«Je serai bientôt à la maison»: des retrouvailles inespérées en Ukraine après un échange avec Moscou
La foule se lève à l’unisson au son des sirènes des ambulances qui ramènent les soldats libérés en Ukraine, à l’issue d’un échange de prisonniers de guerre jeudi avec la Russie. Soudain, le cri d’Iana Nepotribna retentit avec une force particulière: «Denys!»
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Cette jeune femme de 26 ans se fraye un chemin à travers la foule, continuant de crier le nom de son mari, retenant difficilement ses larmes. Lui ne l’entend pas, à cause du vacarme ambiant.
Elle atteint enfin le groupe de prisonniers libérés, grimpant sur un parapet d’environ deux mètres de haut. Les militaires, visiblement épuisés, sont surpris de voir ce nouveau visage parmi eux.
La jeune femme tombe enfin dans le bras de Denys, les autres ex-prisonniers les entourant comme un bouclier. Elle est ensuite emmenée, ayant quasiment perdu connaissance sous le coup de l’émotion.
«Je me suis accrochée à lui comme un vautour, suspendue à ses bras, incapable de le lâcher. Il dit qu’il a dit quelque chose, mais je ne me souviens pas de ses mots», raconte-t-elle à l’AFP.
Visages des disparus
Les nouvelles ne sont pas bonnes pour tout le monde. À l’opposé de cette scène, une autre femme émerge de la foule et s’éloigne en pleurant, probablement parce qu’elle n’a pas trouvé celui qu’elle cherchait parmi les Ukrainiens qui ont retrouvé la liberté ce jour-là.
La Russie et l’Ukraine ont procédé jeudi à la troisième phase de leur grand échange de prisonniers de guerre décidé lors de pourparlers à Istanbul début juin. Il concerne les soldats grièvement blessés, malades ou âgés de moins de 25 ans, dont le nombre n’a pas été révélé.
Comme lors de chaque échange, à leur arrivée en Ukraine, les prisonniers libérés ont été assaillis par des familles de soldats disparus tentants, les larmes aux yeux, d’obtenir des nouvelles de leurs proches.
Sous les fenêtres du bâtiment accueillant les prisonniers échangés, la foule a brandi des pancartes avec le visage des disparus, suppliant les soldats libérés de les regarder et d’écouter leurs noms ou numéros de brigade, dans l’espoir qu’ils sachent quelque chose.
Des militaires blessés, amputés des deux jambes, ont été emmenés sur des chaises. L’un d’eux a regardé les portraits: «Celui-là est vivant», a-t-il dit lorsque son regard s’est posé sur l’un d’entre eux.
Les visages de dizaines d’autres ont été accrochés avec du scotch aux murs de l’établissement recevant les prisonniers libérés.
«Il a reconnu mon fils»
«Maman, je suis en Ukraine. Je serai bientôt à la maison», dit un soldat russophone au téléphone, enveloppé dans un drapeau ukrainien.
Des cris de joie mêlés de pleurs résonnent du téléphone d’autres militaires libérés, eux aussi visiblement émus.
Iryna Melnyk, 44 ans, a pour sa part reçu lors d’un échange précédent mardi des nouvelles de son fils, porté disparu depuis bientôt deux ans.
«J’ai appris par deux garçons qu’il était bien en vie, qu’il était en captivité. J’ai enregistré leur témoignage en vidéo pour prouver que mon fils est vivant et qu’il doit être sauvé», explique-t-elle.
«J’ai montré la photo, j’ai montré une photo de mon fils. J’ai dit “Regardez, 57e brigade, Melnyk”, et il m’a regardé, il a reconnu mon fils», raconte-t-elle.
Les échanges de prisonniers et le rapatriement de corps de soldats tués sont les rares domaines dans lesquels Kyïv et Moscou coopèrent toujours, trois ans après le début de l’invasion russe de l’Ukraine.
Selon une estimation du ministère ukrainien de l’Intérieur datant de décembre 2024, environ 60 000 personnes sont considérées comme portées disparues en Ukraine, militaires et civils confondus.
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