La Marine nationale bannit les expressions anglaises pour son concours de renseignement d’origine acoustique – Zone Militaire
Dans une note datée du 19 juillet 1962, le général de Gaulle demanda à Pierre Messmer, alors ministre des Armées, de « donner des instructions » pour proscrire les termes étrangers chaque fois qu’un « vocable français » pouvait être utilisé [« c’est-à-dire dans tous les cas », avait-il ajouté à la main]. Depuis, on ne peut pas dire que cette requête ait été suivie d’effet, tant les expressions de langue anglaise sont régulièrement utilisées au sein des armées.
Par exemple, le concours annuel de renseignement d’origine acoustique [ROAC], institué pour récompenser les unités de la Marine nationale dans ce domaine, comporte deux prix.
Le premier, appelé « Uncle Joe », vise à distinguer l’unité ou l’équipage ayant obtenu les meilleurs résultats opérationnels en matière de guerre acoustique passive durant l’année écoulée. Le second, baptisé « Acoustic Training », vise à distinger les efforts les « plus significatifs » en faveur de la formation et du maintien des savoir-faire dans ce domaine.
🇫🇷 19 juillet 1962, le Général de Gaulle écrit à Pierre Messmer, Ministre des Armées, la lettre suivante :
« Mon cher Ministre,
J’ai constaté, notamment dans le domaine militaire, un emploi excessif de la terminologie anglo-saxonne.
Je vous serais obligé de donner des… pic.twitter.com/o11SOxPnbY
— 🇫🇷 Gaullisme ☨ (@Gaullisme_Fr) July 19, 2024
Du moins était-ce le cas jusqu’à présent. En effet, ce 22 avril, la Marine nationale a annoncé que le prix « Uncle Joe » s’appellerait dorénavant « Églefin », en référence aux missions menées par l’une de ses frégates anti-sous-marines [FASM] au-delà du cercle polaire pour capter les signatures acoustiques des sous-marins soviétiques durant la Guerre froide.
« C’est lors de cette mission que la FASM Tourville a récupéré l’un des enregistrements les plus anciens disponibles au Centre d’Interprétation et de Recherche Acoustique [CIRA] et datant de 1988 », a d’ailleurs rappelé la Marine nationale, à cette occasion.
Quant au second prix, il rendra dorénavant hommage à Ursula Pacaud-Meindl, pionnière de l’analyse acoustique et considérée comme étant la « mère des oreilles d’or ». Responsable du service « Bruit rayonné du laboratoire de détection sous-marine du Brusc » [DSMB] entre 1956 et 1984, elle a en effet réalisé plus de 1 100 mesures acoustiques, dont 734 sur des sous-marins. Aussi, le prix « Acoustic Training » portera son prénom.
En attendant, les principaux lauréats de ces deux prix pour l’année 2024 sont l’équipage rouge du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Suffren et l’équipage bleu du SNA Tourville.
« Ce concours annuel encourage la formation et l’excellence opérationnelle […], contribuant ainsi à renforcer sa capacité de lutte sous-marine et à défendre les intérêts de la France », fait valoir la Marine nationale.
Photo : Marine nationale
Auteur : Laurent Lagneau
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