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La marine italienne envisage de se doter d’un porte-avions à propulsion nucléaire – Zone Militaire

Au début du XXe siècle, la marine italienne prit très vite la mesure des possibilités que l’aviation naissante pouvait lui offrir. Ainsi, en 1909, alors enseigne de vaisseau, Mario Calderara obtint le brevet de pilote n°1, avant de s’intéresser aux hydravions. Puis, sous l’impulsion de l’amiral Paolo Thaon di Revel, elle officialisa la création du « Servizio Aeronautico della Regia Marina » [Service aéronautique de la Marine royale, l’Italie étant une monarchie à l’époque, ndlr].

Par la suite, la « Regia Marina » s’intéressa de près à l’aviation embarquée, en effectuant des essais d’hydravions « Curtiss » depuis le cuirassé Dante Aligheri. Les croiseurs Amalfi et San Marco furent également sollicités à titre expérimental.

Lors de la Première Guerre Mondiale, la marine italienne développa ce concept en transformant le croiseur Elba, admis au service actif en 1896, en « navire de soutien aux hydravions », lequel pouvait embarquer trois ou quatre appareils de type Curtiss « Flying Boat ». Il fut ensuite rejoint par l’ex-navire Quarto [rebaptisé Europa].

Étant resté dans le giron de la « Regia Marina » lors de la création de la « Regia Aeronautica » [devenue depuis « Aeronautica Militare »] en 1923, l’aéronautique navale italienne dota ses trois cuirassés de la classe Littorio d’hydravions de reconnaissance maritime IMAM Ro.43. Ces navires furent équipés d’une catapulte pour lancer l’avion de chasse Reggiane Re.2000… Mais ce concept ne fit pas ses preuves, comme en témoignèrent les combats navals de la Seconde Guerre Mondiale.

D’où le projet de la marine italienne de convertir deux paquebots – l’Augustus et le Roma – en porte-avions, sur la base d’études réalisées en 1936. Renommés respectivement « Sparviero » et « Aquila », ces deux navires étaient censés mettre en œuvre une trentaine de chasseurs embarqués Reggiane Re.2001. Seulement, ils ne furent jamais admis au service actif : en 1944, les forces coulèrent le premier pour empêcher les Alliés d’utiliser le port de Gênes et le second fut démantelé en 1952.

La marine italienne – désormais appelée Marina Militare – dut attendre les années 1980 pour disposer d’une capacité lui permettant de faire décoller et de récupérer des avions de combat [des Harrier, ndlr] en haute mer, grâce au porte-aéronefs Garibaldi. Ces dernières années, elle a pris possession de deux autres unités, à savoir l’ITS Cavour [en 2009] et l’ITS Trieste [en décembre 2024].

A priori, la Marina Militare n’entend pas en rester là. En effet, dans un entretien publié par le Corriere Della Sera, le 8 juin, son chef d’état-major, l’amiral Enrico Credendino a indiqué qu’elle envisageait de lancer projet de porte-avions à propulsion nucléaire.

« La Marine a un projet budgétaire pour une période allant jusqu’en 2040. Elle envisage un porte-avions à propulsion nucléaire, mais aussi des drones de tout type. […] Nos soixante navires seront tous dotés de vastes espaces pour embarquer des drones. Le Trieste, notre unité la plus récente, embarque des chasseurs et des drones de toutes les tailles », a en effet affirmé l’amiral Credendino, sans entrer dans les détails.

L’annonce du commandant de la Marina militare coïncide avec la création, en mai, de Nuclitalia, une société dont le capital est détenu par Enel [51 %], Ansaldo Energia [39 %] et Leonardo [10 %].

En outre, en 2023, la Direction de l’armement naval du ministère italien de la Défense a lancé le programme Minerva [Marinazzazione di Impianti Nucleare per l’Energia a borRdo di Vascelli Armati], avec l’objectif d’étudier l’intégration à bord d’un navire militaire de « première ligne » d’un réacteur nucléaire de nouvelle génération.

Le constructeur naval Fincantieri est d’ailleurs impliqué dans ce projet. Son PDG, Pierroberto Folgiero, a ainsi évoqué l’éventualité d’installer de « petits réacteurs nucléaires » à bord de sous-marins, de porte-avions, de croiseurs et « même de frégates ».

Photo : ITS Trieste, lors de son lancement



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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