armes en réseau », les forces armées norvégiennes sont allées plus loin, au point qu’elles parlent d’une “avancée révolutionnaire”.

Ainsi, selon un communiqué diffusé le 28 mai, deux F-15E américains ont largué deux bombes planantes GBU-53B StormBreaker alors qu’ils survolaient les approches de la Norvège.

Puis, grâce à une liaison radio, des soldats norvégiens ont pris le contrôle de ces deux munitions afin de les diriger vers des cibles qu’ils avaient eux-mêmes désignées. La trajectoire des bombes a été ajustée en permanence grâce à des données fournies par un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon de la Luftforsvaret [force aérienne royale norvégienne, ndlr].

Les munitions larguées par les F-15E « sont intégrées à un réseau numérique de capteurs, de systèmes de commandement et de plateformes. Grâce à un émetteur radio intégré, les militaires peuvent communiquer avec l’arme après son tir, modifier sa trajectoire, changer de cible ou interrompre une attaque. Le tout en fonction des mises à jour reçues en temps réel », explique l’état-major norvégien.

Ce concept est développé depuis 2019 par NOBLE [Norwegian Battle Lab & Experimentation], une structure relevant du quartier général opérationnel des forces armées norvégiennes.  » C’était le test ultime. J’étais impatient de voir si le logiciel que nous avons développé fonctionnerait comme prévu, même si nous avions effectué tous les préparatifs et tests possibles en amont », a commenté le colonel Roger Samuelsen, son directeur.

L’expérimentation Jotun Strike est « un bon exemple de la manière dont nous développons les forces armées norvégiennes et maintenons notre avance technologique. Notre capacité à délivrer de la puissance à distance, avec précision, devient un élément de plus en plus important de notre concept de défense », a fait valoir l’amiral Rune Andersen, le commandant du quartier général opérationnel norvégien.

Ce concept opérationnel fait appel uniquement à des technologies déjà disponibles et le logiciel mis au point par NOBLE pour les systèmes de commandement et de contrôle permet de prendre le contrôle d’une arme en réseau via la Liaison 16.

Pour le capitaine Brett Stell, du 494th Fighter Squadron de l’US Air Force, Jotun Strike est une “démonstration de ce à quoi ressemblera le combat du futur ». Et d’ajouter : « Avec nos partenaires norvégiens, nous avons prouvé qu’une arme lancée depuis une plateforme américaine peut être guidée par un capteur norvégien sur tous les terrains et toutes les distances. Ce niveau d’intégration démontre notre capacité commune à mener des engagements complexes en réseau, même dans des environnements contestés. »

Le F-15E a été certifié pour emporter des GBU-53/B StormBreaker en 2020. Le tour du F-35A ne devrait pas tarder… et une fois que cela sera fait, il pourra en emporter seize exemplaires au total, à savoir huit en soute et huit en externe. D’une masse de 90 kg, cette bombe est équipée d’un autodirecteur tri-mode utilisant un radar infrarouge à imagerie et à ondes millimétriques. Sa portée est d’environ 72 km.

Photo : Torbjørn Kjosvold – Forces armées norvégiennes



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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