Forces

La Royal Air Force a mis en service un drone de guerre électronique pour appuyer ses F-35B et ses Typhoon – Zone Militaire

L’une des caractéristiques de l’aviation de chasse du futur est la capacité pour un chasseur-bombardier de mettre en œuvre des drones de combat [« ailiers fidèles », effecteurs connectés] au sein d’un « système de systèmes ». D’où les programmes en cours aux États-Unis [Collaborative Combat Aircraft, CCA], en France [drone de combat censé accompagné le Rafale F5] ou encore en Russie [S70 Okhotnik-B].

La Royal Air Force [RAF] vient de prendre un peu d’avance avec la mise en service, au sein du 216 Squadron, du StormShroud, un drone collaboratif [ou Autonomous Collaborative Platforms – ACP] qui « assistera » ses F-35B et ses Eurofighter Typhoon en « aveuglant » les radars ennemis, ce qui permettra ainsi d’augmenter la capacité opérationnelle de ces derniers ainsi que leurs chances de « survie » dans un environnement contesté.

Dans un communiqué diffusé le 2 mai, la RAF explique que le développement du StormShroud s’est appuyé sur les enseignement tirés de la guerre en Ukraine et « d’autres théâtres d’opérations à travers le monde ». Ce qui suggère qu’il a été relativement rapide.

Et cela, dans le cadre de la stratégie dite « ACP », laquelle estime que le « meilleur moyen d’optimiser » la puissance de la RAF face à des adversaires de même niveau est de « combiner les plateformes autonomes » avec des avions avec équipage. « Ce modèle plus agile, adaptable et rentable réduit considérablement les risques encourus par les pilotes d’avions conventionnels lorsqu’ils volent et combattent en environnements hostile », fait-elle valoir.

En outre, au-delà de l’aspect humain, étant donné que son format est jugé insuffisant pour qu’elle puisse « faire face à une importante attrition dans le cadre d’une guerre entre pairs », comme l’a souligné un rapport parlementaire publié en septembre 2023, la RAF est bien obligée de trouver des solutions pour préserver ses avions de combat.

Concrètement, le StormShroud est basé sur un drone de type Tekever AR3, fourni par la filiale britannique du constructeur portugais Tekever.

L’idée de l’équipe Catalyst, commune au Defence Equipment & Support [DE&S] et au Defence Science and Technology Laboratory [DSTL], a été de le doter de la charge utile de guerre électronique BriteStorm, dévoilée en octobre dernier par Leonardo UK. Charge qui est une version miniaturisée du système BriteCloud, lequel repose sur la technologie DRFM [Digital Radio Frequency Memory / Dispositif à mémoire de fréquence radio numérique ].

Cette dernière permet d’enregistrer les signaux radioélectriques pour les modifier et de les réémettre afin de corrompre les données reçues par les radars adverses. En clair, il est ainsi possible, par exemple, de leurrer et de saturer un système de défense aérienne en multipliant les fausses pistes. Une technologie similaire fait actuellement l’objet d’une étude en France, via le programme ASSYDUS [pour « Autonomous system for decoying using uav swarms » / « Systèmes Autonomes pour le leurrage en utilisant des essaims de drones »].

Pour son chef d’état-major, le général Richard Knighton, la RAF vient de franchir une étape « cruciale », alors qu’elle « souhaite conserver son avantage dans le domaine du combat aérien ».

« La RAF s’engage à explorer les technologies de pointe susceptibles d’améliorer sa létalité et sa survivabilité dans un monde plus concurrentiel et dangereux. Les plateformes collaboratives autonomes révolutionneront la manière dont nous menons diverses missions, de la collecte de renseignements aux frappes et au soutien logistique », a poursuivi le général Knighton.

Dans un communiqué publié le même jour, le Premier ministre britannique, Keir Starmer, n’a pas hésité à parler d’un « drone révolutionnaire, unique en son genre ». Et d’ajouter que le coût du programme « StormShroud » s’élève, pour le moment, à 19 millions de livres sterling [22,3 millions d’euros].



Auteur : Laurent Lagneau

Aller à la source

Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

Cédric has 6828 posts and counting. See all posts by Cédric