La Marine nationale teste le concept de munition téléopérée défensive pour la protection de ses navires – Zone Militaire
Dans un récent entretien publié par Marine & Océans, le commandant de l’équipage A de la frégate multimissions [FREMM] Provence, le capitaine de vaisseau Pascal Forissier, a estimé que le combat naval allait être « bouleversé » par la généralisation des drones, ceux-ci étant appelés à être encore plus redoutable quand ils « agiront en essaim, de façon à saturer nos forces ».
D’où les exercices de lutte antidrone « Wildfire », dont l’édition 25.1 a été organisée au large de Brest, entre le 29 avril et le 6 mai. Les FREMM Bretagne et Auvergne ainsi que le patrouilleur de haute-mer [PHM] « Enseigne de vaisseau Jacoubet » et un hélicoptère NH-90 Caiman NFH y ont pris part.
Selon la Marine nationale, ces unités ont dû « faire face à des assauts et à des essaims de drones, mis en œuvre par la Direction générale de l’armement [DGA] », sans avoir préalablement pris connaissance du scénario et des menaces auxquelles elles allaient être confrontées. Les équipages ont donc dû « faire appel à leur créativité opérationnelle, à leur expertise et à leur réflexion tactique ».
« La mise en œuvre de différentes tactiques et de nombreux équipements de lutte anti-drone ont permis de capitaliser du retour d’expérience qui sera ensuite exploité par le Centre d’expertise de la Force d’action navale [CENTEX FAN] », a précisé la Marine nationale.
Cela étant, certaines menaces sont sans doute plus difficiles à appréhender que d’autres. Tel est le cas des drones de surface.
Comme l’a expliqué le capitaine de vaisseau Forissier, ceux utilisés par les rebelles houthis, en mer Rouge, sont des « skiffs traditionnels », c’est-à-dire des barques en bois utilisés par les pêcheurs [et les contrebandiers] de la région, téléguidés et chargés d’explosifs.
« Les houthis sont allés jusqu’à les doter de mannequins pour laisser croire qu’il s’agissait de barques de pêche inoffensives et non de drones téléguidés armés. D’où le besoin pour nous de disposer de moyens de détection et d’identification suffisamment précis pour faire la distinction », a-t-il raconté dans les pages de Marine & Océans.
Quoi qu’il en soit, l’objectif de la Marine nationale est d’étendre l’arsenal que ces navires sont susceptibles de mettre en œuvre pour contrer de telles menaces.
D’où l’expérimentation qu’elle a récemment menée depuis un porte-hélicoptère amphibie [PHA], dont l’armement se limite à deux systèmes d’autodéfense surface-air à très courte portée SIMBAD, deux canons Narwhal de 20 mm, quatre mitrailleuses de 12,7 mm et à deux miniguns de 7,62 mm.
#Drone | Test de munitions télé-opérées défensives ! 🛡️Depuis un porte-hélicoptères amphibie, plusieurs drones ont neutralisé des cibles simulant des drones hostiles. Objectif : renforcer l’auto-défense de nos bâtiments 🇫🇷 pic.twitter.com/bI4PNjhzVv
— Marine nationale (@MarineNationale) May 14, 2025
En effet, via le réseau social X, la Marine nationale a fait savoir qu’elle avait testé des munitions téléopérées [MTO] « défensives » depuis un PHA, contre des « cibles simulant des drones hostiles ».
La vidéo qu’elle a diffusée à cette occasion montre effectivement une embarcation détruite par un drone aérien de type FPV, fonctionnant, a priori, avec un système Combo X2-Air 5.8 MK II, habituellement utilisé pour les drones [chinois] DJI FPV.
La Marine nationale a expliqué, à Naval News, que cette expérimentation de drones FPV pour l’autodéfense était un « nouveau concept » qu’elle était en train d’explorer.
Peu coûteux, éventuellement produits à la demande grâce à un atelier de fabrication additive à bord d’un PHA ou d’une frégate, ces drones FPV pourraient aussi avoir un usage offensif… ou être utilisés pour saturer / leurrer les défenses d’un navire ennemi.
Auteur : Laurent Lagneau
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