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La Norvège a trouvé un accord avec Navantia pour solder l’affaire du naufrage de la frégate Helge Ingstad – Zone Militaire

Demander beaucoup pour obtenir un peu. Telle aura été la tactique suivie par le ministère norvégien de la Défense pour faire plier le constructeur naval espagnol Navantia, à qui il reprochait de lui avoir livré une frégate – en l’occurrence la KNM Helge Ingstad – avec un vice de fabrication.

En effet, venant de participer à l’exercice Trident Juncture, la KNM Helge Ingstad [classe Fridtjof Nansen] entra en collision avec le pétrolier Sola TV, dans les environs du Hjelte Fjord [ouest de la Norvège]. Le navire de 5 000 tonnes sombra peu après le choc, qui fit huit blessés parmi ses 137 marins. Bien que renflouée quelques mois plus tard, cette frégate fut envoyée à la ferraille, le coût des réparations – 1,4 milliard d’euros – pour la remettre en service ayant été jugé beaucoup trop élevé.

Une enquête préliminaire mit en cause Navantia en évoquant des problèmes d’étanchéité entre les compartiments de la frégate. Cependant, des « facteurs humains » furent également avancés pour expliquer la collision avec le pétrolier. D’ailleurs, l’officier qui était de quart à ce moment-là en paya les pots cassés, avec une condamnation de 60 jours de prison avec sursis.

Plus tard, dans un autre rapport, l’Autorité norvégienne d’enquête de sécurité [Statens Havarikommisjon] souligna que le manque d’expérience de l’équipage était la principale cause de la perte de la KNM Helge Ingstad, ce dernier ayant évacué le navire sans avoir fermer les écoutilles, ce qui aurait maintenu sa flottabilité.

Pour autant, le ministère norvégien de la Défense maintint ses griefs à l’égard de l’industriel espagnol en soutenant que les lignes d’arbres creux du système de propulsion de la frégate n’avaient pu que conduire à son naufrage. D’où sa plainte contre Navantia, à qui il demandait 1,1 milliard d’euros en guise de dédommagement.

Finalement, cette affaire n’ira pas devant les tribunaux, un accord amiable ayant été trouvé par les deux parties, la semaine passée. En effet, reprenant les conclusions de la Statens Havarikommisjon, Navantia a pu faire valoir son point de vue… Et le ministère norvégien de la Défense s’est incliné, ce dernier n’ayant obtenu que 47,5 millions sur le milliard d’euros qu’il entendait réclamer. Et cela sous la forme d’une remise sur le maintien en condition opérationnelle [MCO] des quatre frégates de type Nansen restantes pour les six prochaines années.

Pour rappel, l’entretien de ces navires avait de nouveau été confié à Navantia, dans le cadre d’un contrat notifié en 2022.

Cet « accord est le résultat d’une médiation judiciaire menée par le tribunal de district d’Oslo et signifie que toutes les procédures judiciaires entre les parties sont terminées », a précisé le gouvernement norvégien.

Quant au ministre de la Défense, Tore O. Sandvik, il s’est dit « heureux » de cette conclusion. « Navantia est et restera pour plusieurs décennies un fournisseur important du secteur de la défense et un soutien aux frégates norvégiennes. Nous espérons désormais renforcer encore cette relation à l’avenir », a-t-il commenté.



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

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