L’armée de l’Air et de l’Espace déclare sa flotte d’A400M Atlas « pleinement opérationnelle » – Zone Militaire
Livrés à partir de 2013, les premiers avions de transport de l’A400M « Atlas » de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] ne pouvaient effectuer que des missions basiques, comme acheminer 37 tonnes de fret d’un point A à un point B. Et pour cause : toutes les fonctionnalités inscrites dans le cahier des charges de cet appareil étaient encore loin d’être disponibles, ce qui valut à Airbus quelques discussions « toniques » avec Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense.
En outre, au retard pris dans la mise au point de ses capacités tactiques [autoprotection, ravitaillement en vol des hélicoptères], l’A400M fut confronté à des problèmes récurrents au niveau de ses turbopropulseurs TP400, avec notamment des soucis avec son système informatique chargé du contrôle de ses derniers [FADEC – Full Automatic Digital Engine Control] et une usure prématurée des boîtes relais des réducteurs d’hélices [PGB – Propeller Gear Box].
Évidemment, cela ne put que jouer sur le taux de disponibilité des A400M de l’AAE… Au point que le général André, qui était alors son chef d’état-major, parla d’une « crise des moteurs ». Celle-ci n’était pas encore totalement terminée en 2023.
« Au début de l’année, nous avons dû changer beaucoup plus de moteurs que prévu. Le moteur, c’est aujourd’hui le point sur lequel se concentrent certaines problématiques qu’il faut encore traiter sur cet avion », avait témoigné le général Fabrice Feola, alors commandant de la Brigade aérienne d’assaut et de projection [BAAP], dans les pages du magazine Planète Aéro, en décembre 2023.
Pour autant, le général Feola s’était voulu rassurant. « Il y a sur ce point une maturité collective à acquérir, en partenariat avec l’industriel. Il faut par exemple que l’on exploite au mieux la masse de données que l’on commence à avoir sur l’utilisation des moteurs pour étudier la possibilité de faire évoluer certaines tolérances. C’est certainement une voie d’amélioration », avait-il expliqué.
Quoi qu’il en soit, au fil du temps – et de ses versions [EIOC, SOC 1, 2 et 3], l’A400M a progressivement intégré les fonctionnalités qu’il était censé posséder.
Dotés de la Liaison 16 et de systèmes de détection et de contre-mesures infrarouge, les A400M de l’AAE sont désormais en mesure de ravitailler vol des avions de combat [Rafale, Mirage 2000 et Typhoon], un autre A400M et, surtout, les hélicoptères H225M Caracal. La mise au point de cette capacité avait donné beaucoup de soucis aux ingénieurs d’A400M…
Plus encore, l’A400M peut se poser sur des pistes en terre, en herbe ou en sable de 1 000 m de long et 20 m de large [et, évidemment, en décoller], réaliser un poser d’assaut avant de redécoller en moins de 3 minutes, larguer des parachutistes par les portes latérales en ouverture automatique ou depuis la rampe arrière et effectuer des largages de fret par éjection ou par gravité.
Ces derniers mois, l’EMATT [Équipe de marque – Avion de transport tactique], qui relève du Centre d’expertise aérienne militaire [CEAM] n’a pas ménagé ses efforts pour mettre à l’épreuve d’autres fonctionnalités de l’A400M, comme le suivi de terrain automatique à très basse altitude et « sans référence visuelle », le largage de chuteurs opérationnels à très haute altitude sous oxygène ou encore l’autoprotection face aux menaces électromagnétiques. En janvier, l’aptitude de l’avion à se poser sur des terrains enneigés ou couverts de glace a été vérifiée.
Cette campagne d’essais et d’évaluation s’est récemment conclue par la validation de la capacité de l’A400M à larguer l’embarcation commando à usage multiple [ECUME] par la Direction générale de l’armement [DGA]. D’où l’annonce faite par Airbus, ce 19 juin.
Alors que les 24 A400M de l’AAE [un 25e sera livré cette année, ndlr] ont effectué plus de 50 000 heures de vol et pris part à plusieurs opérations [Barkhane, Apagan, Sagittaire, etc.] depuis 2013, l’armée de l’Air et de l’Espace a déclaré leur pleine capacité opérationnelle [FOC – Full Operational Capability].
« Une capacité opérationnelle complète ne concerne pas seulement les avions mais aussi les équipages, la formation, la maintenance et les infrastructures », rappelle Airbus, avant de se féliciter que la « flotte française venait d’atteindre un niveau de maturité définitif ».
Pour le moment, il est prévu que l’AAE soit dotée « d’au moins » 37 A400M sur les 50 initialement envisagés. Mais il n’est pas impossible que cette « cible » soit revue à la hausse dans les années à venir.
Outre le remplacement des C-130H Hercules [voire celui des C-130J], l’avion de transport d’Airbus pourrait en effet se voir confier des tâches plus offensives, au point de devenir un appareil multirôle. D’ailleurs, via le réseau social X, l’AAE a confirmé que l’A400M aura la capacité de larguer des munitions téléopérées [MTO] et des missions de renseignement.
L’#A400M Atlas atteint sa pleine capacité opérationnelle ! Annoncée au @salondubourget, cette étape confirme la maturité de notre fleuron tactique. Projection de puissance, ravitaillement en vol, opérations spéciales… et bientôt : largage de munitions téléopérées, rens, vol TBA. pic.twitter.com/WTIlpu9pyY
— Armée de l’Air et de l’Espace (@Armee_de_lair) June 19, 2025
Auteur : Laurent Lagneau
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