Israël autorise neuf camions d’aide humanitaire à Gaza alors que « deux millions de personnes sont affamées »
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Le Nouvel Obs avec AFP
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Des Palestiniens en quête de nourriture au nord de la bande de Gaza, le 19 mai 2025. OMAR ASHTAWY APAIMAGES/SIPA
Neuf camions d’aide humanitaire des Nations unies ont été autorisés à entrer ce lundi 19 mai dans la bande de Gaza, a annoncé le chef des opérations humanitaires de l’ONU. C’est une « goutte d’eau dans l’océan » après 11 semaines de blocage, selon lui. En cause : « Deux millions de personnes sont affamées » d’après l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a pointé dans la même journée le risque d’une famine sur place.
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La décision d’Israël équivaut à « de la poudre aux yeux » a dénoncé, auprès de l’AFP, Claire Nicolet, de Médecins Sans Frontières (MSF). « C’est mieux que rien », a tout de même continué la responsable des urgences de MSF, exhortant néanmoins à une reprise de l’aide humanitaire « en quantité » comme pendant la trêve du 19 janvier au 18 mars où environ 600 camions entraient chaque jour, selon elle.
Alors qu’aucune aide humanitaire n’était entrée depuis le 2 mars dans le territoire palestinien, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a annoncé dimanche qu’il allait autoriser l’entrée d’une « quantité de base de nourriture destinée à la population, afin d’éviter le développement de la famine dans la bande de Gaza ». Israël facilitera « dans les jours à venir », « l’entrée de dizaines de camions d’aide » selon lui.
« Nous ne devons pas laisser la population sombrer dans la famine, ni pour des raisons pratiques, ni pour des raisons diplomatiques », a expliqué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou pour justifier le déblocage de l’aide. Il a par ailleurs ajouté qu’Israël allait « prendre le contrôle de toute » la bande de Gaza. Le pays a en effet intensifié son offensive dans le petit territoire côtier, multipliant les bombardements meurtriers.
A Gaza, une situation « intolérable »
Cette situation dans l’enclave palestinienne est « intolérable », ont affirmé dans une déclaration commune, les dirigeants français Emmanuel Macron, britannique Keir Starmer et canadien Mark Carney. Ils ont jugé « tout à fait insuffisante » l’annonce de l’accès octroyé à « une quantité minimale de nourriture » et ont demandé « au gouvernement israélien d’arrêter ses opérations militaires à Gaza et d’autoriser immédiatement l’entrée de l’aide humanitaire ».
Dans le même temps, vingt-deux pays, dont la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, le Canada, le Japon et l’Australie, ont exigé une « reprise complète de l’aide à la bande de Gaza, immédiatement », demandant qu’elle soit organisée par les Nations unies et les ONG. La population de la bande de Gaza « fait face à la famine » et « doit recevoir l’aide dont elle a désespérément besoin », ont exhorté les ministères des Affaires étrangères.
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La reprise partielle de l’aide humanitaire par Israël est pour Jean-François Corty, président de Médecins du Monde, « une rhétorique pour répondre à une pression diplomatique et pas pour répondre à une exigence d’humanité, alors qu’on est au bord de la famine et que l’on a tout un tas d’indicateurs techniques qui sont en faveur, comme le rappelait Amnesty International, d’un génocide en cours ».
« Les quantités limitées désormais autorisées à entrer à Gaza ne remplacent bien entendu pas un accès sans entrave aux civils dans le besoin », a de son côté insisté Tom Fletcher, rappelant que l’ONU avait un plan pour fournir de l’aide à large échelle dans le territoire palestinien. Les Nations Unies avaient ainsi expliqué la semaine dernière avoir des camions chargés de 171 000 tonnes de nourriture en attente de pouvoir entrer.
L’armée israélienne a tout de même annoncé de « vastes opérations terrestres » dans la bande de Gaza. Elle a affirmé dans ses communiqués viser des « cibles terroristes » et a appelé à l’évacuation de secteurs du sud de Gaza, dont celui de Khan Younès, en vue d’une « offensive sans précédent ». Lundi, l’organisation de secouristes locale a fait état de la mort de 52 Palestiniens tués dans les bombardements à travers le territoire palestinien assiégé par Israël.
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