«Ils peuvent être là dans deux jours»: les Russes menacent cette ville
Des passants devant une voiture brûlée et un bâtiment détruit à la suite d’une attaque de drone à Odessa, le 10 juin 2025Image d’illustration: afp
Dans le centre de l’Ukraine, à Mejova, le calme de l’endroit est trompeur face à l’avancée russe. Reportage.
11.06.2025, 16:5611.06.2025, 16:56
Florent VERGNES, Mejova, Ukraine / afp
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Sur des chaises de camping, lunettes noires et soda à la main, Yevgen et ses amis profitent du soleil brûlant de Mejova. Mais il ne faut pas se méprendre: la ville se vide peu à peu, car l’armée russe menace désormais la région.
Mejova est située dans la région centrale de Dnipropetrovsk, contre laquelle Moscou a annoncé dimanche avoir lancé l’assaut, une première en plus de trois ans de conflit. Elle est la dernière ville croisée avant d’arriver, 13 km plus à l’est, à la frontière avec la région de Donetsk, déjà partiellement sous contrôle russe et où la guerre fait rage.
D’ailleurs, rares sont les habitants qui osent s’aventurer dans le village voisin, plus à l’est, où les drones s’abattent sur chaque voiture.
Yevgen Grinchenko, 26 ans, et ses amis disent s’être habitués au danger. Ils sont originaires de Pokrovsk, une ville minière de la région voisine devenue l’épicentre de violents combats entre forces russes et ukrainiennes. «Je n’ai plus peur de rien, nous avons tout surmonté», confie ce volontaire humanitaire au visage rond, qui a été blessé par des projectiles russes à Pokrovsk. Il ajoute:
«Cette peur s’est transformée en une part intégrante de ma vie»
Un calme trompeur
A Mejova, le calme est trompeur: les voitures soviétiques colorées ont cédé la place à des 4×4 kaki, et les rues sont parcourues par les militaires. La plupart des habitants originels de la ville ont fui et «ceux qui restent sont des déplacés», explique Yevgen.
Depuis l’ordre d’évacuation des enfants émis le mois dernier par les autorités, la ville «panique un peu», atteste une femme âgée, rencontrée dans une rue.
Sur le bord d’une avenue, Olga Motouzenko, coiffée d’un petit chapeau de dentelle blanche, vend des oignons doux de son jardin pour compléter ses revenus. Cette enseignante de 66 ans a aussi fui Pokrovsk à cause des combats et se retrouve à «jouer les villageoises» à Mejova, désormais menacée par les bombes et les troupes russes. Elle craint:
«Dans deux jours, ils pourraient être là»
Elle et son mari pensaient que la ville serait plus sure, que la ligne de front «resterait stable». «Mais ça n’a pas fonctionné», soupire-t-elle. Sa maison à Pokrovsk n’existe plus, et le couple a fui en emportant à peine la moitié de leurs affaires. D’une voix frêle, elle murmure:
«Je ne me sens pas bien ici. Nous envisageons de déménager encore ailleurs»
Pour l’heure, elle reste, car son mari, malade, peut encore être soigné à l’hôpital de Mejova. Quand partir? «Quand tout sera bombardé.» Les drones explosifs russes survolent déjà la bourgade, et des voitures ont été touchées, selon Olga.
Des Russes «déjà très proches»
Le lieutenant-colonel Oleksandre, venu célébrer ses 60 ans dans un café avec d’autres soldats, n’imaginait pas, il y a trois ans, devoir défendre son pays au lieu de fêter son anniversaire en famille. «C’est malheureusement vrai, des combats ont lieu ici et là», confirme-t-il, notant que les Russes «sont déjà très proches» de la frontière administrative entre les deux régions. Il analyse:
«Ils avancent lentement, très lentement, mais ils avancent»
Lors de pourparlers infructueux avec l’Ukraine, la Russie a exigé, comme condition préalable à des négociations, la reconnaissance internationale de son annexion de la Crimée et de quatre autres régions, dont Donetsk.
Quand on lui demande s’il craint que la Russie revendique une sixième région ukrainienne, Oleksandre balaie l’idée d’un revers de la main. Il affirme:
«Ils pourraient prétendre que toute l’Ukraine leur appartient. Mais cela ne changera pas la situation. Notre résistance restera la même.»
Pour ses 60 ans, Oleksandre ne souhaite qu’une chose: que la guerre «se termine rapidement» pour retrouver une vie normale, las de voir des jeunes «mourir tous les jours».
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Auteur : Florent VERGNES, Mejova, Ukraine / afp
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