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La France et la Norvège vont coopérer pour protéger les infrastructures sous-marines contre les menaces hybrides – Zone Militaire

Selon le dernier rapport sur les exportations d’armes françaises, la Norvège n’a représenté que seulement 0,23 % [soit 268,1 millions] des prises de commandes obtenues entre 2014 et 2023. Il faut dire que, malgré des relations militaires cordiales et anciennes [au moins depuis la bataille de Narvik, 1940], Paris et Oslo n’avaient jusqu’ici jamais scellé de coopération « renforcée » en la matière.

Ce qui n’est plus le cas. En effet, en janvier, soit quelques mois après une escale du sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] Améthyste au port de Grøtsund, juste au nord de la ville de Tromsø, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, et son homologue norvégien Bjørn Arild Gram, ont signé une lettre d’intention pour y remédier.

Et, à l’occasion d’une visite officielle du président Macron à Oslo, la France et la Norvège ont officialisé un « partenariat stratégique », affirmant ainsi leur détermination à « préserver la sécurité de l’Atlantique Nord » via l’Otan ainsi que leur intention à « promouvoir une Europe sécurisée, résiliente et compétitive ».

Ce partenariat stratégique comporte plusieurs volets. Celui intéressant les questions de défense évoque la volonté de la France et de la Norvège à « nouer une relation militaire […] plus forte au sein de l’Alliance [atlantique] tout « en renforçant leur interopérabilité » et en « développant une culture stratégique commune ».

Soulignant la « grande convergence » de leurs « intérêts stratégiques », les deux pays sont convenus de renforcer leur coopération opérationnelle « dans le domaine maritime » ainsi que leur « interopérabilité dans les domaines terrestre et aérien ».

« Pour maintenir la stabilité et renforcer la force de dissuasion ainsi que la défense collective en Europe du Nord et au-delà, ils déclarent qu’il est important que les forces armées françaises et norvégiennes planifient et réalisent ensemble des opérations dans le Grand Nord », lit-on dans le texte publié par l’Élysée.

Alors que la frégate de défense et d’intervention [FDI, classe Ronarc’h] du français Naval Group fait partie des finalistes d’un appel d’offres émis par le ministère norvégien de la Défense, Paris et Oslo ont pris l’engagement de « renforcer la base industrielle et technologique de défense européenne » et d’encourager « les industries de la défense française et norvégienne à mener des projets conjoints, notamment dans le cadre de programmes et d’initiatives de l’Union européenne » [UE].

Pour rappel, la Norvège ne fait pas partie de l’UE. En revanche, elle a scellé un « Partenariat de sécurité et de défense » avec celle-ci et intégré le marché de défense européen.

Par ailleurs, le volet « Résilience et préparation » est susceptible de concerner les forces françaises en général et la Marine nationale en particulier.

« Reconnaissant l’importance du gaz naturel du plateau continental norvégien pour la sécurité énergétique en Europe », la France et la Norvège « renforceront leur coopération pour protéger les infrastructures sous-marines critiques des menaces hybrides, notamment en augmentant la surveillance maritime et en menant des exercices conjoints pour améliorer leur état de préparation et leurs capacités de réaction », avance le texte de ce « partenariat stratégique ».

Avec la guerre en Ukraine et les sanctions visant la Russie, la Norvège est devenue l’un des principaux fournisseurs de gaz naturel en Europe, avec plus de 90 sites gaziers et pétroliers qui, répartis entre la mer de Barents, la mer de Norvège et la mer du Nord, sont reliés à réseau de conduites de 9 000 km. Ce qui n’est pas aisé à surveiller et à protéger.

Aussi, en mai 2023, la Norvège a signé un accord avec le Royaume-Uni afin d’accroître leur coopération militaire en vue d’améliorer la protection de leurs infrastructures sous-marines respectives [gazoducs, câbles, etc.]. Ce qui était logique étant donné que ces pays partagent une frontière maritime en mer du Nord.

Cela étant, après le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 [et pour lequel des Ukrainiens sont soupçonnés], la France avait aidé la Norvège à surveiller ses infrastructures énergétiques en envoyant le Bâtiment de soutien et d’assistance métropolitain [BSAM] « Garonne » patrouiller vers le champ pétrolier d’Oseberg, en mer du Nord. Et cela, en « étroite coopération avec la marine royale norvégienne ».

Photo : BSAM Garonne – Ministère norvégien de la Défense



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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