La portée de l’armement air-sol modulaire utilisé par le Rafale va doubler grâce à l’ajout d’un petit réacteur – Zone Militaire
Développé par Safran et utilisé pour la première fois au combat en 2008, en Afghanistan, l’Armement air-sol modulaire [AASM ou « Hammer »] se compose d’un kit de guidage et d’un kit d’augmentation de portée montés sur le corps d’une bombe. Il permet ainsi à un chasseur-bombardier, comme le Rafale, de détruire une cible, avec une grande précision, à environ 70 km de distance et quelles que soient les conditions météorologiques.
L’AASM se décline selon trois versions : SBU-38 Hammer [INS/GPS – inertiel et GPS], SBU-54 Hammer [INS/GPS/IR, associé à un guidage terminal à imageur infrarouge] et SBU-64 Hammer [INS/GPS complété d’un guidage terminal laser] pour viser les cibles en mouvement.
Depuis sa mise en service, l’AASM a largement démontré son efficacité au combat, comme encore en Ukraine, où il est utilisé par les S-25, MiG-29 et autres Su-27 ukrainiens.
En 2022, la Direction générale de l’armement [DGA] a prononcé la qualification de l’AASM 1000 à guidage GPS et inertiel [ou SBU-31], monté sur le corps d’une bombe de 1 000 kg [comme Mk84, la BLU109 ou encore la BA84]. Puis, l’an passé, elle en a fait de même avec la SBU-56, qui correspond à la version INS/GPS/Laser de l’AASM 1000. C’est en effet ce qu’a rappelé l’ingénieur de l’armement [IGA] Arvind Badrinath, dans les pages du dernier numéro d’Air Fan.
Ces deux versions de l’AASM 1000 tiennent leurs promesses. Ainsi, a-t-il expliqué, le Centre d’expertise aérienne militaire [CEAM] de Mont-de-Marsan a récemment réalisé une expérimentation reposant sur un scénario dit de « Air Interdiction ». Trois SBU-31 et SBU-56 ont « été tirées en salve à moyenne altitude, avec des erreurs volontaires de positionnement des cibles, les munitions devant rattraper automatiquement ces décalages de coordonnées ».
Résultat : « Ce test grandeur nature particulièrement exigeant a été un franc succès, avec trois coups au but directs », s’est félicité l’IGA Badrinath.
Pour autant, la Direction générale de l’armement [DGA] n’entend pas en rester là. En effet, afin d’accroître la résilience de la munition face au brouillage électronique, il est question de développer un AASM 250 [monté sur un corps de bombe de 250 kg, ndlr] doté « d’un autodirecteur bimode laser et infrarouge, en complément du système de navigation inertiel et GPS », a avancé l’IGA Badrinath. « Cela en fera une arme très polyvalente, offrant […] tous les modes de tir en même kit pour davantage de flexibilité opérationnelle », a-t-il dit.
Un autre enjeu est d’augmenter la portée de l’AASM, actuellement doté d’un propulseur à poudre fourni par Roxel. D’où le projet de développer l’AASM 250 XLR, qui devrait être opérationnel à partir de 2028.
L’idée est de remplacer le propulseur à poudre par un « petit réacteur » afin d’obtenir une « portée plus que doublée », a expliqué l’IGA Badrinath. En clair, un Rafale armé de l’AASM 250 XLR pourrait détruire une cible située à au moins 140 km de distance.
« C’est un véritable tour de force car le forme de la munition reste quasiment inchangée malgré la nécessité d’implanter une entrée d’air [pour le mini réacteur, ndlr]. Le logiciel de navigation évoluera aussi pour prendre en compte cette portée accrue », a expliqué l’officier.
Cet AASM 250 XLR ne devrait être disponible que pour le Rafale, son intégration sur le Mirage 2000D n’étant pas envisagée à ce stade. « Mais tout reste possible si la situation l’exige », a conclu l’IGA Badrinath
Photo : AASM 1000 – DGA
Auteur : Laurent Lagneau
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