La sépulture d’une résistante retirée du cimetière de Fougères. Une décision courante, mais qui a choqué des associations

Le retrait de la sépulture de la résistante Odile Gautry du cimetière de Fougères, en Ille-et-Vilaine, fait réagir.Une information qui a ému le collectif Mémoires ouvrières du pays de Fougères et l’Institut d’Histoire Sociale CGT. Tous deux ont interpellé le maire de la ville. La mairie dit s’inscrire « dans le cadre légal d’une fin de concession funéraire ».

Ce printemps, la sépulture d’Odile Gautry, figure de la résistance à Fougères en Ille-et-Vilaine, a été retirée du cimetière du Bon Pasteur. Une situation qui a heurté bon nombre d’habitants. Dans une lettre ouverte au maire de Fougères, Louis Feuvrier, le collectif Mémoires ouvrières du pays de Fougères et l’Institut d’Histoire Sociale CGT, ont interpellé ensemble la municipalité sur cet état de fait « incompréhensible et choquant ». 

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Dans cette lettre, Françoise Payen et Yannick Tizon rappellent que « cette année nous commémorons les 80 ans de la libération de notre pays, les alliés y ayant une place particulière, mais aussi tous ces hommes et toutes ces femmes qui se sont engagés et ont lutté dans la Résistance pour défendre les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, au péril de leur vie, pour libérer la France du joug nazi. Comment dans ces conditions, connaissant vous-même l’engagement de ces hommes et de ces femmes, avez-vous pu laisser démanteler la tombe d’Odile Gautry, figure incontestée de la résistance locale ? ».

Odile Gautry était une enseignante et résistante bretonne qui a organisé des actions clandestines contre l’occupant allemand durant la Seconde Guerre mondiale, notamment en préparant des combats et en recueillant des renseignements, et qui a été reconnue pour son dévouement en recevant la médaille de la Résistance Française en 1947.

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Sa tombe était jusqu’ici régulièrement fleurie à la Toussaint par deux femmes, Martine Ferrand, retraitée et ancienne présidente du cercle généalogique de Fougères, et surtout son amie Marie-Aude Morice, également retraitée, qui début mai, n’ont plus retrouvé la tombe d’Odile Gautry. « J’y suis allé deux week-ends de suite, sans retrouver la tombe, nous avons découvert quelqu’un d’autre à la place » raconte Martine Ferrand.

Or, toutes d’eux avaient déjà alerté la mairie en mai 2023 et 2024 sur la fin prochaine de cette concession funéraire, « en demandant à la mairie de transformer cette concession en perpétuité« .

Du côté de la ville de Fougères, la mairie a communiqué ce 20 mai : « La concession de cette sépulture, au nom de Marie-Thérèse Gautry née Lemane (Odile Gautry étant son nom de résistante ) a en effet pris fin le 7 janvier 2025. A l’approche de cette fin de concession, la Ville de Fougères a retrouvé et contacté une ayant-droit qui a renoncé, de même que ses sœurs, à la concession par un courrier en date du 15 mars 2025. La procédure administrative a donc suivi son cours et la tombe a été « relevée » et la concession reprise », indique le communiqué de la ville. 

Pour tracer le futur, on a besoin de se souvenir de ces actes de résistance. La mairie aurait pu prendre la concession à sa charge.

Françoise Payen

Coordinatrice du collectif Mémoires ouvrières du pays de Fougères

En effet, depuis la mi-avril, le caveau de la famille Gautry est désormais occupé par une autre famille.

Ce qui fait bondir Françoise Payen, coordinatrice du collectif Mémoires ouvrières du pays de Fougères : « Il ne faut pas effacer la mémoire. Pour tracer le futur, on a besoin de se souvenir de ces actes de résistance. La mairie aurait pu prendre la concession à sa charge », s’indigne-t-elle. 

La mairie de Fougères justifie le retrait de la sépulture par un projet mémoriel en préparation depuis 2023. Mené avec le Souvenir Français, ce projet vise à créer « un lieu de mémoire en hommage à l’ensemble des Morts pour la France, résistantes et résistants du pays de Fougères« .

La Ville affirme être « très attentive et très engagée » dans le travail de mémoire. Odile Gautry, figure de la Résistance locale, « y trouvera toute sa place« . Dans l’attente, une plaque commémorative sera apposée au cimetière, en accord avec le Souvenir Français, tandis qu’une seconde plaque sera installée à l’école qui porte son nom depuis 1984.