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LA PARADE MILITAIRE DU 9 MAI À MOSCOU – Magazine Raids

L’édition 2025 du défilé militaire annuel du Jour de la Victoire, qui a marqué cette année le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, a été pour Vladimir Poutine l’occasion d’attiser le patriotisme en Russie alors que les combats se poursuivent en Ukraine.

« Tout le pays, la société et le peuple soutiennent les participants à l’“opération militaire spéciale” », a déclaré le président russe. Un peu moins d’une quarantaine de dignitaires étrangers étaient sur la place Rouge pour la parade militaire du Jour de la Victoire, la quatrième depuis que Moscou a lancé un assaut militaire à grande échelle contre son voisin ukrainien en février 2022. On compte parmi eux les présidents chinois Xi Jinping, brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, biélorusse Alexandre Loukachenko, cubain Miguel Díaz-Canel, égyptien Abdel Fattah al-Sissi, éthiopien Taye Atske Sélassié, serbe Aleksandar Vučić, tadjik Emomali Rahmon et vénézuélien Nicolás Maduro, de même que les Premiers ministres arménien Nikol Pashinyan, birman Min Aung Hlaing, slovaque Robert Fico, le secrétaire général du Parti communiste du Vietnam Tô Lâm. Au lieu d’être présent sur la place Rouge, le leader nord-coréen, Kim Jong-un, s’est rendu à l’ambassade russe à Pyongyang pour féliciter les dirigeants politiques et militaires russes.

De son côté, Vladimir Poutine a salué les troupes nord-coréennes qui ont participé à la contre-offensive russe dans la région de Koursk. « Tout le meilleur à vous et à toutes vos troupes », a-t-il déclaré à plusieurs officiers décorés nord-coréens. Parmi les quelque 11 000 militaires qui ont défilé sur la place Rouge, 1 500 environ ont combattu en Ukraine. Parmi ceux-ci figuraient 20 Héros de Russie, 44 Chevaliers de l’Ordre de Saint-Georges et 54 Chevaliers de l’Ordre du courage.

ÉTALAGE DE MOYENS MILITAIRES

Pour la parade du Jour de la Victoire, les autorités avaient pris des mesures de sécurité renforcées à Moscou. Elles avaient brouillé les connexions Internet mobiles dans la capitale, invoquant la menace d’attaques de drones ukrainiens, et déployé des binômes de tireurs d’élite sur les toits de nombreux édifices, comme l’emblématique magasin de luxe Goum. À noter que les autorités de plusieurs régions de Russie, dont celle de Krasnodar dans le sud-ouest du pays, avaient annulé le défilé militaire du 9 mai par crainte de possibles attaques ukrainiennes.

Contrairement aux deux années précédentes, le président russe a consacré peu de son discours à la guerre en cours contre l’Ukraine. Évitant toute condamnation directe à l’encontre des pays occidentaux, comme il l’avait fait lors de son discours de mai 2024, il n’a pas manqué, cependant, de dresser une nouvelle fois des parallèles historiques entre la Seconde Guerre mondiale et la « dénazification » de l’Ukraine. Pendant le cessez-le-feu annoncé par Moscou, les forces russes ont continué leurs opérations contre l’armée ukrainienne, alors que Kiev a mené plusieurs attaques de drones en territoire russe, contraignant l’aéroport international Cheremetievo de Moscou à suspendre ses vols à plusieurs reprises.

Cela étant, l’armée russe a fait étalage de ses moyens matériels lors du défilé militaire et de sa mise en place au cours des jours précédents. Ainsi, après la traditionnelle ouverture du défilé par les T-34 et Su-100, le public a pu admirer de près l’équipement actuellement utilisé par l’armée russe, en grande partie engagé dans les combats en Ukraine : chars T-72B3M, T-80BVM et T-90M Proryv, véhicules de transport de troupes, de combat d’infanterie et de soutien au combat BTR-82A, BMP-1AM Basurmanin, BMP-2M Berezhok, BRM-1K, BMD-4M, Kurganets-25, BTR-MDM Rakushka et K-17 Boomerang, systèmes d’artillerie chenillés 2S19M Msta-S et sur plates-formes à roues 2S43 Malva et 2S44 Giatsint-K, système de missiles balistiques mobiles Iskander-M, défense aérienne S-400 Triumf et lance-roquettes multiples Tornados-S, véhicules blindés 4 x 4 Spartak, Linza, ZA-SPN Titan, Tiger-M et Typhon-K53949 Phoenix, ainsi que, pour la première fois, des drones et des munitions rôdeuses Orlan-10, Geran-2 et Lancet-51/52 installés sur des plates-formes mobiles 6 x 6 ou 8 x 8. Parmi ces derniers se trouvaient des véhicules du 7e régiment distinct.

