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La Marine nationale teste une munition téléopérée de surface contre un vieux chaland de transport – Zone Militaire

Le volet naval de la guerre en Ukraine a mis en avant le rôle que pouvaient tenir les drones de surface armés [et / ou chargés d’explosifs] ukrainiens contre la flotte russe de la mer Noire. Pour autant, s’ils ont permis de tenir les navires de cette dernière à distance et d’empêcher, sans doute, une opération amphibie à Odessa, ces embarcations télépilotées n’ont pas été décisives, les pertes russes en mer [ou à quai] ayant été, pour l’essentiel, causées par des missiles de croisière.

En outre, la mer Noire étant fermée, il n’est pas certain, du moins pour le moment, que des attaques de drones de surface contre des bâtiments de guerre puissent être menées dans un autre environnement. « En plein milieu de l’Atlantique, ce ne serait pas aussi facile », avait ainsi estimé l’amiral Nicolas Vaujour, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], dans un entretien publié par le Figaro, en septembre dernier.

Pour autant, cela ne veut pas dire que l’on doit se désintéresser d’une telle capacité, d’autant plus qu’elle peut inspirer de nouveaux concepts opérationnels. En tout cas, la Marine nationale mène des expérimentations en ce sens, comme lors de l’exercice Dragoon Fury, qui, organisé en mars, s’est résumé à « conduire un débarquement […] à partir du porte-hélicoptères amphibie [PHA] Tonnerre, dans un environnement opérationnel contesté en s’appuyant sur l’emploi de différents types de drones ».

En outre, quelques semaines plus tôt, l’ingénieur général de l’armement [IGA] Patrick Aufort, le directeur de l’Agence de l’innovation de défense [AID], avait confié à l’hebdomadaire Le Marin qu’un appel à candidatures pour des drones navals de surface armés avaient été émis en décembre 2024. « Ils seront testés en 2027 », a-t-il dit.

En attendant l’aboutissement de cette démarche, qui n’est pas sans rappeler celle qui avait été suivie pour le développement des munitions téléopérées Larinae et Colibri, la Marine nationale poursuit ses expérimentations. Et, ce 29 avril, elle a diffusé une vidéo de l’une d’entre elles.

Ainsi, celle-ci a consisté à placer une charge explosive à bord d’une motomarine afin d’en faire une munition téléopérée, puis à la lancer contre un chaland de transport de matériel [CTM] désarmé, dont la coque a été renforcée pour éviter qu’il ne coule.

« Conformément aux engagements internationaux de la France, notamment en matière de protection de l’environnement et de la vie marine, la sécurité des usagers de la mer et la préservation de l’environnement ont fait l’objet de mesures spécifiques au préalable et durant l’expérimentation », a expliqué la Marine nationale.

En outre, a-t-elle ajouté, « la coque cible a préalablement été dépolluée et débarrassée de ses carburants et fluides » et elle « avait également été protégée sur la zone d’impact avec des plaques de métal et des pneumatiques faisant office de bouclier pour limiter le risque qu’elle ne coule ».

Selon la Marine nationale, l’objectif était de « démontrer l’acquisition de nouveaux savoir-faire en matière de combat naval, dont le développement de l’emploi de munitions navales téléopérées ». Et d’ajouter : « Cette expérimentation s’inscrit dans la démarche de préparation au combat de haute intensité des équipages [POLARIS], engagée depuis 2021 ».

L’analyse des données collectées à cette occasion permettront de perfectionner cette munition navale téléopérée, « tant pour sa mise en œuvre et son guidage que pour la partie pyrotechnique ».

Ces derniers mois, au moins deux autres expérimentations ont été réalisées. En décembre, l’ex-aviso « Premier maître L’Her » a ainsi été coulé par une torpille lourde F21 « Artémis », lancée par un sous-marin nucléaire d’attaque. Et cela afin d’éprouver les « capacités de cet armement de nouvelle génération ».

Plus récemment, la frégate de type La Fayette [FLF] « Courbet » a fait l’objet d’un « essai de choc », une mine navale ayant été mise à feu « à bonne distance ». Pour la Marine nationale, « compte tenu du durcissement du contexte international, il apparaît aujourd’hui pertinent de recourir de nouveau à de telles campagnes d’expérimentation en mer, au plus proche des conditions d’un engagement réel ».



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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