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Israël a lancé une opération militaire massive contre le programme nucléaire iranien – Zone Militaire

Réacteur à eau lourde pour produire du plutonium à Arak, construction secrète d’une usine abritant des centrifugeuses à Fordo [l’Iran sera contraint de reconnaître son existence en 2009, après avoir été mis devant le fait accompli], augmentation des capacités d’enrichissement de l’uranium, relations avec le Dr Kahn, le père de la bombe atomique pakistanaise, traces de radioactivité sur des sites non déclarés, refus d’accueillir des inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique [AIEA]… Les indices suggérant que le programme nucléaire iranien avait [aussi] une dimension militaire se sont accumulés durant ces vingt dernières années.

Pour autant, la priorité a été donnée à la diplomatie pour contraindre les ambitions iraniennes… et empêcher ainsi une course à l’armement nucléaire au Moyen-Orient. Ces efforts ont abouti à l’accord de Vienne [Plan d’action global commun – PGAC], signé par l’Iran et les pays membres du groupe P5+1 [constitué par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU ainsi que par l’Allemagne].

Cet PGAC [ou Joint Comprehensive Plan of Action – JCPoA] a été dénoncé par les États-Unis en mai 2018, le président Trump l’ayant jugé « désastreux » car, pas assez contraignant, il aurait permis à l’Iran de financer les activités de ses mandataires [milices chiites] au Moyen-Orient grâce à la fin des sanctions économiques qui avaient été prises à en égard.

De son côté, n’ayant jamais caché ses doutes au sujet de ces démarches diplomatiques mais que que les activités nucléaires iraniennes étaient dirigées contre lui, Israël a multiplié les actions clandestines en Iran [cyberattaques avec notamment le virus Stuxnet contre les capacités d’enrichissement de l’uranium, sabotages, assassinats de scientifiques, etc.].

Dans le même temps, Tsahal s’est très tôt préparée à mener une éventuelle opération militaire massive contre les programmes nucléaires et balistiques de Téhéran, en s’exerçant à mener des raids aériens sur de longues distances, comme elle le fit contre le réacteur irakien d’Osirak, en 1981. En octobre, et outre les opérations contre les rebelles houthis au Yémen, la force aérienne israélienne fit une démonstration de ses capacités en frappant des unités de production de missiles et de drones ainsi que des systèmes de défense aérienne iraniens, en représailles au tir d’une salve de 200 missiles balistiques par le Corps des gardiens de la révolution islamique.

Cela étant, durant ces années, les États-Unis ont cherché à dissuader Israël de lancer une guerre « préemptive » contre Téhéran. C’est d’ailleurs ce qu’ils ont encore fait le 12 juin, après avoir relancé les discussions sur le nucléaire avec un Iran affaibli par les revers subis en Syrie et au Liban.

Seulement, Israël est passé outre. Et cela alors que l’AIEA venait d’adopter une résolution condamnant l’Iran pour « non-respect » de ses obligations nucléaires.

En effet, dans la nuit du 12 au 13 juin, Les forces israéliennes ont mené au moins une centaine de frappes contre les principales installations militaires et nucléaires iraniennes, dans le cadre de l’opération « Rising Lion », appelée ainsi en référence au verset 23:24 du Livre des nombres de la Bible [« C’est un peuple qui se lève comme une lionne / Et qui se dresse comme un lion / Il ne se couche point jusqu’à ce qu’il ait dévoré la proie »].

Au moins 200 aéronefs ont été mobilisés. Une vidéo publiée par Tsahal suggère que des F-35I « Adir », des F-15 Eagle et des F-16I Sufa ont été sollicités. S’agissant de ces derniers, on peut constater qu’ils ont emporté un grand réservoir de carburant, jusqu’à huit bombes planantes GBU-39 SDB et deux missiles air-air AIM-120 AMRAAM.

Pour le moment, il est encore trop tôt pour avoir une idée précise du résultat de ces frappes… d’autant plus que l’opération « Rising Lion » devrait « durer autant de jours que nécessaire », a affirmé Benjamin Netanyahou, le Premier ministre israélien, après avoir soutenu que l’enjeu était de « repousser la menace iranienne pour la survie même d’Israël ».

« À la fin de l’opération, il n’y aura plus de menace nucléaire. […] Nous sommes dans une fenêtre d’opportunités stratégique. Nous avons atteint le point de non-retour, et il n’y a pas d’autre choix que d’agir maintenant », ont expliqué des responsables de Tsahal à Times of Israël.

Le site d’enrichissement d’uranium de Natanz [centre de l’Iran] a été visé [ce qui a été confirmé par l’AIEA, qui n’a pas noté de fuites radioactives], de même que le centre de recherche nucléaire de Tabriz; Des frappes ont été signalées à Kermanshah, à Arak et à Isfahan. En revanche, l’usine souterraine de Fordo et le site de conversion d’uranium et de recherches d’Ispahan ont été, pour le moment, épargnés.

S’agissant plus précisément de Natanz, Tsahal a indiqué que les « installations souterraines du site [avaient] été touchées, y compris un hall d’enrichissement à plusieurs niveaux avec des centrifugeuses, des salles électriques et d’autres infrastructures de soutien ». Qui plus est, a-t-elle poursuivi, « l’infrastructure critique du site qui lui permet de fonctionner et de faire avancer le projet d’armes nucléaires du régime iranien a été attaquée ».

Des bases militaires ont également été touchées, en particulier celles abritant des missiles balistiques, de même que plusieurs quartiers généraux, dont celui du Corps des gardiens de la révolution à Téhéran.

Par ailleurs, au moins deux hauts responsables militaires iraniens, à savoir le commandant du Corps des gardiens de la révolution islamique, le général , Hossein Salami, et le chef d’état-major des forces iraniennes, le général Mohammad Bagheri, ont été tués. Ils ont respectivement déjà été remplacés par le général Mohammad Pakpour et le général Abdolrahim Mousavi. En outre, six scientifiques liés au programme nucléaire ont aussi perdu la vie.

Peu après le lancement de l’opération « Rising Lion », l’Iran a riposté en envoyant une centaine de drones vers Israël. Seulement, au regard du temps qui leur faut pour atteindre leurs cibles, ils n’ont pas représenté une menace significative. Toutefois, Tsahal s’attend à des représailles massives.

« Citoyens d’Israël, je ne peux pas promettre un succès absolu. Le régime iranien tentera de nous attaquer en riposte, et le bilan attendu sera différent de ce à quoi nous sommes habitués », a prévenu le général Eyal Zamir, son chef d’état-major. « Nous sommes engagés dans une campagne historique, sans précédent », a-t-il conclu.

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Auteur : Laurent Lagneau

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Cédric

Depuis 1998, je poursuis une introspection constante qui m’a conduit à analyser les mécanismes de l’information, de la manipulation et du pouvoir symbolique. Mon engagement est clair : défendre la vérité, outiller les citoyens, et sécuriser les espaces numériques. Spécialiste en analyse des médias, en enquêtes sensibles et en cybersécurité, je mets mes compétences au service de projets éducatifs et sociaux, via l’association Artia13. On me décrit comme quelqu’un de méthodique, engagé, intuitif et lucide. Je crois profondément qu’une société informée est une société plus libre.

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