FORMATIONS RUSSES ET ÉTRANGÈRES

Andreï Belousov, ministre de la Défense de la Fédération de Russie, et le général d’armée Oleg Salyukov, chef d’état-major de l’armée de terre (CEMAT) russe, ont présidé l’ouverture du défilé, qui a notamment vu la participation d’unités ou formations combinées des trois armées, des académies et grandes écoles militaires russes et de la Rosgvardiya, la Garde nationale. Elle était accompagnée d’éléments de la renommée Otdelnaya Diviziya Operativnogo Naznacheniya (ODON), également connue sous le nom de division Dzerjinski, en hommage à son fondateur, qui dirigea la Tcheka bolchévique, la tristement célèbre police politique.

Parmi les unités et formations combinées des forces terrestres, on compte des détachements du 154e régiment indépendant Preobrazhensky, de la 38e brigade des troupes ferroviaires et de la 28e brigade logistique, ainsi que ceux des académies et écoles militaires d’artillerie « Grand-Duc Mikhailovskaya » de Saint-Pétersbourg, des troupes aéroportées de la Garde « Général Margelov » de Riazan, de défense NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique) « Maréchal Timochenko » de Kostroma, de la logistique « Général Khrulyov » de Saint-Pétersbourg et de l’école militaire Souvorov de Moscou. Même représentation emblématique pour la marine et les forces aérospatiales avec, entre autres et respectivement, les écoles Nachimov de Saint-Pétersbourg et Zhukovsky-Gagarin de Voronej.

Plusieurs formations étrangères ont également défilé sur la place Rouge. Parmi celles-ci, on compte des éléments de la 5e brigade des forces d’opérations spéciales biélorusses, de la 37e brigade d’assaut aérien kazakhe, de la brigade commando azerbaïdjanaise, de la 7e brigade aéroportée tadjike, de la police militaire égyptienne, du bataillon d’honneur de la garde turkmène, de l’école de formation des officiers de l’Armée populaire du Vietnam et du bataillon de la garde d’honneur de la garnison de Pékin.

Le défilé du 9 mai s’est conclu avec le survol de la célèbre formation Kubinka Diamond, composée d’avions de chasse Su-30 et MiG-29 et des équipes de voltige Vityazi (Chevaliers) et Strizhi (Martinets). Des avions d’attaque Su-25 ont clôturé le volet aérien en peignant le ciel aux couleurs du drapeau national russe.

Les services de renseignement ukrainiens, qui ont analysé au chaud le défilé militaire organisé à Moscou pour célébrer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, ont mis en évidence les importantes lacunes de l’armée russe et son complexe militaro-industriel. Ils ont comparé ce défilé avec celui de 2015, marquant les 70 ans de la victoire sur l’Allemagne nazie, au cours duquel la Russie avait dévoilé les nouveaux chars Armata, les véhicules blindés Kurganets et Boomerang ainsi que le canon automoteur Koalitsiya-SV. Ainsi, les « vedettes » du précédent anniversaire, soit les Armata et Koalitsiya, n’ont même pas défilé en 2025. Selon Kiev, « ils n’ont pas pu être déployés sur le champ de bataille ».

Sont déployés sur le front, depuis plus d’un an, le « nouveau » TOS-2 Tosochka et les deux automoteurs à roues, le Malva et le Giatsint-K. Équipés de canons de 152 mm, ils ont de gros problèmes de jeunesse et une précision médiocre. Toujours selon les services ukrainiens, les Russes ont fixé de vieux canons Msta et Giatsint sur des châssis à roues, « le châssis a vingt ans et les canons quarante ! ». Les Ukrainiens précisent qu’au même moment, ils ont finalisé avec succès la production de leur propre système d’artillerie à roues Bohdana de 155 mm. « Ils n’ont même pas pu clôturer la composante aérienne avec leur soi-disant avion de combat Su-57 de cinquième génération ».

En bref, selon Kiev, ce défilé très symbolique montre clairement que « la situation de la Russie en matière de technologie militaire est vraiment mauvaise ».

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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