La Pologne commande trois satellites dotés d’un radar à synthèse d’ouverture au finlandais ICEYE – Zone Militaire

En décembre 2022, le ministère polonais de la Défense confirma la commande de deux satellites d’observation de type « Pléiades Neo » auprès d’Airbus Defence & Space pour 575 millions d’euros, cette somme comprenant la livraison d’une station au sol pour le traitement des images. Cet accord va « renforcer l’autonomie stratégique de la Pologne ne matière de renseignement et de compréhension des situations », avait alors commenté Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées, voyant ainsi une « boenne nouvelle pour […] l’Europe de la défense ».

Cependant, même s’ils peuvent prendre des images en très haute résolution, les satellites d’observation optique ont le défaut d’être inopérants quand la zone qu’ils sont censés surveiller est sous les nuages. D’où la nécessite de compléter leurs capacités par des engins spatiaux dotés de radars à synthèse d’ouverture [SAR – Synthetic Aperture Radar], cette technologie permettant de s’affranchir des conditions météorologiques.

Jusqu’alors, un satellite d’imagerie radar était plutôt coûteux… Ainsi, conduit pour les besoins de la Bundeswehr, le projet SARah a coûté environ 800 millions d’euros… et deux des trois satellites mis sur orbite n’ont pas pu être déclarés opérationnels, faute d’avoir pu déployer leurs antennes.

Quoi qu’il en soit, ICEYE, une entreprise finlandaise du « New Space », a développé une technologie permettant d’installer un système SAR sur de petits satellites, offrant ainsi la possibilité d’obtenir des « images fréquentes de n’importe quelle zone d’intérêt à moindre coût ». Le revers de la médaille est que la durée de vie de ces engins est de trois ans, ce qui est relativement court par rapport à des plateformes plus imposantes.

Reste que le ministère polonais de la Défense a notifié à ICEYE un contrat portant sur la livraison de trois satellites de type SAR et d’une station au sol. Une option pour trois exemplaires de plus a été posée. La valeur de cette commande, passée dans le cadre du programme MikroSAR, est d’environ 200 millions d’euros.

« ICEYE s’associera également à l’industrie locale pour fournir aux forces armées polonaises une plateforme mobile de renseignement, de surveillance et de reconnaissance [ISR] permettant l’exécution de missions, le téléchargement et l’analyse de données en temps quasi réel », a précisé l’entreprise finlandaise.

« Cet accord renforce la position d’ICEYE comme premier fournisseur mondial de satellites SAR pour les applications militaires et civiles. Les satellites SAR d’ICEYE permettent une surveillance continue des points d’intérêt à la surface de la Terre, quelles que soient l’heure et les conditions météorologiques », a-t-elle souligné.

Saluant un « grand jour pour les forces armées polonaises […] car elles acquièrent une indépendance totale en matière de reconnaissance, le ministre polonais de la Défense, Władysław Kosiniak-Kamysz, a justifié ce contrat en expliquant que l’imagerie [spatiale] était un gage d’efficacité, « comme l’a montré la situation en Ukraine ». Et d’insister : « Sur le flanc oriental de l’Otan, personne ne dispose de telles capacités. Ce sont non seulement les meilleures capacités mais aussi les plus rapides à être obtenues ».

Le premier satellite SAR ICEYE sera mis en orbite dès cette année.