La France propose des frégates de défense et d’intervention à la Suède – Zone Militaire
En janvier 2024, la France et la Suède renouvelèrent leur partenariat stratégique, en mettant l’accent sur la coopération militaire. Ainsi, selon une lettre d’intention signée par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, et Pål Jonson, son homologue suédois, il était notamment question de nouer des partenariats dans les domaines de la défense sol-air et de la surveillance aérienne. En outre, dans la lignée d’un accord précédent, MBDA et Saab s’étaient entendus sur de nouveaux développements du missile antichar Akeron MP [ex-Missile Moyenne Portée].
Le 18 juin, à l’occasion du salon international de l’aéronautique et de l’espace [SIAE] du Bourget, MM. Lecornu et Jonson ont confirmé les intentions affichées il y a près d’un an et demi en signant une « feuille de route » censée baliser la coopération militaire franco-suédoise pour les années à venir.
« Cette feuille de route représente un signal fort en faveur de la construction de l’Europe de [la] défense et s’inscrit dans la continuité des liens qui unissent les deux pays notamment par la mise en œuvre d’équipements communs : hélicoptère NH90, obus Bonus, roquette AT4F2, véhicule de haute mobilité [BvS10] », a souligné le ministère des Armées, via un communiqué. Et d’ajouter : « Elle donne déjà des résultats concrets avec la signature lors du salon international de l’aéronautique et de l’espace, d’un contrat concernant l’acquisition de missiles Akeron MP de MBDA ainsi que d’une lettre d’intention concernant le système GlobalEye de Saab ».
Effectivement, l’Administration suédoise du matériel de défense [Försvarets materielverk – FMV] a, de son côté, confirmé la signature d’un contrat avec MBDA pour la livraison d’un nombre non précisé de missiles Akeron MP [ou Robotsystem 58, selon la nomenclature locale].
Quant au système GlobalEye, la Direction générale de l’armement [DGA] va entamer des négociations contractuelles avec Saab pour l’achat d’au moins deux exemplaires afin de remplacer les avions d’alerte avancée E-3F SDCA [ou AWACS] de l’armée de l’Air & de l’Espace avant 2035.
Cela étant, dans son communiqué, le ministère des Armées a indiqué que cette coopération allait s’étendre à la défense aérienne moyenne portée basée sur le missile Aster [alors que les forces armées suédoises sont déjà dotées de systèmes américains Patriot] ainsi qu’aux capacités navales, la Frégate de défense et d’intervention [FDI, classe Ronarc’h] de Naval Group ayant été proposée pour le « programme suédois de nouvelle génération de bâtiment de surface ».
La mention des frégates de type Ronarc’h a de quoi surprendre étant donné que, en janvier 2021, la FMV avait notifié au constructeur naval Kockums [filiale de Saab] un contrat d’étude au titre de ce programme, l’objectif étant, à l’époque, de concevoir et de construire cinq nouvelles corvettes [de type « Luleå »] pour remplacer celles de la classe Visby.
Cependant, deux ans plus tard, la FMV fit savoir que ses exigences techniques pour les corvettes « Luleå » avaient été modifiées lors de la phase dite de définition de produit et que le nombre d’unités devant être construites devait être réduit à quatre.
« Les navires devront pouvoir rester en mer plus longtemps » et ils seront plus grands [120 mètres, ndlr] que les corvettes de la classe Visby car ils disposeront d’une gamme élargie de capacités, avec davantage de capteurs et de systèmes d’armes pour pouvoir opérer sous la mer et en surface ainsi que dans les airs », avait alors expliqué la FMV. Ce « projet suit constamment l’évolution de la situation en Ukraine, notamment en ce qui concerne l’utilisation de drones. Nous créons les conditions nécessaires pour lutter contre ce type de menace, en partie grâce aux technologies actuelles mais aussi grâce à celles de demain », avait-elle ajouté.
La phase de définition de de ces navires devait alors s’achever vers la mi-2025, la livraison des deux premiers étant prévue en 2030. Pour cela, Saab Kockums pensait bénéficier de l’expertise du britannique Babcock, avec lequel un partenariat fut noué en mai 2024. Partenariat qui, apparemment, n’a pas porté ses fruits…
D’où l’intérêt de Stockholm pour la frégate de la classe Ronarc’h qui correspond peu ou prou au cahier des charges défini par la FMV et qui a l’avantage d’être déjà quasiment opérationnelle.
Qui plus est, comme cela a déjà été le cas pour le navire de renseignement HSwMS Artemis, le gouvernement suédois prêt à accepter que les coques de ces quatre navires soient construites à l’étranger, pourvu que leur armement puisse être réalisé à Karlskrona. Ce qui plaide en faveur de Naval Group, qui est parfaitement en mesure de tenir le calendrier exigé par la marine royale suédoise, son site de Lorient pouvant construire deux FDI par an.
Pour rappel, affichant un déplacement de 4500 tonnes pour une longueur de 122 mètres, la frégates de type Ronarc’h est dotée d’un sonar de coque KingKlip Mk2, d’un sonar remorqué CAPTAS-4, d’une suite de guerre électronique « SENTINEL » et du système de communications navales intégré « Aquilon ». Conçue selon une « architecture numérique innovante lui permettant de s’adapter en continu aux évolutions technologiques et opérationnelles », elle est dotée de lanceurs verticaux Sylver A50 pour des missiles Aster 15 et Aster 30, d’une une tourelle de 76 mm, de canons de 20 mm téléopérés, de torpilles MU-90 et de missiles antinavires Exocet. Enfin, elle peut mettre en œuvre un hélicoptère et des drones aériens.
Auteur : Laurent Lagneau
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