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La Direction générale de l’armement est prête à tester le lance-roquettes multiples « Foudre » de Turgis & Gaillard – Zone Militaire

Étant donné qu’elle devra être en mesure de déployer une division « bonne de guerre » en 2027, l’armée de Terre doit impérativement renouveler ses capacités de frappes dans la profondeur à court terme. Or, ces dernières reposent actuellement sur neuf Lance-Roquettes Unitaires [LRU], arrivés au bout de leur potentiel.

Aussi, dans le cadre du programme FLP-T [Frappe Longue Portée – Terrestre], la Direction générale de l’armement [DGA] a mis en place un « partenariat d’innovation », pour lequel deux consortiums – MBDA/Safran et ArianeGroup/Thales, ont été mis en concurrence.

Seulement, le calendrier est serré… Pour éviter une rupture temporaire de capacité, l’option de l’achat « sur étagère » d’une solution étrangère n’est pas écartée. C’est en effet ce qu’a indiqué Emmanuel Chiva, le Délégué général pour l’armement [DGA], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, ce 25 juin.

« La frappe longue portée terrestre, ça veut tout et rien dire. Et donc, il faut dissocier le successeur du LRU, donc plutôt quelque chose qui va jusqu’à 150 km, de toutes les autres initiatives que nous avons déclenchées parce qu’on a vu, à la lumière du conflit symétrique de haute intensité en Ukraine, toute l’importance de l’artillerie et du [risque] de contournement de la dissuasion par le bas », a d’abord rappelé M. Chiva, avant d’évoquer le projet européen ELSA [European Long-range Strike Approach], qui vise à développer un système permettant de frapper l’adversaire dans la très grande profondeur [plus de 1 000 km, ndlr].

S’agissant de la succession du LRU, « on regarde tout, on regarde le HIMARS [américain], on regarde le Pinaka [Indien] », a poursuivi M. Chiva. La DGA se pose même la question de savoir si le lance-roquettes multiples est encore pertinent parce que, selon lui, « si on regarde le RETEX [retour d’expérience] d’Ukraine, on peut se dire que, peut-être, le prochain LRU sera un lance-drones ou un lance-MTO [munitions téléopérées], ce qui n’est pas exactement la même chose ».

Quoi qu’il en soit, a poursuivi M. Chiva, les analyses de la DGA tiennent compte non seulement des coûts d’un tel système mais aussi – et surtout – des « délais de mise à disposition » car « on voit bien que c’est là-dessus que réside la principale difficulté ».

Or, en avril, la PME Turgis & Gaillard a dévoilé « Foudre », une solution souveraine, présentée comme étant « complémentaire et non concurrente du partenariat d’innovation » lancé par la DGA, qui pourrait éviter une rupture capacitaire à l’armée de Terre.

« Foudre est un système de frappe puissant, précis et de longue portée, connecté aux systèmes d’informations du champ de bataille, d’une grande mobilité, facile à soutenir et projetable par avion sans préparation. [Il] est la réponse souveraine et immédiate aux besoins des armées en quête de supériorité opérationnelle », fait valoir Turgis & Gaillard.

Et d’ajouter : « C’est un système d’arme complet, équipé de une à six munitions de précision de différents types, capables de produire des effets complémentaires et différenciés » en utilisant des « roquettes guidées de 75 km de portée » ainsi que des missiles d’une porté allant de 150 à 1 000 km.

« Sur les délais de réalisation, je suis très content de voir une entreprise comme Turgis & Gaillard proposer, comme elle l’a déjà fait avec [le drone MALE] Aarok, des systèmes autofinancés et auto développés. Je tiens à souligner [sa] démarche très vertueuse », a dit le DGA.

Cela étant, « Foudre est une proposition qui est fondée sur un lanceur seul, sans munition et sans conduite de tir. Ce sont des sujets sur lesquels on peut discuter et qui nécessiteront des partenariats avec d’autres entreprises », a relevé M. Chiva.

Cependant, la DGA est prête, en quelque sorte, à « payer pour voir ». « Les discussions sont ouvertes pour utiliser le site [de DGA Essais de Missile] de l’île du Levant afin de tester ce nouvel engin », a confié M. Chiva. « Ce que je peux dire, c’est que l’on soutient cette entreprise et donc que nous sommes en train de regarder ce qui est possible de faire », a-t-il conclu.

Pour rappel, selon la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 prévoit de doter l’armée de Terre d’au moins treize systèmes de frappes à longue portée avant 2030, puis de vingt-six à l’horizon 2030.

Prenant la suite du DGA, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, a aussi abordé le sujet de la succession du LRU. « Il faut que l’on trouve le meilleur compromis parce que c’est une arme dont on doit pouvoir se servir en quantité suffisante. Si c’est pour développer quelque chose et avoir un tout petit stock de munitions parce que ça coûte très cher, en fait, ce ne sera pas suffisant », a-t-il dit.

Photo : Turgis & Gaillard



Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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